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CEDEAO, TERMINUS !! TOUT LE MONDE DESCEND, TOUT LE MONDE SE DISPERSE

Togo - Opinions
La CEDEAO (La Communauté Des Etats de l'Afrique de l'Ouest ) s'est une nouvelle fois impliquée dans la résolution des problèmes politiques au Togo. Déjà, son intervention en 2005, après la mort de Eyadéma Gnassingbé, n'avait pas laissé de bons souvenirs: tout le processus d'alors avait abouti à installer sur le fauteuil présidentiel le fils du président défunt malgré les vives protestations de la population.

Pour sortir de la crise déclenchée le 19 août 2017, l'Opposition démocratique, représentée par la Coalition des 14 partis ( appelée C14 ), a accepté l'intermédiation du regroupement régional compte tenu de son poids. La CEDEAO s'est choisi deux facilitateurs: les présidents ghanéen et guinéen. par un travail diplomatique équilibré, ces derniers devaient aider à trouver une voie de sortie de la crise togolaise. Malgré tous leurs investissements en temps et en énergie, nous pouvons dire aujourd'hui qu'ils ont été complaisants à l'égard du Pouvoir de Lomé ( ou ont été ses complices ) en laissant ignorer les recommandations de la Cedeao, en n'élevant pas la voix lors des élections législatives inacceptables du 20 décembre 2018, et surtout, - faute suprême-, en laissant la CEDEAO donner sa bénédiction à cette parodie, cette comédie, cette mascarade électorale.

Ce faisant, l'Organisation régionale et ses représentants se sont, une fois de plus, discrédités aux yeux du Peuple togolais, tout en aggravant la crise .

Fallait-il accepter la médiation de la CEDEAO? Ma réponse est oui. Tout refus aurait été interprété comme une attitude extrémiste qui vise à semer d'autres troubles dans une région qui n'en a pas besoin. Et les médiateurs, leurs qualités? Ne devions-nous pas à priori les accepter comme cela a été fait, et demeurer vigilants, instruits par l'expérience de 2005? Ce point peut être débattu sans fin. Ce que nous (Opposition Démocratique ) avons gagné- et nous avons gagné quelque chose- n'est pas négligeable. Ce que nous avons gagné relève de la "démonstration par l'absurde": accompagner la CEDEAO jusqu'au bout pour qu'elle-même se rende compte, à la fin, qu'elle est incapable de résoudre la crise togolaise. Qui pourrait demain accuser un groupe togolais d'être extrémiste, quelle que soit la voie choisie? Tous les dialogues auxquels la CEDEAO pourrait encore inviter à participer, quelle valeur leur accorder qui dépasserait celle d'un bon divertissement?

La CEDEAO est arrivée à son terminus. Tout le monde descend, tout le monde se disperse.

Que faire? Faure Gnassingbe vient de faire plus de deux mandats; il n'entend pas partir quel que soit le nombre de mandats qu'on lui accorde. Son père et ses compagnons étaient restés au pouvoir pendant plus de 40 ans ( 1963-2005), si l'on ne se trompe pas sur le régime Grunitzsky qui n'était qu'un masque du régime militaire. Le Gnassingbé-fils entend faire plus, dépasser le père, s'accrocher, faire plus de 50 ans et, vers les années 2050, par une habile marche tactique, être toujours à la tête du pays. Je n'ai jamais approuvé l'Accord Politique Global (APG) qui, contre des promesses de réformes en 2006, légitimait un pouvoir pris par la force et par force massacres . Tout accord signé avec ce régime, hier comme aujourd'hui, n'est rien d'autre qu'un vulgaire chiffon de papier, contraignant pour l'Opposition seule. Nous ne devons plus passer notre temps à nous tromper.

