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Faure Gnassingbé, la mauvaise conscience sans détour !

Togo - Politique
« La condition la plus heureuse en apparence a ses amertumes secrètes qui en corrompent la félicité ». Cette réflexion de Jean-Baptiste MASSILLON dans les Sermons sur les afflictions peut être réajustée en ces termes : « Les grandes victoires sur des tas d’ordures ont leurs odeurs pestilentielles qui en corrompent la félicité ». Quand les grands gagnants vivent à la dérobée leur sacre, ils ont parfaitement conscience que leur podium usurpé les abaisse et distille une honte inexpiable.
On peut tout falsifier dans ce monde. Sauf, l’intimité de sa propre conscience. Cette intimité royale qui nous parle, et malgré nous, de l’aube au crépuscule, nuit et jour est infalsifiable. Pire, elle nous transcende, nous domine, nous chavire en modifiant tout notre extériorité. Cet interlocuteur invisible, inévitable est si cru en ses lettres, en ses mots sans fioriture, sans détour qu’il nous emprisonne dans son regard et nous rend mal habile dans sa sentence implacable. C’est lui qui est notre maître quoi que nous fassions et quels que soient les détours que nous empruntons. Quand il nous humilie de l’intérieur, il nous est si difficile de lever le front haut.

Faure est aujourd’hui dans l’impossible déférence de dire le petit mot de l’éducation coutumière, de la convention institutionnelle et de l’élégance morale : Merci. Merci à tout ce « gigantesque peuple » qui a bien voulu renouveler sa « confiance » au parti qui, de sa « victoire triomphale », doit s’appliquer à honorer la tâche à lui confiée.

Le malaise est plus grand que la victoire qu’il est impossible de le refouler. Il est même la source d’un déséquilibre aliénant qui pétille de petitesses insurmontables qui privent le grand gagnant de lucidité, d’un geste de gratitude proprement élémentaire.

Quand les hommes sont incapable de ressembler aux institutions qu’ils incarnent avec une horde de conseillers, il faut en inférer que le coup de leur forfait est sans remède en ce qu’il est trop visible, trop criard et totalement dévalorisant pour eux-mêmes et leur suite. Ce flottement de malheur qui a pris en tenailles l’ « homme simple » après l’érection d’une Assemblée fantoche ne résout aucun problème en cette fin de règne plus compliqué que jamais. Le « Timoniertricule » se confine dans ses petits souliers, rasant le mur sans les jumelles de l’esprit. Il accumule les razzias et les cadavres et le levain de conscience nationale contre ses viols, ses traficotages, ses crimes, est au zénith.

Dans cette incroyable autoflagellation, comment le petit prince peut-il détricoter, déconstruire l’insurrection de la conscience nationale dont il ne peut nier le sévère rejet de son règne ?

S’enivrer d’une somme de tragédies est-ce le meilleur moyen de se nettoyer d’une prise de pouvoir volcanique ?

Que faire de la tragi-comédie d’un conglomérat de gens nommés pour donner une apparence de représentation nationale contre laquelle le dégoût est déferlant ?

1)Les curiosités saillantes d’une victoire

Il est des victoires indigestes et le grand gagnant de la « compétition » se cache de ce qui lui est arrivé, parce qu’il souffre au plus profond de lui-même du regard des autres au point qu’il perd tous les repères des civilités républicaines pour dire merci après le succès. Une victoire qui dépossède le champion de l’habilité civique pour répondre aux rituels qu’imposent les charges de ses fonctions traduit bien les anomalies gigantesques de la « compétition ».

Un simple mot de gratitude pour la confiance qu’un peuple accorde à son chef est le minimum de spontanéité qui fait réagir un homme d’Etat ou tout au moins un « apprenti homme d’Etat ». La grandeur, pour se faire valoir, consent à imiter la grandeur. En politique, l’opportunité crée surtout l’évènement. Lorsque la solennité d’une année nouvelle s’emboîte avec le gain de la compétition électorale, c’est une coïncidence heureuse pour les vœux, le bilan, les perspectives à venir.

On observe une appréhension maladive d’une victoire du champion dans une réclusion morne qui nous renvoie plutôt aux Pensées d’un biologiste, de Jean Rostand, lorsqu’il affirme « Ce que tu redoutes n’arrive pas, il arrive pire ». Ce « pire » est identique à l’œil d’Abel. Caen a lâchement triomphé de lui en l’assassinant sans être capable de se débarrasser de la ritournelle de l’image de son frère puîné qui le prend en étau dans une hantise névrotique.

Ce qui submerge Faure aujourd’hui, c’est le coup sec du boycott. Il lui a imposé la minable manœuvre de décrédibilité de sa majorité de bouffonnerie politique. La voix de l’opposition porte un coup irrémédiable à tous les artifices dont il se prévalait pour un badigeon d’autorité. Passer le temps à parcourir le monde pour rebâtir un semblant de reconnaissance en carton vite emporté par un coup sec en une seule journée après treize années d’efforts, c’est franchement traumatisant. La force de notoriété s’envole et la nudité des petitesses affleure dans un dédain où le monde détourne le regard sur une ignominie électorale dont le fils d’Eyadema en est coupable.

