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Colonie ou pas du Ghana ? le Capitaine « répond » au Général

Togo - Politique
Le capitaine des Eperviers du Togo, Emmanuel Adebayor, au regard de l’état défectueux constaté de la pelouse du stade municipal de Lomé, a demandé que les matches à domicile du Togo soient désormais joués à Accra, capitale ghanéenne. Et ce, jusqu’à sa réfection selon les normes recommandées. Sa demande n’ayant pas eu gain de cause auprès des autorités, l’attaquant togolais n’a pu disputer le récent match opposant le Togo et la Gambie, à Lomé. La suite lui aura donné raison quand, après une pluie, les flaques d’eau ont rendu la pelouse impraticable. Donc contre performant pour les poulains de Claude Le Roy. Aujourd’hui, il se dégage une similitude entre la demande de Sheyi et la dernière déclaration du Gal Yark qui laissait entendre que le Togo n’est point une colonie du Ghana.

La sortie ratée du Gal Yark

« Le Togo n’est pas une colonie du Ghana !», s’exclamait, il y a quelques jours, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Gal Yark Damehame. Ceci, dans ses explications au sujet du refus du gouvernement togolais à l’avion médicalisé affrété par l’exécutif ghanéen pour l’évacuation sanitaire de l’opposant Habia Nicodème dont l’état de santé s’est détérioré. Et ce, à la suite de sa grève de la faim illimitée entamée devant l’ambassade du Ghana, pour la libération des détenus politiques et le respect, par le gouvernement, de la feuille de route de la Cedeao. Si l’opinion a été choquée par ces propos imprudents voire inamicaux du ministre, la succession des événements aura encore mis en difficulté, le gouvernement togolais.

Adebayor dit «non» à Lomé et «oui» à Accra

En effet, expliquant leur contre-performance face au Bénin, en conférence de presse, le capitaine des Eperviers du Togo, Emmanuel Adebayor a évoqué l’état défectueux de la pelouse du stade municipal de Lomé qui accueille les matches officiels du Togo depuis le lancement des travaux de réfection du stade de Kegue. Et comme pour mettre la pression sur les autorités et les inciter à vite s’appliquer, l’ancien attaquant de Metz, Monaco et Real Madrid a brandit la menace de boycott du match contre la Gambie, joué le vendredi 11 octobre dernier. Menace qu’il a d’ailleurs mis en exécution. Ironie du sort, une pluie diluvienne a rendu la pelouse impraticable, retardant tude plusieurs minutes, la deuxième mi-temps. A l’arrivée, les flaques d’eau à chaque niveau du gradin synthétique, mal nivelé, ont été entre autres raisons sous-tendant la contre-performance des poulains de Claude Le Roy, contraints au partage des points, un but partout.

Réponse indirecte du Capitaine au Général

Aujourd’hui, bien que le public sportif ait majoritairement condamné la mise en exécution de la menace du capitaine Sheyi, les faits donnent cependant raison à l’enfant prodige de Nyekonakpoe. La pelouse du stade municipal n’est pas de nature à garantir du beau jeu. Au contraire, elle constitue un risque élevé de blessures des joueurs, plutôt habitués au gazon naturel. Qu’à cela ne tienne, la moindre des sacrifices était que l’état togolais, à défaut de construire des infrastructures sportives dignes de ce nom, entretienne le peu que le pays dispose. Et en demandant que les prochains matchs du Togo soient délocalisés sur Accra, Adebayor n’a que donné raison à l’Etat ghanéen qui, dans la sous-région, demeure un exemple, en matière de gouvernance. Ainsi l’ex-Gunners aura démenti indirectement le ministre Yark qui estimait que le Togo n’est pas une colonie du Ghana.

De la nécessité de se regarder dans le miroir

En effet, il n’est pas question d’attester que le Togo est une colonie ou non du Ghana. Cela n’est d’ailleurs pas possible, en ce 21ème siècle. Toutefois, tout converge à affirmer que les dirigeants du pays, par leur incapacité à mieux gouverner et à redistribuer équitablement les richesses du pays, font, malgré eux, de la nation togolaise, une colonie à peine voilée des pays à gouvernance appréciable comme le Ghana.

On se rappelle encore quand la crise sociopolitique qui secoue actuellement le Togo était à son paroxysme, courant septembre-octobre 2017, le régime de Lomé n’a pas trouvé d’inconvenients à solliciter la médiation ghanéenne. Ceci dans le but de l’inviter à venir éteindre le feu de la révolution populaire qui risquait de le consumer. Mais aujourd’hui qu’il semble reprendre la maison au travers du dialogue politique, tenir de tels propos préjudiciables à l’endroit de ce pays serait faire preuve d’ingratitude. Une imprudence susceptible de porter un sérieux coup aux relations existantes entre Lomé et Accra.

Ce qu’il convient de retenir, dès lors comme leçon, de cette sortie ratée du Gal Yark couplée à la demande du Capitaine Emmanuel Adebayor, c’est qu’un pouvoir s’assume. Et tout gouvernant doit veiller à doter son pays d’infrastructures socio-éducative et sportive pour le plein épanouissement de sa population. Ce qu’à visiblement su faire le voisin ghanéen qui aura suscité estime et admiration du capitaine Adebayor.

Le Togo n’est certes pas une colonie du Ghana. Mais cela n’a pas empêché Sheyi Adebayor de reconnaître la qualité des infrastructures sportives de ce pays, symbole de l’efficacité de la gouvernance politique au pays de Komi N’Krumah. C’est cela la grande leçon. Ce n’est donc nullement une insulte. Loin sans faux.

Cyrille PESSEWU