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La Loupe du Correcteur : La mort pour l’alternance

Togo - Politique
La problématique de l’état de santé des chefs d’Etat refait surface. C’est un sujet tabou dans la plupart des pays africains. Conscients du peu d’investissement dans les infrastructures sanitaires, des chefs d’Etat africain se soignent à l’extérieur. Pour un moindre pépin physique, ils n’hésitent pas à sauter dans le premier avion pour se soigner à l’extérieur avec tout ce que cela engendre comme dépenses. Les chefs d’Etat, de grands dictateurs en grande partie, ne donnent aucune possibilité à leurs concitoyens d’en savoir davantage sur leur santé.
L’exception est faite tout récemment par Patrice Talon du Bénin qui a rendu public son bulletin de santé après une opération de prostate en France. Pour le reste, c’est l’omerta. Il arrive également que dans les dictatures résiduelles en Afrique, des populations prédisent le plus souvent le pire dès que le président dictateur est annoncé malade.

Des gens ne se cachent plus pour déclarer mort leur président une fois leur hospitalisation annoncée. Le cas actuel d’Ali Bongo, en dit long sur le ressentiment des Gabonais vis-à-vis de leur président. Hospitalisé à Ryad en Arabie Saoudite pour « fatigue sévère » selon la présidence gabonaise, Ali Bongo depuis plus d’une semaine, ne s’est pas encore relevé. En vérité, en de pareilles circonstances, c’est la grande communion. Mais paradoxalement, ses concitoyens annoncent plutôt au quotidien sa mort.

Quoique cynique cette posture, certains tentent de l’expliquer. Pour ceux-ci, il n’y a que la mort qui puisse aider à l’alternance dans leur pays. La mort pour l’alternance, malheureusement, c’est ce à quoi certains peuples martyrisés se résolvent pour voir le changement dans leur pays où les élections n’ont plus de sens. Dans la tradition africaine, il est admis qu’on ne souhaite pas la mort même de son pire ennemi.

Malheureusement, cette tradition est royalement ignorée du fait du pouvoir à vie que se donnent certains dictateurs. Triste constat. Et si seulement ces dictateurs mesuraient le degré de haine que portent certains de leurs concitoyens sur leur personne.


Source : Le Correcteur Num 845 du 05 novembre 2018