Le gagnant des législatives du 20 décembre 2018 est submergé par un déséquilibre visible qu’aucun masque n’est susceptible de camoufler. Savoir ce que l’on fait est tout à fait ignoble et d’aucune élégance, ni intellectuelle, ni morale, ni éthique, ni civique, ni humaine en s’y livrant à corps perdu, dans une étriquée volonté de puissance, ne libère jamais les nains.

Sous le soleil, rien ne se dissimule. Ceux qui profitent de l’aveuglement des forcenés des pourritures terrestres ne sont pas ceux qui savent garder le silence sur les méfaits dont ils ont aisément profité. Ceux qui rient de notre Assemblée aujourd’hui, sont si nombreux que le titre d’honorable devint méprisant à l’intérieur de nos frontières et au-delà. Le Togo, au fond des âges, apparaît encore ridicule dans une hypothermie économique, éthique et morale qui aiguise des contestations encore plus tranchantes et plus généralisée.

Quand les individus refusent d’être honnêtes avec eux-mêmes, ils ne trompent personne. Ils cassent l’harmonie avec eux-mêmes et l’harmonie avec les autres. Ils sont malheureux, parce qu’ils vivent des lourdeurs cruelles de leurs falsifications, de leurs choix hasardeux, de leurs actions maladivement désadaptées et reprouvées dans l’ensemble de la Communauté humaine, malgré quelque hypocrisie dont on connaît bien le prix. Tous ceux qui pensent que l’argent peut tout acheter, même la honte, les culpabilités ignominieuses et qu’il efface également, l’ignoble se trompent. La tranquillité de l’esprit est d’une autre dimension, c’est-à-dire, d’un ordre au-delà de la valeur marchande. Seule la valeur humanisante à laquelle on s’applique élève l’homme, sa conscience, son regard, son âme, son œuvre.

La dynastie de la rapine qui se réchauffe dans le traficotage électoral ne peut mettre à la disposition de son champion une boussole.

2) Les implications de la mauvaise conscience

L’odieux de la mauvaise conscience, c’est qu’elle est dans une conspiration insoupçonnée contre son auteur, son être profond, l’intime conviction et contre les autres. Elle peut tout au plus permettre à l’individu de se voiler la face, mais ne lui donne aucune garantie de progrès, parce que le mensonge à soi est un masque dont les autres s’aperçoivent très bien dans un discrédit qui flétrit le rang auquel aspire le sale menteur.
En outre, ce n’est pas de la mauvaise conscience qu’on crée l’espérance qui réhabilite le tissu social et la dynamique de la collectivité. Elle n’est d’aucun esprit à soigner la Concorde civile. Les étapes de la vie ne se franchissent pas à coup de mauvaise conscience. Tout au plus, elle peut donner l’illusion d’une ouverture. C’est pourquoi dans Les Vertus de l’échec, Charles PEPIN écrit : « Ce n’est pas parce que la fenêtre s’ouvre que nous sommes assurés de comprendre ce qu’elle nous montre ».

De faussetés en faussetés, l’autorité périt. La bouffonnerie de désignation des députés parachutés à l’hémicycle est le jeu le plus lugubre de dernier cran dont la nausée chez toutes les catégories socio-professionnelles a des pesanteurs si fortes pour liquider les efforts de treize années après l’hécatombe de prise de pouvoir du « Timoniertricule ».La supercherie insensée est une autre source de révolte qui prépare consciemment ou inconsciemment le peuple du Togo à une autre étape d’engagement pour la République.

La permanence de la mauvaise conscience est une misère de l’esprit qui ne génère rien moins que des horreurs.

Elle ne sert pas la politique en ce qu’elle est d’une perversité à corrompre la gouvernance et à la mettre en danger. En RDC, KABILA s’en sert abondamment pour obstruer sa propre voie de sortie de crise. Elle est une méthode corrosive et sans issue.

Par conséquent, le chapelet de la mauvaise conscience est un péril pour celui qui se met dans la peau de leader sans en avoir le mérite. La triste fin de l’ «homme simple» se profile dans cette farce électorale où la bouffonnerie plate d’une Assemblée postiche appelle ce peuple à de nouvelles sources d’inspirations. Le dégoût des citoyens qui ne se sentent pas concernés par le comique des artifices d’une Assemblée sans âme est le pétard de diffusion de l’incivisme et de la désobéissance civile. La force ne suffit pas à la loi pour construire une République où les populations sont réfractaires à l’autorité du dégoût. Quand le hiatus est consommé entre le sommet et la base, les lois ne passent plus, parce qu’elles ne sont plus intégrées dans la représentation du sens en ce que le vivre-ensemble est en lambeaux.

« L’homme simple » est un homme dénaturé par le jeu de la mauvaise conscience et sa gouvernance tourne court dans un gigantesque discrédit où les institutions sont fossilisées, momifiées visiblement pour étendre un malaise encore plus fort.

Les peuples ne sont pas faits pour subir le malaise qu’engendrent les institutions de la farce, parce que leur histoire leur appartient en propre et non aux tricheries crues de leurs voix, de leurs suffrages dans des plaisanteries de consultations électorales.

L’ambition personnelle par le jeu de la mauvaise conscience est infantile. Le dépérissement du bon sens de celui qui prétend se donner un habillage de leader efface toutes les considérations et le prestige de son rang pour le livrer à l’action citoyenne d’une autre fronde.