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Révolution togolaise / le tour de garde : Tout compte fait…

Togo - Opinions
« À trop retenir l’eau à la bouche,
elle devient de la bave »

Proverbe togolais

RÉVOLUTION TOGOLAISE / LE TOUR DE GARDE

TOUT COMPTE FAIT….

Le Togo connaît un regain de violence d’État. Il se militarise chaque jour un peu plus. Le peuple est violenté à mesure que les échéances de l’élection frauduleuse de confort pour Faure Gnassingbé approchent. S’installe donc une psychose volontairement créée pour tenir le peuple en « respect ». Le régime de Lomé 2 a peur. Et la peur est mauvaise conseillère. La révolution « assigbalo » a poussé la satrapie dans ses retranchements. M. Gnassingbé Faure en est réduit à exacerber la répression et à violenter avec l’illusion de conforter son pouvoir par la terreur et le meurtre.

L’opinion est encore sous le choc d’une descente en safari du chef d’état-major général des armées (CEMG) togolaises sur le théâtre d’une simple manifestation pacifique avec à la clef le lâche assassinat d’un garçonnet de 12 ans apeuré et sans défense. Au-delà du questionnement légitime de la présence d’un CDMG sur ces lieux pour des taches, nous dit-on, de contrôles subalternes de fiabilité du dispositif sécuritaire, il faut comprendre le sens profond de ce scénario macabre et le message adressé au peuple en lutte.

Safari Kadanga : tout sauf une bavure

La sortie de M. Kadanga sur le terrain et sa mise en scène à travers une vidéo ne sont pas fortuites. Que voyons-nous sur cette vidéo ? Un pick-up noir à double cabine en mouvement, la plaque d’immatriculation bien lisible. Brusquement un buste en treillis militaire sort de la portière, côté passager, tenant en main, bien en évidence, une carabine surmontée d’une lunette et d’un silencieux. Le personnage, de dos, met en joue une masse d’hommes en mouvement, sans panique. Il rentre à nouveau dans la cabine du véhicule qui s’éloigne. Toute la scène est commentée par deux voix « off » en dialogue. Vraisemblablement les preneurs d’image qui nous indiquent, ahuris, l’identité du personnage. Il s’agit nous renseignent-ils du Général Kadanga lui-même. L’attitude générale de ce militaire de très haut rang nous indique qu’il n’en a cure d’être identifié. Sûr de son fait et surtout de son impunité il n’a guère pris la peine de masquer la plaque d’immatriculation de son véhicule encore moins de se soucier d’une prise de vidéo possible. Se savait-il filmé ? Ceci est fort probable. Il s’agit donc d’une mise en scène dont les prolongements psychologiques devraient servir à anesthésier l’élan libérateur de tout un peuple. Plus tard, le jeune Moufidou a été acculé et tué presque à bout touchant. Tout porte à croire qu’il s’agit du même très haut gradé. Le message est à portées multiples qui convergent vers le même but : faire la preuve de la surpuissance du régime et surtout brandir le soutien indéfectible dont il jouit de l’extérieur. « Vous voyez bien que rien ne nous arrête ? Nous n’avons peur ni du peuple ni de l’opinion internationale encore moins de la cour pénale internationale (CPI). Nous avons le soutien unanime de la communauté internationale. N’osez surtout pas nous braver. Il vous en cuira », semble dire toute la scène dans son économie.

Une préparation de longue main

Face à la mobilisation réussie du peuple, il convient d’instiller la psychose dans les cœurs et les consciences. Le choix du fusil à lunette muni de silencieux brandi ostensiblement doit servir à cette fin. Il fallait inoculer dans chaque tête la peur de recevoir à tout instant, n’importe où et sans même l’entendre un coup fatal tiré par n’importe quel sniper embusqué. Le peuple doit désormais raser les murs, rentrer le cou et tendre le dos de peur. Il faut créer une population apeurée, terrorisée et désorientée. Le meurtre odieux du petit Moufidou participe de cette stratégie de la terreur. Ce malheureux garçon s’est retrouvé sur le chemin du CEMG au mauvais moment pour son malheur. N’importe quel enfant aurait fait l’affaire. Le meurtre presque ritualisé de cet enfant sert précisément à affaiblir encore plus l’ardeur du peuple. Parce qu’il s’agit d’un enfant, le peuple est touché directement au cœur. Un combattant de la liberté qui tombe est remplacé par dix autres qui restent debout pour la victoire, ne serait-ce qu’à sa mémoire. Mais le meurtre d’un enfant force à l’arrêt, à l’apitoiement, au recueillement et à la pause pour digérer la monstruosité de l’acte. Il s’agit bien d’un terrorisme d’État destiné à frapper les cœurs et les consciences et à créer das lézardes dans la détermination du peuple tout en affirmant la détermination guerrière du régime et l’impunité internationale dont il jouit.

