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L’audace d’un bal masqué électoral sous le paravent d’une date fixée par la CEDEAO

Togo - Politique
« N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour l’éternité ». Antoine de SAINT-EXUPERY, dans Citadelle, fait la lumière sur la notion d’éternité à travers la finalité des actes que nous posons. Il situe ce qui est éternel sur le champ des valeurs et de la vérité, parce que le faux et le mensonge se démentent d’eux-mêmes dans l’inexorable roulement de l’histoire.
Le binôme « valeur-vérité » est le socle de la construction durable, celle qui transcende le temps et prépare l’avenir. La vraie dimension humaine est intemporelle ; son fondement est « valeur-vérité ». Tout politique qui s’écarte de ce principe fait péricliter la société dans un drame incommensurable. Tous les peuples qui se déconstruisent sont pris en étau dans le dogme du faux et de la perversité morale, éthique.

L’expérience de recul et de déconfiture de notre République nous fait voir le long chemin du péril du mensonge et des transgressions inhumaines. Ceux qui nous ont basculés au fond des âges ne se sont cramponnés qu’à leurs intérêts particuliers. L’humanité s’abaisse dès que la gouvernance s’écarte du devoir des comptes au peuple et du devoir de vérité. Le stade de déclassement de notre pays est du ressort d’un cumul de drames politiques et des fréquences de mensonge sur la conduite des élections. La rapine électorale alimente la tragédie et nous voulons faire l’économie d’un rappel de tous les traumatismes qu’elle a semés dans notre pays.

Notre histoire de crimes de sang, de crimes de masse ne peut pas se répéter dans le gribouillis électoral. C’est pourquoi nous sommes assistés par la Communauté régionale pour éviter le remplissage des préparatifs électoraux et la conduite scabreuse du processus.

Si le consensus est la règle de la facilitation pour des élections apaisées, transparentes, crédibles, comment peut-on admettre un recensement unilatéral, biaisé et aux données obscures ?

Que cache la précipitation du pouvoir pour un embarquement immédiat du peuple pour des élections alors que la CENI reformée n’est pas aux commandes du processus ?

Si la CEDEAO elle-même, à travers ses délégués de supervision électorale récuse le fétichisme autour du 20 décembre, la dextérité politique ne peut-elle pas nous habiter pour une préparation propre et sans heurts en vue d’une élection incontestable ?

1) Le réveil d’un peuple sur la fraude électorale

Le recensement électoral sous la licence et la fantaisie qui préparent la forfaiture vient d’une main libre d’un régime qui met sous sa coupe la CENI. Les Togolais connaissent tout le mécanisme des champions fraudeurs. Ils se permettent tout sous le manteau d’une CENI sous leur contrôle exclusif et pressent les populations à courir après aux consultations électorales dans une certitude du brouillard couvert par des forces fantoches de sécurisation du vote.

L’appel tardif étayé par une communication médiocre de l’Opposition en C14 pour le boycott du recensement électoral a phagocyté l’opération, cette manœuvre de la fraude sur chronogramme unilatéral pour prendre de vitesse la nouvelle recomposition de la CENI.

L’ampleur de la réussite du boycott est si révélatrice d’une véritable perte de confiance dans les institutions de notre pays. Quand les autorités d’un pays perdent le contrôle sur les populations et qu’elles ne sont plus prêtes à les écouter, à suivre les ordres administratifs, il faut en inférer que l’illégalité et l’illégitimité de ceux qui font office de gouvernants ont atteint un seuil intolérable.

La sensibilisation via les réseaux sociaux sur une duperie d’enrôlement des électeurs est d’une portée fulgurante, alors que le Togo est médiocrement couvert par ce mode de communication et que l’illettrisme est encore à 70% de l’âge des citoyens prêts au recensement électoral.
On a beau faire croire aux citoyens que la date du 20 décembre est impérative et qu’il n’y aurait pas de rattrapage pour ceux qui manqueraient au rendez-vous du recensement ou que la carte d’électeur équivaudrait à une carte d’identité, mais le soupçon de fraude est trop grand pour donner un fouet à l’engagement citoyen. Pitié pour les politiques qui subissent le bannissement honteux de leur propre peuple !
Aujourd’hui, nous avons tous la certitude que l’opinion nationale est bien vivante dans notre pays et qu’elle ne se laisse à n’importe quel vent. Elle est d’un caractère trempé, parce qu’elle s’est construite à travers une histoire et se dégage avec un cran de bon sens qu’il faut prendre en compte dans les affaires publiques.

La résistance populaire contre l’imposture est raide, parce que l’expérience de notre peuple sur les cruautés électorales est déjà acquise et la récidive n’est pas envisageable.

Ceux qui ont toujours cru que la force suffit à la docilité d’un peuple se trompent lourdement sur le mental des Togolais. Ils sont honteusement tombés dans leur propre traquenard et leur condescendance se fracasse sur le front d’une conscience nationale.

