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Et si les prisonniers politiques n’étaient justes qu’une monnaie d’échange créée à dessein ?

Togo - Politique
Depuis le début de la crise politique au Togo, plusieurs personnes ont été arrêtées lors des manifestations de l’opposition ou pour avoir soutenu les manifestants qui réclamaient la fin du régime cinquantenaire. Tandis que la Coalition des 14 partis de l’opposition exige la libération de tous les détenus, les autorités de Lomé les libèrent au compte-gouttes. Dans les négociations entre le pouvoir et la Coalition pour la réalisation des reformes, les prisonniers politiques apparaissent de plus en plus comme un nouveau pont créés de toute pièce par le pouvoir à ses propres fins stratégiques.
En février 2018, à l’ouverture des travaux du dialogue inter-togolais l’opposition avait posé la libération de ses militants comme préalable aux discussions. Mesure qui a été acceptée en partie par le pouvoir à travers une grâce pour 45 prisonniers « politiques ». Malgré que l’opposition en demande plus, le pouvoir de Lomé a fait la sourde oreille. Depuis, la Coalition des 14 partis de l’opposition fait de la libération des détenus politiques, l’une de ses priorités.

A force d’insister, le régime de Lomé a concédé à libérer d’autres personnes incarcérés dans le cadre des manifestations de l’opposition. En juillet dernier, sept (7) prisonniers «politiques » incarcérés à Lomé et Kpalimé ont bénéficié par décret présidentiel N°2018-121/PR en date du 16 juillet 2018 de la clémence de Faure Gnassingbé.

Les peines restant à courir, selon la loi, leur sont remises Par ailleurs, des décisions de mise en liberté provisoire ont été prises en faveur de 12 autres détenus à Mango. Ces initiatives, selon le gouvernement togolais, rentrent dans la droite ligne de la mise en œuvre des mesures d’apaisement exigées par la Coalition des 14 partis de l’opposition togolaise et appuyées par les facilitateurs ghanéen et guinéen le 27 juin 2018 lors de la rencontre avec les protagonistes de la crise politique togolaise.

Au lendemain de la feuille de route issue de la conférence de Chefs d’Etats de la Cedeao tenue le 31juillet dernier et dans laquelle il a été demandé aux autorités togolaises de poursuivre les mesures d’apaisement avec en toile de fond, la libération des détenus politiques, le Nouvel Engagement togolais (NET), un parti politique, aile marchante du pouvoir a sorti un plaidoyer pour la libération des détenus politiques.

« Le NET formule un plaidoyer en faveur des détenus des différentes manifestations politiques encore en détention, et particulièrement les activistes du Mouvement Nubuéké et le Directeur Exécutif de l’ONG REJADD », a écrit le parti dirigé par Gerry Taama.

En fait, pour la coalition de l’opposition, une cinquantaine de personnes considérées comme des prisonniers politiques restent toujours sous les verrous. Parmi ces personnes comme noté plus haut, il y a des membres de la société civile, des défenseurs de droits de l’homme et des membres des partis politiques de l’opposition.

Une monnaie d’échange pour le pouvoir ?

La gestion que fait le pouvoir de la libération des détenus politiques montre suffisamment qu’ils constituent juste un écran créé pour jouer sur le timing dans l’exécution des reformes. Un point créé de toute pièce comme dans tout conflit juste pour faire diversion sur l’essentiel et créer l’usure chez l’adversaire. Une évidence en ce sens que, outre les efforts intensifs du régime de Faure pour obtenir des concessions de l’opposition au sujet des réformes politiques, le pouvoir devrait avoir dans ses escarcelles une monnaie d’échange de poids pour faire fléchir les responsables de la C14 en cas d’enlisement des négociations.

C’est ainsi qu’au moment où le régime libère une dizaine de détenus politiques, il arrête d’autres personnes. La semaine dernière, c’est le jeune activiste Folly Satchivi qui a été arrêté alors qu’il s’apprêtait à tenir une conférence de presse. Son mouvement « En Aucun Cas » est l’une des organisations de la société civile qui livre une bataille acharnée contre le pouvoir de Faure Gnassingbé depuis le début de la crise. Selon son avocat, Maître Raphaël Kpandé-Adjaré, « il est reproché à monsieur Folly Satchivi des faits de rébellion et d’apologie de crimes et de délits. Mais, dans le fond du dossier et lorsqu’on lui a notifié les charges, il n’a pas reconnu les faits ».

Des accusations graves qui démontrent que le régime de Lomé veut constituer une base de monnaie d’échange solide. Pour le régime de Faure Gnassingbé, il s’agit d’une manière pour équilibrer les forces en présence lors des négociations. Puisque au sein de l’opinion, les proches des détenus comptent sur la Coalition pour qu’ils soient libérés.

A cet effet, la Coalition est presque dans l’obligation de faire tout pour que ces personnes recouvrent la liberté. Dès lors, elle sera obligée de mettre de l’eau dans son vin à la longue au nom de l’usure. Il revient donc à la C14 de savoir gérer ce point autrement au risque de faire le jeu de l’adversaire qui se trouve ici plus pragmatique