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Processus de réconciliation : « Si chaque togolais prend sur lui de faire en sorte que nous puissions réussir ce processus, nous le réussiront », Me. Yacoubou Hamadou

Togo - Politique
Processus de réconciliation : « Si chaque togolais prend sur lui de faire en sorte que nous puissions réussir ce processus, nous le réussiront », Me. Yacoubou Hamadou, Ministre chargé de la mise en œuvre des recommandations de la CVJR
Deux ans après le rapport final de la CVJR, Commission Vérité Justice et Réconciliation, le gouvernement togolais a sorti son livre blanc sur la mise en œuvre des recommandations. Un document de 14 pages qui défini le processus de mise en œuvre pensé par le gouvernement togolais. En pleine campagne de vulgarisation de ce livre blanc, le ministre des Droits de l’Homme, de la consolidation de la démocratie, chargé de la mise en œuvre des recommandations de la CVJR revient sur le fond de ce document dans une interview accordée à full-news.info. Le ministre Yacoubou Hamadou appelle de ses vœux à une réelle réconciliation au Togo.

Full-news.info : le gouvernement vient de lancer un livre blanc sur les recommandations de la CVJR. Une campagne de vulgarisation est en cours actuellement. A quoi répond exactement ce livre ?

Me. Yacoubou Hamadou : ce livre blanc répond à une recommandation de la CVJR, puisque dans les recommandations de la CVJR, vous constatez qu’il y a une qui demande à ce que le gouvernement adopte un livre blanc. Et ce livre blanc reprend les grandes lignes des actions que le gouvernement doit rapidement mener.

Full-news.info : Entre la remise du rapport final de la CVJR au président de la République et la sortie de ce livre, deux années se sont écoulées. Deux ans pour un livre de 14 pages ?

Me. Yacoubou Hamadou : Il fallait d’abord lire les recommandations et les comprendre ; et les regrouper en thématiques. Et, les actions que le gouvernement devrait mener, il fallait réfléchir sur ces actions là avant de les cataloguer dans le livre blanc. Je voudrais vous rappeler quand même que lorsqu’on créait la CVJR-ndlr : Commission Vérité Justice et Réconciliation- ; elle avait une durée de vie, mais elle a fait pratiquement deux fois ce délai. Et même la dernière recommandation demande encore que d’autres activités soient poursuivies, or ces activités relèvent du mandat de la CVJR. C’est vous dire que c’est un travail assez colossal et 14 pagnes, c’est vrai mais avant de les écrire, il fallait les réfléchir.

Full-news.info : Ce livre indique comment le gouvernement entend mettre en œuvre les recommandations de la CVJR. Il traite des mesures urgentes à prendre, des réparations matérielles et de certaines réformes. Dans leur mise en œuvre, quelles seront les priorités ?

Me. Yacoubou Hamadou : Il est question d’abord de continuer les actions qui sont déjà en cours depuis 2005 ou 2006. Ce sont ces actions qu’il faut continuer prioritairement, puisque il y a certaines réformes qui avaient commencé, certaines actions qui avaient commencé, dans le carde de la modernisation des forces de sécurité et de l’armée ; la modernisation des services publics, de la justice. Dans ce cadre là, il y a eu une loi organique, un nouveau statut des magistrats qui a été adopté et, même au niveau de la fonction publique, il y a eu un nouveau statut de la fonction publique.

Aujourd’hui, on parle de la réforme de la CNDH –ndlr : Commission Nationale des Droits de l’Homme-, il y a des actions qui ont été menées au niveau de la HAAC –ndlr : Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication- ; et le texte adopté sur les manifestations publiques au Togo. Ce sont des actions qui ont été menées déjà dans le cadre des réformes, mais il y a d’autres qui doivent se poursuivent et ce sont elles que nous appelons des actions urgentes.

Full-news.info : Monsieur le ministre, dans vos différentes interventions sur des médias, on a compris votre appel, la vraie réconciliation, c’est dans les cœurs. Et pour cela, il faut que des erreurs du passées ne se répètent plus. Croyez-vous que les togolais sont réellement au rendez-vous de cette réconciliation ? Vous avez des indices ?

