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Le Brésil rêve d’une Afro-Brésilienne présidente

Togo - Opinions
Pierre S. Adjété
Le Vatican socialiste brésilien est en conclave et fait une découverte : le destin est à la politique, ce que le hasard est à Dieu lui-même, inextricable. L’Afro-Brésilienne Marina Silva, écologiste pure et ancienne ministre de Lula va probablement croiser le fer des élections présidentielles avec la présidente sortante Dilma Rousseff. Alors directrice de cabinet du président Lula, Dilma Rousseff et Marina Silva se détestaient cordialement déjà. Partie remise, nouvelle lutte à venir ou authentique drame shakespearien. Là est la question est là!

Marina Silva a fini par quitter le gouvernement Lula. Elle a fait du chemin politique, a abouti au Parti Vert brésilien, puis à la tête d’un nouveau Réseau d’environnementalistes avant de faire alliance, et alliance seulement, avec Eduardo Campos chef du Parti socialiste brésilien (PSB) et lui aussi ancien ministre de Lula. Le tandem politique était en marche pour affronter Dilma Rousseff dans les élections prochaines d’octobre. Eduardo Campos et Marina Silva, colistiers pour les besoins de la cause, arrivaient quand même en troisième position dans les sondages pour les présidentielles que la présidente Dilma Rousseff pourrait ne pas gagner au premier tour face aux Conservateurs jusqu’à maintenant deuxième. Le décor politique est mis et on attendait les acteurs. Patatras et pleurs!

Depuis cette semaine, mercredi dernier, le Brésil a perdu brutalement Eduardo Campos du PSB dans un accident d’avion; et voilà que les données commencent à changer. Et si le parti socialiste acceptait de prendre et d’adopter la colistière de son défunt candidat Eduardo Campos comme sa nouvelle tête de liste, quitte à lui adjoindre un socialiste pur jus comme vice-président. Et si les deux rivales Dilma et Marina s’affrontaient politiquement enfin pour donner de la saveur à cette élection. Et si Lula lui-même revenait pour reprendre service et redorer le blason de son Parti des travailleurs qui ne fait pas mieux dans les mains de Dilma Rousseff. Et si… Et si… Et si…

Le Parti socialiste brésilien doit écourter son deuil et faire face à la réalité de designer une autre personne pour remplacer le défunt Eduardo Campos. Le PSB doit reprendre campagne et, si possible, transformer son drame en sympathie populaire. En pareille circonstance, la loi électorale brésilienne accorde un délai de dix jours au PSB pour trouver un remplaçant et communiquer un autre tandem à la Commission électorale. D’ailleurs, la campagne électorale commence ce mardi 19 août sur les chaines de télévision, un autre champ de bataille politique au Brésil.

Marina le choix du Brésil populaire
Parlant en son propre nom, le frère d’Eduardo, Antonio Campos, déclare au lendemain du drame que son frère aurait naturellement fait le choix de designer Marina Silva pour le remplacer. En conclave, les bonzes du PSB découvrent qu’il y a beaucoup trop de paramètres qui ne font pas de l’écologiste Marina un choix facile et naturel à leur parti politique davantage centriste. Mais la rue a fait son choix, elle n’attend plus la fumée blanche du Vatican socialiste brésilien : Marina Présidente!

Ennemie jurée des exploitants forestiers brésiliens, le milieu d’affaire et une frange du parti socialiste brésilien ont de la difficulté à consacrer la vigoureuse et grande militante écologiste Maria Osmarina Marina Silva, récipiendaire de plusieurs prix pour sa trop grande ferveur environnementaliste. Chrétienne pentecôtiste, Marina Silva attend que les choses se précisent en sa faveur dans les prochaines heures, et elle est prête à faire des compromis raisonnables à cet effet. Issue d’une famille pauvre de onze enfants, Marina s’est sorti du destin par le haut et elle sait faire des compromis, ceux qui font avancer sans se laisser écraser par d’autres. C’est cette bataille quotidienne qu’elle sait mener et gagner sur la vie. Elle qui a trimé dur pour arriver à obtenir son diplôme universitaire d’historienne et qui connait bien la dureté de la politique au Brésil pour avoir également été syndicaliste comme son ancien mentor Lula.

Déjà en 2010, les présidentielles lui avait donné une étonnante popularité confirmée par 19 millions d’électeurs alors qu’elle dirigeait le modeste Parti Vert. Depuis, les déboires de la Coupe du monde FIFA 2014, les déçus de Dilma Rousseff surtout, tous ont leurs regards tournés vers l’espoir du changement et de la lutte contre la corruption que symbolise Marina Silva devenue dirigeante principale d’un vaste Réseau d’adeptes de développement durable intégral dans tout le Brésil.

C’est tout le Brésil qui croit désormais vivre une ère politique digne d’un drame shakespearien. Comme collé devant leur télévision, les Brésiliens attendent le dénouement avant d’aller au lit, et voir la suite au lendemain des élections : « What’s done cannot be undone. To bed, to bed, to bed! » disait bien le personnage shakespearien de Lady MacBeth. Au Brésil, l’on pense que certains sorts sont définitivement liés, et une autre ferveur digne des débuts d’Obama est sur le point de porter l’Afro-Brésilienne Marina. Jusqu’où? Là est la question est là! Pour de nombreux croyants brésiliens, Eduardo Campos n’avait pas fait son choix en dehors du parti socialiste pour rien. Dieu à l’œuvre ne serait donc que le hasard en action chez les profanes. Croyants ou pas, tous les observateurs pensent véritablement vivre l’épisode inattendu d’une télésérie populaire aux intrigues brésiliennes, très en demande en Afrique d’ailleurs.

15 août 2014
Pierre S. Adjété
Québec, Canada