Vous etes sur la version ARCHIVES. Cliquez ici pour afficher la nouvelle version de iciLome.com
 8:00:22 PM Vendredi, 19 Avril 2024 | 
Actualité  |  Immobilier  |  Annonces classées  |  Forums  |  Annuaire  |  Videos  |  Photos 

des-mesures-d-apaisement-aujourd-hui-plus-que-necessaires

Des mesures d’apaisement aujourd’hui plus que nécessaires

Togo - Politique
J’ai passé une excellente fin de semaine pour le plaisir d’avoir eu la visite d’une de mes filles. Pour son arrivée, j’ai « arrêté » toute autre activité pour passer un bon moment avec elle ! Et ce, malgré qu’elle soit mariée et ait des enfants : le plaisir d’être entouré des siens et surtout de ses enfants est éternel. Pour dire que personne n’a le droit d’enlever la joie de la vie familiale à un autre citoyen pour des raisons difficiles à expliquer.
Et pourtant, au Togo, voici près d’un an que des compatriotes croupissent dans les prisons de Lomé, Sokodé, Dapaong et Mango. Et pourtant, au Togo, voici près d’un an que des compatriotes vivent en exil qui dans leur propre pays, qui dans les pays voisins, le Ghana, le Bénin ou le Burkina Faso, notamment. Enfin, voici près d’un an que des compatriotes, chefs de famille, surtout, ou non sont privés du plaisir d’être parmi les leurs pour des raisons que seuls leurs geôliers savent.

Parmi eux, il y a des catholiques : ils ont été privés du plaisir de passer Noël avec leurs épouses, enfants, petits-enfants ou leurs petits frères ou sœurs. Certains d’entre eux sont musulmans : ils ont été privés de fêter la fin du carême ou la tabaski, entourés de leur famille, de leurs amis ou d’effectuer leur pèlerinage à la Mecque. Privés de leur liberté, ces chefs de ménage et indispensables soutiens de leur familles sont incapables de jouer pleinement la responsabilité de protéger les leurs et, de répondre à leurs besoins. Certains d’entre eux ne peuvent plus le faire pendant longtemps parce qu’ils ont perdu leur emploi.

Absents, ils sont dans l’incapacité de profiter des instants de plaisir avec les leurs ou de faire face à leurs responsabilités. Et pour quelle cause? Pour avoir répondu à l’appel de la Coalition des 14 partis d’opposition (C14) en manifestant contre le régime qui régente le pays dans la mauvaise gouvernance, l’impunité et fait de la conservation du pouvoir la seule raison de vie. Plusieurs d’entre eux sont en prison parce qu’ils se trouvaient au mauvais endroit et au mauvais moment le jour d’une des manifestations organisées par la C14. Pendant ce temps, ils sont nombreux ceux de ce régime qui mériteraient d’être arrêtés, qui continuent d’être libres et courent les rues.

Nous ne défendons pas l’idée que tout citoyen doit être libre quel que soit son comportement. Nous ne prétendons pas que des compatriotes aient le droit de recourir à la violence lors de manifestations politiques et de créer des dommages sur des biens privés ou publics. Mais nous souhaitons ardemment que nos gouvernants d’aujourd’hui et de demain aient un souci permanent de tolérance, de justice et ne foulent pas au pied les valeurs et la dignité humaines.
Si le Togo est un pays normal ou un pays où le droit s’applique à tout le monde, alors que ce droit soit appliqué avec la même rigueur à tout citoyen commettant le même crime. Pour ce qui concerne spécifiquement le cas des concitoyens encore en prison ou réfugiés à la suite des manifestations politiques qui ont secoué le pays depuis le 19 août 2017, nous sommes convaincus que les citoyens Togolais ne sont pas égaux devant la justice togolaise.

En octobre 2017, des milices cyniquement appelés groupes d’autodéfense, dont les éléments à visage découvert ont cassé et pillé les boutiques, tabassés les concitoyens sous la protection des services de sécurité. Aucun citoyen ne peut prétendre être au courant qu’un seul membre de cette lugubre milice demeure encore en prison ou est en exil. Des concitoyens ont cassé et brûlé des lieux de culte : ils circulent librement dans les rues du pays sans être inquiété par les agents des forces de sécurité. Des compatriotes ont été tabassés, grièvement blessés ou tués lors de ces manifestations, sans respect aucune du professionnalisme qui réglemente les interventions et encadrement des manifestations publiques politiques ou non : aucun citoyen ne peut prétendre être au courant qu’un seul membre des forces de défense ou de sécurité responsable de ce dérapage demeure aujourd’hui en prison ou est en exil ou a perdu son emploi.