Me. Yacoubou Hamadou : J’y crois fermement puisque les togolais sont des hommes épris de paix. Et la paix passe par la réconciliation. Si nous gardons les rancœurs et si nous sommes animés d’esprit de vengeance, nous ne pourrons pas vivre en paix et donc moi je suis convaincu que les togolais, le Togo est un pays de paix et que les togolais aiment la paix. Si vous voyez aujourd’hui l’engouement autour de la mise en œuvre des recommandations -c’est vrai que chacun travaille en fonction des intérêts qu’il vise, mais -, nous pouvons reconnaitre que aujourd’hui, la très grande majorité des togolais travaille pour la paix et donc moi je suis convaincu que grâce Dieu nous arriverons à cette réconciliation

Full-news.info : Pour la part qu’il revient au gouvernement de jouer dans cette réconciliation, après la sortie de ce livre blanc, quelle sera la prochaine étape dans ce processus de réconciliation ?

Me. Yacoubou Hamadou : La prochaine étape, c’est la nomination des membres du HCRRUN –ndlr : Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale- qui vont jouer le rôle le plus important pour le travail de l’indemnisation. Mais chaque administration a son rôle à jouer. Quand nous parlons des recommandations, ce ne sont pas des actions exclusivement à la charge du gouvernement. Il y a des administrations qui doivent travailler effectivement sous la supervision de départements ministériels.

Je pense que toutes ces actions là sont aujourd’hui comprises par les chefs de départements, dans la mesure où nos premières sensibilisations sont allées vers les directeurs de cabinets, les secrétaires généraux des ministères ; et avec la tournée de vulgarisation, nous avons atteint presque tous les leaders d’opinion. Les préfets ont été sensibilisés, les secrétaires généraux des préfectures, les présidents des délégations spéciales et les secrétaires généraux des communes ; ainsi que les chefs de cantons et de villages.
Nous avons faits en sorte que toutes ces personnes soient touchées et aujourd’hui, il y a les partis politiques. Dans la tournée que le ministère a organisée, on a invité les représentants locaux des partis politiques et des associations de la société civile…. Je pense que ces personnes là peuvent servir de relais pour que chaque togolais et chaque togolaise puisse être imprégné du programme de la mise en œuvre des recommandations de la CVJR. Il est question aujourd’hui d’aller vers des actions beaucoup plus pratiques pour que nous puissions dire que nous sommes dans la droite ligne de ce que la CVJR a voulu.


« Nous devons mieux faire que par le passé …»

Full-news.info : Les situations qui ont conduit, dans la majorité des cas, à des actes de violences, entrainant la déchirure du tissu social au Togo, se présentent en période électorale. 2015, c’est une année électorale pour le Togo. Comment préserver la paix lors de cette période ?

Me. Yacoubou Hamadou : Je pense que nous devons éviter de faire planer le spectre de la violence, à chaque fois qu’on s’approche des périodes des élections. Les togolais sont des hommes assez intelligents et ils n’ont pas envie de revivre le passé, surtout les événements douloureux. Et donc, je ne pense pas qu’on puisse brandir à chaque fois les élections comme des moments dangereux.

Le chef de l’Etat l’a dit que c’est des moments de compétitions démocratiques et nous devons faire preuve d’élégance, aussi bien dans nos actes que dans nos propos. Moi j’ai confiance parce que, lorsqu’on allait aux législatives de 2007, je me rappelle encore, j’étais président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, et lorsque nous disions à l’époque que nous avions confiance et que ces élections se dérouleraient sans violence, les gens nous traitaient d’excessif dans notre optimisme. Mais nous sommes allés à ces élections dans l’apaisement total, nous avons eu les résultats dans un climat apaisé, puis nous sommes allés aux élections de 2010 et nous connaissons le climat dans lequel nous avons vécu ces élections et nous sommes allés à nouveau aux élections de 2013, et aujourd’hui nous allons aux élections de 2015.

Je pense que nous devons être optimistes et nous devons mieux faire que par le passé. Si les élections législatives de 2007 se sont déroulées sans violence, les élections présidentielles de 2010, sans violences, les législatives de 2013 sans violence ; je pense que nous n’avons pas de raison aujourd’hui d’avoir peur pour 2015. Mais nous ne devons pas non plus dormir sur nos lauriers, nous devons rester vigilent et faire en sorte que 2015 soit meilleur que 2013 et 2010. Si chaque togolais prend sur lui de faire en sorte que nous puissions réussir ce processus, nous le réussiront. C’est une affaire de tous les togolais et chaque togolais doit se sentir concerné et dire, comme le chef de l’Etat l’a dit à Atakpamé que « plus jamais ça sur la terre de nos aïeux ». Je ne pense pas qu’un ait intérêt aujourd’hui à ce que le sens coule de nouveau sur la terre de nos aïeux.



Propos recueillis par Carlos TOBIAS et Ventura Ayivi