La mise sur pied de la coalition de l´opposition regroupant 14 partis politiques, la C14, l´organisation des manifestations sur toute l´étendue du territoire, l´intrusion de la CEDEAO sous couvert du fameux dialogue inter-togolais et aujourd´hui la fin des illusions avec le nouveau coup de force électoral comme sait bien le faire le régime Gnassingbé depuis un demi-siècle. Colère, déception, tristesse, tels sont les sentiments que nourissent les togolais ces derniers jours. Colère surtout contre l´organisation sous-régionale dont les chefs d´état ont une fois encore montré, par leur hypocrisie, leur manque de vision, de courage et surtout leur incompétence, pourquoi l´Afrique noire est au bas de l´échelle sur le plan mondial.
En même temps que les togolais sont très en colère et déçus, ils sont unanimes que la lutte doit continuer, qu´une minorité, malgré la terreur, malgré l´accaparement de tous les moyens du pays, ne peut jamais avoir raison sur la majorité. Certes, nous venons de perdre une bataille, mais la guerre est loin, très loin d´être terminée. "Un coup isolé n´arrête pas le combat," disait un personnage très connu de tous les togolais. Alors que faire? Comment s´organiser pour chasser les ennemis du Togo et récupérer le pouvoir des mains d´un régime apparemment bien enraciné, mais qui, à voir de près, n´attend que le coup de grâce pour tomber?
En même temps que nous nous insurgeons contre l´hypocrisie et la méchanceté de la communauté internationale, et surtout de la CEDEAO pour leur soutien au régime de terreur contre le peuple togolais, nous n´avons pas le droit de méconnaître que des disfonctionnements en termes de mobilisation aient eu lieu dans nos rangs surtout ces dernières semaines. À un moment, nous avons eu l´impression que le problème togolais ne concerne qu´une certaine communauté de notre pays. Certains de nos compatriotes vont même jusqu´à affirmer que nous ne serions pas aujourd´hui à cet ènième échec si toutes les régions du Togo avaient mis la main à la pâte en sortant massivement dans les rues. Le feront-elles aujourd´hui? Nos leaders de partis cesseront-ils de faire leurs calculs politiciens et mobiliser leurs militants pour l´assaut final? Au sein de la C14 tous les leaders seront-ils unanimes pour savoir qu´il ne s´agit pas d´une lutte régionale ou ethnique, mais de la libération d´un Togo que nous avons tous en partage?
Même si c´est un aveu d´échec qu´après 28 ans de lutte, nous en sommes à nous rappeler du slogan de Tchèkpo du Professeur Gnininvi,"Démocratie d´abord, multipartisme après", les sages mots du vieux professeur nous interpellent toujours. Et le mandat donné par le peuple, toutes régions et ethnies confondues, le 20 décembre dernier aux leaders de l´opposition est impératif et ne doit en aucun cas être ignoré. C´est pourquoi tout autre comportement de quelque leader que ce soit en dehors d´une mobilisation de tous et partout, serait perçu comme une trahison de la lutte.
Samari Tchadjobo
|