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Le Togo sous étau militaire

Togo - Societe
Le Togo sous étau militaire. Bastonnades sauvages, saccages de biens et exécutions sommaires de citoyens à Lomé et surtout à Sokodé.
Quand on veut se libérer d´une dictature impitoyable, on est prêt à oublier qu´il y a un an, les mêmes parachutistes avaient effectué des descentes punitives pendant plusieurs semaines à Tchaoudjo et à Assoli, laissant derrière eux morts, blessés graves, refugiés en brousse, destructions de biens privés. Cette fois-ci à Sokodé et aux alentours, les soldats togolais n´y vont pas de main morte; surpris que la peur des sièges militaires n´aie pas assez fait son effet, nos éléments des FAT excellent encore plus dans la brutalité, dans la sauvagerie, dans le crime. Le même décor de Septembre et Octobre 2017 est planté. Bastonnades sauvages, bien saccagés, fuite en brousse, villages et villes déserts. Depuis Samedi on dénombre déjà 3 morts suite à la violence militaire, sans oublier les trois tués de Lomé.

Rappel des faits et des crimes
Le nommé Saibou Ouro-Gao, 45 ans, cultivateur domicilié à Nada, derrière l´aérodrome de Sokodé, d´ethnie peul, sauvagement battu par des militaires Samedi 08 Décembre à Kpangalam, succombe à ses blessures le lendemain Dimanche.

Fataou Tchagouni, 36 ans, le jeune père de famille qui gagnait sa vie en travaillant comme pousseur de Kékévi, n´eut aucune chance quand des militaires se ruèrent sur lui Lundi 10 Décembre 2018 à Kouloundè, un quartier populaire de Sokodé. Les tueurs ne cessèrent de frapper que lorsque Fataou ne bougeait plus. Le corps sans vie fut jeté dans la cendre fumante. La famille dut enterrer son enfant sans broncher, et depuis, le quartier est plongé dans un chagrin et surtout un calme sans nom.

Ce même Lundi 10 Décembre 2018 sur les montagnes au quartier Kpalo-Kpalo, le jeune électricien de 32 ans Seidou Salissou est tué d´une balle. En observant le corps du défunt on peut voir sous l´oeil droit l´entrée du projectile.

La liste des blessés par balle ou par bastonnades, contenant quatre blessés graves, n´est malheureusement pas exhaustive. Beaucoup de blessés, par peur ont fui dans des villages environnants ou en brousse, car certains de ces villages ne sont pas forcément sûrs et c´est pourquoi le recensement s´avère difficile. Nous avons les noms, les images des blessures et même les contacts téléphoniques des blessés qu´on nous a communiqués. Il est clair pour tout le monde que nous ne pouvons donner aucun nom pour la sécurité des victimes encore en vie.

Les militaires ne se limitent pas à tuer et à blesser. Les donneurs d´ordres avaient tout prévu: blessez, tuez, et n´oubliez pas de détruire leurs biens. C´est pourquoi à Bakodè au quartier Didaourè Lundi 10 Décembre, des échoppes furent incendiées et les soldats pyromanes empêchaient les riverains de s´approcher pour essayer d´éteindre le feu.

De Dimanche à hier Mardi tout Sokodé était plongé dans un calme de cimetière; pour éviter d´être tabassé ou battu à mort, toute la population s´était terrée chez elle. Les rares courageux qui tentaient de pointer leur nez dehors pour voir ce qui se passe, et qui par malheur tombent sur un groupe de militaires, sont pourchassés, ou essuient des tirs à balles réelles.

Dimanche, au moins deux hommes d´un certain âge qui sortaient d´une mosquée à Kpalo-Kpalo après la prière du matin, furent pris à partie par un groupe de bérets rouges. Ils furent sérieusement bastonnés sans considération de leur âge. Les images montrant leurs corps blessés et leurs boubous ensanglantés circurlent sur les réseaux sociaux.
Lundi 10 Décembre 2018, le complexe scolaire El Froukane, tenant également lieu d´orphelinat, sis à Nada près de l´aérodrome , reçut la visite de militaires qui n´ont pas hésité à tabasser le directeur de l´établissement et les enfants.

Quand le calme revenait peu à peu à Sokodé, le quartier Salimdè reste le bastion le plus chaud où des bastonnades de jeunes surtout ont continué jusqu´à Mercredi 12 Décembre 2018. Beaucoup d´habitants ont trouvé refuge en brousse.

Les villages environnants sur la route de Tchamba ne sont pas épargnés par la folie meurtrière de nos militaires. Kparatao surtout est le théâtre de visites musclées de nos forces de défense. Pour qui connaît ce village, toutes les maisons à droite à l´entrée, à partir du lycée sur au moins un kilomètre, furent mises sens dessus-dessous. Sous prétexte de rechercher les jeunes garçons en fuite, la maison de ce directeur d´école à la retraite, originaire de la localité, fut saccagée. Des portes défoncées, des armoires renversées, des albums fouillés, des frigidaires visités, même un berceau de nouveau-né n´échappa pas à l´incompréhensible. Les femmes et les quelques enfants qui étaient présents, avaient dû s´enfermer dans la douche pour sauver leur peau.

Voilà la situation de désolation à Sokodé et dans les environs. Aujourd´hui un calme précaire semble être revenu, et les activités reprennent petit à petit. Mais pour combien de temps? Se demandent les populations encore sous le chagrin, encore sous la peur, pleurant leurs proches, arrachés brutalement et injustement à la vie.

Quant à Bafilo, il y eut certainement des blessés par balles et par bastonnades, mais comme nous n´avons pas pu faire vérifier, nous ne pouvons pas en dire plus. Kpalimé et Anié étaient également le théâtre de descentes musclées de militaires. En dehors des images montrant des réfugiés en brousse à Anié, nous ne pouvons pas dire s´il y a eu des blessés, oui ou non, dans les deux dernières villes.

Article écrit après renseignements de nos contacts à Lomé, à Sokodé et à Kparatao.

Samari Tchadjobo