Les dictatures ignorent trop souvent que la souffrance du manque et le chagrin éclairent le chemin de la liberté par le combat des peuples et développent les forces de l’esprit.

L’histoire récente des élections au Togo se ravive dans la représentation mentale du peuple au point que personne ne peut encore dissimuler l’émanation populaire d’une procédure électorale consensuelle et sans heurts. Le langage du peuple se définit, s’exprime éloquemment à l’intérieur de la Coalition de l’Opposition autant que ses attentes. Le feu de l’adversité populaire contre la dynastie aux crimes multiples qui se maintient au pouvoir par l’effraction et la forfaiture est d’une prudence indéniable dans le rejet plantureux d’un enrôlement de falsification du jeu électoral.

Nous sommes fiers de notre peuple, de sa maturité affichée dans ce boycott majeur qui oblige le pouvoir à ravaler ses méthodes désuètes de banditisme électoral. Ce boycott de dignité élève la conscience nationale qui se positionne sur l’éthique de l’action et la vérité des urnes. Le stade de notre conscience est dans le refoulement cru du viol du code électoral autant que dans le rejet des transgressions du consensus autour du chronogramme des préparatifs électoraux. Le stade de notre sagesse équivaut à ce que Marcel PROUST décrivait dans A la recherche du temps perdu : « On ne reçoit pas la sagesse, il faut la découvrir soi-même, après un trajet que personne ne peut faire pour nous, ne peut nous épargner ».

2) Devoir d’espérance

Aucun régime ne peut forcer un peuple à vivre le supplice du mauvais destin à lui imposé tant que les citoyens renoncent d’eux-mêmes, par l’engagement ferme et massif, d’obéir aux ordres de leurs bourreaux. Il n’existe pas de réalité politique autre que celle qu’assument entièrement les peuples eux-mêmes.

Ceux qui, confusément, à leur corps défendant, enfumant la notion de peuple doivent bien lire le philosophe-politique, Roger -Gérard SCHWARTENBERG, dans L’Etat spectacle. La grande majorité des citoyens qui s’exprime clairement sur un sujet est la consécration du peuple, mais elle doit respecter scrupuleusement les droits des minorités. Sans ce respect nécessaire pour un gage de solidarité et de stabilité juridique, éthique et morale, la notion de peuple s’effiloche et perd son sens. L’expression majoritaire dégage la préséance aisément, mais la majorité intègre dans son action l’évidence de l’intérêt collectif pour sauvegarder l’équilibre social.

Dans un système proprement démocratique, les élus sont des élus du peuple et leurs choix de gouvernance sont censés apporter de l’espérance partagée autant aux minorités qu’à la majorité. Le déclin de notre pays, de nos institutions saute aux yeux et menace la solidarité nationale. Dans le boycott de l’enrôlement, l’expression majoritaire tient à corriger les anomalies électorales qui débouchent sur des crises, des tueries et la fracture sociale. Elle a réussi sa mission.

Les agitations tapageuses de la minorité libertine n’ont aucune habileté à faire démentir les réalités du terrain. L’aval aux transgressions dans l’enrôlement des électeurs est massivement combattu par les patriotes qui veulent donner un sens aux suffrages du peuple. Il n’y a pas de petits événements pour les nations et les peuples lorsque les citoyens choisissent eux-mêmes leur propre voie. Nous sommes en train de vivre une grande victoire de notre peuple sur les élections frauduleuses dont les préparatifs commencent par des données fausses programmées pour des résultats détournées. Le peuple s’est rétracté d’un forcing d’enrôlement d’électeurs en attendant les conditions de possibilité pour un recensement transparent, légal qui corresponde aux normes du code électoral, aux ordonnances de la CENI revue et corrigée par l’entremise de la Cedeao pour rétablir la confiance dans la procédure de consultation populaire.

La résistance populaire contre la fraude électorale a changé de stratégie. Elle ne se polarise plus sur les résultats qui ne tombent jamais en une opération de simple addition. Elle va à la source de la méthode. Elle se dresse contre les vautours, les troubadours et la ronde des malheurs sur la République. La responsabilité citoyenne est au galop dans tout le pays et dans la diaspora. De la société civile aux politiques de l’Opposition, la conscience du sursaut est à son summum que l’efficacité du boycott d’un recensement de la forfaiture est patente. Nous avons fait un grand pas pour sortir de la fange électorale. Le signal populaire est si tranchant que le régime n’a d’autre choix que de revenir sur les principes du consensus et de transparence électorale.

L’assistance de la CEDEAO est une chance, mais tout se joue dans notre propre détermination raide pour la vérité des urnes. Amplifiant notre vigilance populaire pour la droiture et la rectitude à la dimension de la justice électorale. Nous avons compris comme Charles de GAULLE dans ses Mémoires de guerre que: « Les exigences d’un grand peuple sont à l’échelle de ses malheurs »