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Égoïsme de l´ANC, tribalisme d´une certaine presse L´opposition togolaise comme elle va

Togo - Opinions
Pendant que les deux sièges de l´opposition extraparlementaire sont répartis entre la CDPA et le PNP, l´Alliance Nationale pour le Changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre se taille la part du lion concernant les 5 sièges réservés aux partis présents au parlement. ANC 3, ADDI 1, CAR 1, les FDR et les DSA sont envoyés mordre la poussière. L´ANC a insisté, menacé et obtenu 3 sièges sur les 5.
Après la reprise de la lutte avec le 19 Août 2018 et la formation de la coalition de l´opposition avec 14 partis politiques, tout le monde sait que nous sommes dans une situation de combat pour la libération, et non dans une démocratie normale ou chaque parti politique se bat avec les moyens démocratiques, comme il peut, pour s´imposer. Mais dans la situation actuelle où l´opposition se bat avec les moyens du bord contre un pouvoir dangereux et méchant, j´estime qu´il aurait été plus sage qu´un parti politique, qui a en son sein le Chef de file de l´opposition, donnât l´exemple d´humilité, et surtout de solidarité pour garder la cohésion du groupe et ne pas frustrer les autres formations qui ont le plus petit nombre de députés à l´Assemblée Nationale. Il s´agit aujourd´hui pour l´opposition de faire bloc à la CENI pour imposer la nomination d´un président vraiment neutre-s´il le faut un étranger-, et éviter les pièges, qu´inévitablement, le régime Gnassingbé ne cessera de poser. Le comportement égoïste du parti orange qui frustre les partis ainsi méprisés n´est pas de nature à renforcer cette dynamique dont la C14 a besoin dans cette phase décisive de la lutte. L´ANC est le parti majoritaire de l´opposition au parlement, certes, mais peut-il à lui seul mener et conclure le combat pour l´alternance sans l´aide des autres? Qu´adviendra-t-il demain si d´aventure les partis de la coalition étaient appelés à former un gouvernement de transition, quand les supposés plus grands ont de la peine à maîtriser leur gourmandise?

Hier le PNP était accusé de trouble-fête et d´ennemi à la solidarité de la coalition de l´oppostion pour sa position concernant les manifestations de rue, même si les évènements ont fini par donner raison au parti de Tikpi Atchadam; aujourd´hui l´acte posé par la formation du Chef de file de l´opposition, en ignorant ses collègues des FDR de Me Apévon et des Démocrates Socialistes Africains (DSA) de Targone Sambrini dans l´attribution des sièges à la CENI, n´est-il pas plus grave, car, à même de mettre à mal la cohésion de la coalition, si la retenue et la sagesse n´étaient pas de mise du côté des laissés-pour-compte?
Il serait plus souhaitable à l´avenir que les comportements des uns et des autres, et surtout de ceux qui se croient au-dessus des autres, soient moins imprégnés d´arrogance et d´intérêt partisan, car le combat contre le pouvoir Gnassingbé ne fait que commencer.


La presse togolaise, quant à elle, surtout celle supposée plus proche des forces du changement, doit cesser de donner l´impression de s´être trompée de combat. Pendant 5 décennies le régime actuel n´a fait que diviser les togolais entre nord, sud et centre. Au moment où les efforts sont menés pour essayer de changer la donne politique, afin de faire clouer le bec aux théoriciens de la division et de la discrimination du pouvoir, la presse privée proche de l´opposition devrait faire en sorte que le lecteur, en la parcourant, ait l´impression de se sentir togolais au même titre que les autres, quel que soit le coin du pays dont il est originaire.
Quelle ne fut ma surprise ce lundi matin en parcourant les gros titres de certains journaux togolais de tomber sur le bi-hebdomadaire "Le Correcteur". À la Une, cinq photos accompagnées de noms avec comme titre: "Des renforts de la C14 à la CENI". J´ai dû demander autour de moi pour qu´on me confirme que les délégués de la C14 pour siéger à la CENI sont au nombre de huit et non cinq. Pourquoi alors le journal a-t-il choisi de n´en plublier que cinq photos qui, curieusement et comme par hasard, représentent les délégués originaires du sud du Togo? Et toujours, comme par hasard, les trois "oubliés"viennent du nord de notre pays. Et pour se convaincre que tout est fait à dessein, il suffit de reprendre la lettre contenant les huit noms envoyée au président de l´Assemblée Nationale. Le délégué de la Société Civile se trouve en dernière position, mais sa photo figure à La Une du journal.
Pourquoi une telle discrimination?
Certains membres de la CENI venant des rangs de l´opposition sont-ils plus importants que d´autres? Selon certains de nos compatriotes y a-t-il opposants dans opposants selon qu´on vienne du nord, du centre ou du sud du Togo? Non, cette façon de faire n´honore pas "Le Correcteur".
Je me demande si nos confrères tiennent une conférence de rédaction digne de ce nom avec un débat critique avant de choisir les gros titres du journal.
Dommage qu´une telle "coquille" se soit glissée À La Une du Bi-hebdomadaire et ait échappé à la vigilance de toute une rédaction!
À l´heure où le Togo se trouve à la croisée des chemins pour son avenir, notre rôle à nous, lecteurs, observateurs, journalistes ou citoyens tout court, n´est-il pas de veiller à ce que de l´huile ne soit pas versée sur le feu?

Samari Tchadjobo