L'état du pays pousse à la recherche d'une solution radicale. Les deux tiers de nos populations vivent sous le seuil de pauvreté et nous pouvons affirmer qu'aucun des pères de l'Indépendance n'avait osé imaginer qu'on puisse être plus pauvre dans le Togo indépendant qu'on ne l'était en 1960, et ceci plus d'un demi-siècle plus tard. Qui l'eût cru? Qui l'eût pensé? Qui l'eût imaginé? En 1960, même le Togolais le plus fou n'aurait pas osé. Et dans tout cela, que devient l'argent du pays diverti par Eyadéma dans un Togo pillé, ruiné, ratiboisé avant que le chef ne trépasse? Somme estimée, par ses anciens compagnons, entre 3000 milliards et 6000 milliards de F CFA ( 6 à 12 milliards de dollars ), de quoi payer deux ou trois fois la dette du Togo? Peut-on ignorer le rapport du Fonds Monétaire International (FMI)de 2017 lorsque, classant les pays du plus pauvre au plus riche, cette institution place le Togo comme le 13ème pays le plus pauvre sur 157 pays de la planète, non loin du premier de la liste, un pays d'Afrique Centrale en guerre? Que font les "dirigeants" avec les richesses du pays?
Togo, aujourd'hui, pays de forte misère où l'on ne peut se soigner, où l'éducation est à l'abandon. Quel est l'état des infrastructures? En 2008, une forte pluie avait exhibé le bilan du régime Eyadéma: tous les ponts du Togo s'étaient écroulés du sud au nord. Et pas grand-chose n'a changé depuis lors: quelques kilomètres de bitume par-ci par-là s'obtiennent au prix d'un endettement colossal, si les fonds alloués ne s'évaporent pas. Tout visiteur honnête fera comprendre que le Bénin, le Ghana d'une part et le Togo de l'autre , c'est le jour et la nuit.

Alors, face à cette situation, que faire? Que faire donc? La Coalition des 14 doit être félicitée pour avoir refusé fermement de participer à cette parodie, à cette mascarade, à cette comédie électorale. Le Peuple qui sait où se trouvent ses intérêts l'a suivie par son refus franc et massif exprimé par la non-participation.

La tragi-comédie d'élections législatives du 20 décembre 2018 n'a rien résolu. Et pire, cela a aggravé la crise, avec la CEDEAO mise hors jeu comme une institution d'analphabètes politiques absolument nulle.
Aujourd'hui, nous pouvons estimer qu'un temps a été perdu en nous éloignant des revendications initiales:
1°) Application de la Constitution de 1992.
2°) La libération de tous les détenus politiques;
3°) Le vote de la Diaspora.

Ces points essentiels, dans nos dialogues-négociations, nous ne devons à aucun prix nous en écarter. Pour l'Opposition Démocratique, la seule Constitution valable est celle de 1992, votée et approuvée par le Peuple à une écrasante majorité. Les tripatouillages qui ont suivi émanaient d'un Gnassingbé Eyadéma qui, battu à l'élection présidentielle de 1998, s'était accroché au fauteuil présidentiel, avait organisé des élections législatives à sa convenance dans un climat de terreur, puis avec ses députés-godillots, fit pondre une purée infecte baptisée Constitution de 2002 qui le laissait au pouvoir ad vitam aeternam, jusqu'à ce que la biologie fasse son oeuvre salvatrice.

Eyadéma comme son fils, n'ont jamais gagné une seule élection au Togo. Face à l'entêtement du pouvoir en place, l'Opposition doit aller droit à l'essentiel. Les dialogues, nombreux et multiformes, n'ont jusqu'à maintenant rien donné. Demander l'annulation des élections, quand bien même cela est justifié, met l'Opposition dans une position défensive.
Aujourd'hui, l'Opposition démocratique ne peut avoir que trois exigences essentielles:
1°) La libération de tous les détenus politiques;
2°) L'application intégrale de la Constitution de 1992,et le départ immédiat du président jamais élu ;
3°) La formation d'un gouvernement de Salut Public.

Une fois ces points acquis, le vote de la Diaspora coulera de source.
Comment y parvenir sinon par une mobilisation générale? Toutes les forces qui aspirent à la démocratie doivent se jeter dans la lutte. C'est tout un peuple qui doit se lever pour sa libération: partis politiques bien sûr, mais aussi syndicats, toutes les organisations de masse, toutes les organisations de la société civile, hommes, femmes, élèves, toutes les forces tant intérieures qu'extérieures, une contre-offensive générale, une grande vague qui emporte tous les obstacles sur son passage pour permettre au peuple de recouvrer les conditions de son épanouissement, sa libération totale.

Cette LUTTE FINALE exige une direction claire et résolue, qui sache indiquer une direction ferme aux masses. Cette LUTTE FINALE exige une organisation prévoyante qui sache se préparer à faire face à tous les obstacles d'où qu'ils viennent.

Dans la POLITIQUE, dans le jeu froid des intérêts, SEUL LE RAPPORT DES FORCES COMPTE.

SEULE LA LUTTE ( RESOLUE ) PAIE.

ABLODE GBADZA.

John Semuha < [email protected] >
Le 05 Janvier 2019.