Une lointaine approbation de la police française

Il serait naïf de voir dans ces événements une bavure ponctuelle. Au contraire. Il s’agit d’une programmation de longue main, froidement exécutée et aujourd’hui poursuivie. Les pouvoirs publics ont concocté cette stratégie en prenant appui sur le mensonge d’une supposée perte d’armes à Sokodé dès le début de la contestation. La fragilisation psychologique du peuple s’est poursuivie par les actes de braquage à main armée qui viennent régulièrement émailler la vie sociale sans que jamais les auteurs ne soient ni identifiés, ni retrouvés et encore moins châtiés. Le dernier épisode se situe opportunément à la veille de la série de manifestations prévues par la C14. Le peuple est averti. Des armes circulent librement au Togo, portées par des individus violents et meurtriers jouissant d’une complète impunité. L’insécurité doit régner dans les têtes et éteindre l’action.

Enfin, cerise sur le gâteau, la police française vient de crédibiliser l’appui international suggéré par le régime en chargeant de façon illégale une manifestation de togolais régulièrement autorisée devant leur propre ambassade à Paris. Là aussi le message est clair. « Nulle part au monde vous ne pouvez nous inquiéter et nous avons l’appui de la communauté internationale » qui en l’occurrence se réduit à la France.

Le coup de massue de la cedeao

L’opinion togolaise et africaine sont unanimes. Le silence de la cedeao est suspect et accrédite la thèse d’un syndicat de chefs d’État. Ce que je crois c’est que ce silence dit aussi l’impuissance des chefs d’État de la sous-région a intervenir dans un pays considéré comme la « chasse gardée » de Paris. Il dit la nécessité pour le peuple togolais de faire face au véritable acteur de son malheur qui est la France. Il indique le chemin de la résolution de la crise qui passe nécessairement par Paris via Abidjan. Jusqu’à la mi-octobre les chefs d’État notamment anglophones et lusophones de la sous-région ont fait de leur mieux. Ils étaient en passe de réussir à crédibiliser la facilitation en imposant des réformes et une compétition électorale consensuelle, malgré le noyautage réussi de l’exécutif de la communauté par M. Ouattara à travers le président de la commission M. Brou. L’espoir était encore permis jusqu’à la plaidoirie d’un certain Maître Altit Avocat de M. Gbagbo à la CPI. Il était clair ce jour-là que l’otage personnel de M. Ouattara et de la France allait retrouver inéluctablement la liberté. Les cartes sont donc en train d’être rebattues à Abidjan. L’hypothèse d’une rupture dans la continuité pour le système Ouattara devient une chimère à mesure que la recomposition du paysage politique se précise. M. Ouattara a plus que jamais besoin d’une base de repli. Le Burkina Faso ne peut plus l’assurer. Reste le Togo et la docile dictature de Lomé 2. Paris voit l’infléchissement de la facilitation d’un bon œil. M. Condé n’est pas contre. Le peuple togolais peut bien être sacrifié une fois encore pour les intérêts de la Françafrique. Bientôt Ouattara, Compaoré et toute la clique de fossoyeurs des libertés et des richesses de leurs peuples pourront couler des jours tranquilles sous les cocotiers togolais. C’est ainsi que la cedeao a "saboté" sa propre facilitation sous la pression de son véritable mentor, la France.

En guise d’épilogue

En définitive la révolution aux mains nues, prônée par la C14 fait beaucoup de mal à la dictature et ébranle ses bases que sont la fraude et la violence d’État. La sortie de M. Kadanga dit aussi cette fébrilité et le bouillonnement de rage d’une énergie destructrice que la stratégie de la C14 a pu contenir. Le pouvoir de Lomé 2 a des fournis dans les doigts. Il ne rêve que de laisser libre cours au déferlement de la violence. La militarisation à outrance du pays traduit cette rage impuissante d’une bande de soudards surarmés impatients d’en découdre. Ce n’est pas une mince victoire. Parallèlement, le chancellement de l’édifice force la France à sortir du bois et à affirmer son rôle de véritable soutien de la dictature sanguinaire de Lomé 2. Cela se précisera plus nettement dans les prochains jours et indiquera au peuple la direction où orienter l’action. À la condition toutefois de rester mobilisé pour une résistance durable. La société civile et la C14 doivent mieux coordonner leurs actions, rechercher et fédérer les meilleures énergies pour la victoire qui viendra inéluctablement.

La France des « lumières » a de tout temps mobilisé ses meilleures ressources humaines et les intelligences les plus éclairées au service des stratégies de pillage de l’Afrique. Il y va de sa survie. Ce qu’il est convenu d’appeler le laboratoire du RPT / UNIR n’est qu’un pâle prolongement de cette diabolique entreprise esclavagiste. Autant dire que le peuple togolais est confronté à forte partie. Il devient urgent de se hisser à la hauteur de l’enjeu en relevant le défi de la liberté et du développement. Le Togo ne manque pas ressources. Mobilisons-les.

Jean-Baptiste K.