Gains et profits sont les quêtes intangibles dans toute relation inter-Etats.Les pays africains ont particulièrement souffert de cette pratique conventionnelle tacite qui établit que “les Etats n’ont pas des amis mais seulement des intérêts”. Mais à la faveur du nouveau monde globalisé,le pricipe nécessite un ajustement.Les nouvelles élites africaines aspirant aux rênes du pouvoir politique,à défaut de pouvoir mettre totalement fin à la domination des puissances étrangères sur les affaires de leurs pays,doivent avoir la capacité de choisir ou de changer de parrains,de sorte que les gains et les intérêts en jeu ne soient plus à sens unique.Ceux des pays du continent,surtout les francophones (cas du Togo) qui ont été abusés et humiliés pour n’avoir en retour que d’abrupts régimes,doivent envisager de se remarier en mettant la raison avant la tradition.L’amérique apparaît comme le moins mauvais des choix.
Par Kodjo EPOU
La grande croisade américaine contre le terrorisme passe nécessairement par le continent.C’est pour cette raison que quelques forces spécialisées de la Super Puissance mondiale y sont postées.Elles entraînent des soldats locaux au Mali,en Mauritanie,au Niger et opèrent au Maroc,en algérie,au Nigéria,au sénégal et en Tunisie.Le but apparent des américains est de contrôler ce qu’on peut appeler l’espace non-gouverné qui longe le sud du Sahara,une zone accesssible aux rebellions islamistes et où des bases terroristes d’Al Qaeda sont facile à consolider.On se souvient que c’est cette bande désertique allant de la Mauritanie au Soudan qu’avaient empruntée des islamistes marocains ayant prepétré,en 2004,les attaques de trains à Madrid,attaques dans lesquelles près de 200 personnes avaient trouvé la mort.
Le deal
Le contre-terrorisme américain se focalise,en Afrique, sur les pays riverains du Sahara.Des études parallèles indiquent que le mal contre les intérêts américains peut se développer plus au sud de ladite region,c’est-à-dire dans les pays de la Côte Atlantique qui pratiquent traditionnellement un islam modéré.Beaucoup de pauvreté,un peu de coran:c’est suffisamment d’ingrédients pour que le septentrion de ces pays côtiers deviennent un terreau de l’activisme religieux.Ceci explique en partie cet appui fort et soutenu americain aux jeunes démocraties de cette région au détriment des pays où les dirigeants sont impunément assis sur les cadavres,les richesses et la pauvreté de leurs peuples.
Aussi,le fait que la moitié des 140 millions d’habitants du Nigéria ( le plus gros exportateur africain de l’or noir ) soit musulmane inquiète-il les américains qui n’excluent pas d’avoir une base de commandement solide pas très loin.Déjà le Nigéria fait face à des insurrections périodiques liées à l’Islam dans sa riche région pétrolière du Delta.Terrorisme et le Pétrole : voilà le deal qui fait de l’Afrique un espace d’attraction.L’idée de “Africom” n’est pas étrangère à une stratégie militaire de prévention visant à traquer les filières d’Al Qaeda avant que celles-ci ne prennent forme et ne deviennent nocives.
La question qu’on peut se poser est de savoir si la menace terroriste en Afrique est aussi forte pour justifier un important investissement américain?
Evidemment OUI : un mouvement islamiste appelé Tablighi Jamaat gagne du terrain en Afrique de l’Ouest.Le Black Taliban,un autre groupe extrémiste avait,en avril de l’année dernière,attaqué la ville de Kano au nord du Nigeria faisant un nombre important de victimes.Ce dernier groupe serait lié à un autre du nom de AQIM (Al Qaeda du Maghreb Islamique).AQIM est né dans les années 90 de la guerre civile algérienne au cours de laquelle 200 000 personnes ont péri.Il y a des risques que ces différents groupes cherchent à recruter dans les zones musulmanes des pays comme le Bénin,le Togo,la Côte d’Ivoire et au Burkina.Les jeunes de cette partie du continent ne sont fondamentalement pas de types à s’offrir en kamikhaze.Autant cela n’est pas faux,autant il est vrai que certains se sont fait tuer dans les trains d’atterrisage d’avions et ont défié la mort sur des embaquations pneumatiques en haute mer,direction Europe.Lorsque ces gens prennent le courage de s’aventurer,dans leurs propres cercueils,sur la route du péril,on peut craindre qu’ils soient aussi candidats,un jour,à porter des ceintures d’explosifs pour commettre les plus horribles actes qui sont au fait des actes du désespoir.
Donnant,donnant.
Le besoin pour l’Amérique de développer avec l’Afrique une relation de confiance établie sur la base du donnant,donnant est réel,voire inévitable.Longtemps considérée sur le beau continent comme une puissance impérialiste,l’Amérique y est de plus en plus acceptée et même perçue comme le plus donnant des partenaires que nos pays peuvent rêver d’avoir.Elle a moins de difficultés à gagner les coeurs et et les esprits des populations africaines qu’elle n’en avait eues au Proche Orient.Dans la partie sud du Sahara,le déclin de l’Eglise Catholique romaine et la croissance spectaculaire des Eglises Evangélico-Pentecotistes importées des Etats-Unis établit le pont de tolérance et approfondit la compréhension mutuelle.Et puis,depuis ces derniers temps,les africains ont commencé à avoir une nouvelle vision de l’Amérique à travers la campagne de Barack Obama,fils d’un musulman kényan.
Toutes ces réalités mettent en exergue l’importance que l’Amérique et l’Afrique ont l’une pour l’autre.Mais,la plus grande Puissance mondiale est-elle prête,pour ses besoins de pétrole et d’espace stratégique,à cautionner les pires des dictatures du continent noir?
NON! La guerre froide est finie.L’amérique a mis au goût du temps ses appétits impérialistes qui ont désormais une considération pour le respect des Droits de l’Homme,la dignité et le partage.Elle se veut la plus généreuse et la plus grande exportatrice de la démocratie à travers le monde.Beaucoup l’accuse de vouloir être la police du monde.Certes,ce que ceux-là ne disent pas c’est qu’elle au moins encourage et finance la création d’un espace de liberté en faveur des peuples chez qui elle veut tirer des profits.Ce que ne fait pas “notre France”qui,au contraire,installent et dressent les tyrans contre leurs populations.C’est de cette France atroce et sans conscience qu’il faut divorcer .C’est aussi elle que tout africain digne de ce nom a logiquement le devoir de traiter comme un cancer qui mérite un remède de cheval.
L’Afrique nouvelle doit envisager sérieusement de contracter un nouveau mariage.Elle peut le faire,sur la base du donner et du recevoir, en mettant dans la balance son poids réel et les valeurs qui fondent son identité.C’est une question d’intelligence,de patriotisme et de leadership que,malheureusement,ces petits dictateurs qui ont vendu à vil prix notre continent à la Françafrique ne possèdent pas.
Kodjo EPOU
Oakdale,USA
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