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Le naufrage se poursuit pour Soumaïla Cissé. Incapable d’unifier les forces d’opposition maliennes, balayé par Ibrahim Boubacar Keïta lors d’un second tour de la présidentielle aux faux-airs d’humiliation et de mise à la retraite anticipée, l’ancien président de l’Assemblée nationale est désormais lâché par l’un de ses soutiens les plus emblématiques, l’activiste et animateur de radio Ras Bath. Entre l’un des derniers dinosaures politique du pays et la grande gueule rasta, apôtre auto-proclamé de la jeunesse malienne, l’alliance n’a jamais été une histoire d’amour… mais une affaire d’intérêts partagés entre deux ambitieux aux égos surdimensionnés. L’alliance est désormais caduque. Ras Bath, et son Collectif pour la défense de la République (CDR), ont annoncé mardi reprendre leur indépendance. Une annonce unilatérale qui laisse encore un peu plus Soumaïla Cissé seul dans la rase campagne politicienne. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. C’est Soumaïla Cissé qui par opportunisme et arrogance a rompu les rangs de l’opposition pour défier IBK dans un second tour qu’il n’avait aucune chance de remporter. C’est sa décision solitaire qui a offert la victoire à IBK en légitimant un scrutin que l’ensemble des autres candidats avaient dénoncé comme frauduleux. Depuis le début de la campagne présidentielle, l’opposition malienne avait pourtant prôné l’unité dans la diversité. Pluralité des candidatures et des sensibilités, mais front uni contre les manipulations du pouvoir et les tentatives d’affaiblir le camp démocratique. Tous les candidats et tous les partis se sont tenus à cette ligne directrice, sauf Soumaïla Cissé qui l’a foulé au pied… pour les résultats que l’on connaît, et un score humiliant au second tour de la présidentielle. Une attitude que même Ras Bath ne semble avoir que modérément goûté. Avant de rompre officiellement avec Soumaïla Cissé, comme il l’a fait en début de semaine, le Rasta avait depuis plusieurs jours et semaines commencé à prendre ses distances avec le leader de l’URD. La cause ? Ras Bathily se voit encore un avenir en politique (disons dans la « société civile »), tout du moins l’espère-t-il. Il n’a pas pu accepter de voir un politicien du passé qui, à près de 70 ans menait sa dernière campagne, l’entrainer avec lui dans son naufrage. Ras Bath est tellement pressé de prendre le large et de s’éloigner du chat noir Cissé qu’il a officiellement renoncé à l’accord électoral que son mouvement avait pourtant signé avec l’URD pour garantir à ses troupes « au moins 15 députés ». Dans sa déclaration, Ras Bath « annonce sa non participation aux élections législatives annoncées par le gouvernement pour les mois d’octobre et novembre 2018 ». De quoi intriguer les analystes les plus avisés qui se demandent, à juste titre, si cet accord politique aurait été annulé si Soumaila Cissé avait remporté l’élection. Et Ras Bath de conclure intelligemment que « le CDR est disposé à s'allier à toutes les forces vives de la Nation ». Si ce n’est pas un lâchage en règle.
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