Le cas de Mango est encore très frappant :

Les représentants de la Coalition des quatorze partis politiques de l’opposition (C14) avaient rempli toutes les formalités administratives pour l’organisation d’une manifestation publique dans la ville de Mango le 7 septembre 2017. Les autorités administratives et le Préfet de l’Oti notamment avaient donc été bien informés de cet évènement, selon les dispositions légales en vigueur dans le pays et n’avaient émis aucune réserve. La veille de cette manifestation de la C14, le Chef canton de Mango avait saisi le Préfet de l’Oti de la volonté des jeunes d’UNIR de faire une marche dans la ville de Mango. Tenant compte de la taille de la ville et des itinéraires possibles, le Préfet a demandé au Chef canton de reporter la manifestation de ces jeunes, dans la mesure où une collusion des deux groupes était inévitable, ce qui devrait entraîner un affrontement et dégénérer en violence. Le Chef canton a maintenu sa volonté de faire sortir ces jeunes. Malheureusement, comme l’avait prévu le Préfet, il y a eu collusion des deux groupes, il y a eu affrontement et il y a eu violence.

Qui est le responsable de ce dérapage dans la ville de Mango ? Suivant la loi réglementant les manifestations publiques au Togo, qui doit être sanctionné en premier lieu ? Le Chef canton de Mango qui devrait être au-dessus des partis politiques, qui a organisé une manifestation du parti UNIR sans respecter les dispositions légales et qui n’a pas tenu compte des recommandations du Préfet de Mango, demeure toujours Chef canton, en toute impunité. Des Togolais ont dû fuir leur domicile, leur ville natale ou de résidence, voire leur pays à la suite des violences des forces de défense et de sécurité et ce parce qu’il y a eu violence lors d’une manifestation à laquelle ils ont participé, manifestation publique pour laquelle aucune autorité administrative n’a émis d’objection. Ces violences ont été réelles. Nous ne sommes pas pour la violence, mais nous pouvons nous demander si les militants et les sympathisants de l’opposition sont les seuls à avoir commis ces violences. Voilà la raison pour laquelle certains de nos compatriotes n’ont pas connu le plaisir de profiter de la chaleur de leur famille, de leurs amis lors des évènements heureux. Voilà certaines raisons pour lesquelles certains de nos compatriotes n’ont pas pu, depuis plusieurs mois remplir leur responsabilité de chefs de famille. Voici les raisons pour lesquelles certains de nos compatriotes ne seront pas en mesure de répondre aux besoins de leurs enfants qui reprendront dans quelques jours les chemins de l’école. Voici les raisons pour lesquelles certains de nos compatriotes souffrent de la chaleur et croupissent dans les prisons de Lomé, Sokodé, Mango et Dapaong.

Et pendant ce temps, des membres de la milice qui ont torturé et violenté des compatriotes sont libres. Ces membres de la milice profitent en toute impunité de la chaleur de leur famille et de leurs amis. Et pendant ce temps, le Chef canton de Mango continue de régner sur Mango. Et pendant ce temps, des agents des forces de défense et de sécurité qui ont violenté voire tué des manifestants sont libres.

A cette étape de l’histoire de notre pays, chaque Togolais, sans parti pris, en son âme et conscience, doit se demander s’il est normal que cette situation d’injustice prévale chez nous au Togo.

Pour la C14, cette injustice est amorale. C’est pour cette raison qu’elle n’a jamais cessé de demander la mise en œuvre urgente des mesures d’apaisement. La C14 salue la position du Président de la République du Ghana, facilitateur, lorsqu’il demande que la question des prisonniers et des réfugiés notamment, soit traitée sur le plan politique.

Lomé, le 17 Septembre 2018

Professeur Aimé Tchabouré GOGUE
Président national de l’ADDI