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Gouvernance et crise sécuritaire en couverture des journaux camerounais

Cameroun - Societe
Les journaux camerounais parus vendredi soulèvent quelques cas controversés de marchés publics, trempent leur plume dans la polémique au sujet d’exécutions extrajudiciaires imputées à l’armée pour s’arrêter, de nouveau, dans les régions ensanglantées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où sévissent des activistes sécessionnistes.
À découvrir la principale manchette du quotidien à capitaux privés InfoMatin, on ne peut pas dire que le domaine des travaux publics est entre de bonnes mains : son ministre de tutelle (MINTP), Emmanuel Nganou Djoumessi, y est épinglé pour une sombre affaire de tentative de passation d’un marché routier de gré à gré, au mépris de la règlementation en vigueur.

On apprend ainsi que le titulaire du poste exerce un forcing sur son collègue en charge des Marchés publics, Abba Sadou, en vue de confier des travaux complémentaires de réhabilitation, de contrôle et de surveillance d’un tronçon de 9 kilomètres, situé à la sortie de la métropole économique, Douala, à hauteur de quelque 45 milliards FCFA, soit près de 5 milliards FCFA pour un seul kilomètre bitumé.

Cette tentative de passage en force, dans laquelle le MINTP a même déjà choisi les prestataires, fait dire à la publication que «Nganou Djoumessi, en plaidant «des mesures exceptionnelles de passation des marchés» routiers de plusieurs milliards de francs, lui permettant de ne pas passer par les procédures d’appels d’offres, négocie en réalité ses propres rétro-commissions que des indiscrétions situent à 15 milliards FCFA».

C’est dans la même ville de Douala, répond en écho Le Messager, que le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui doit pourtant veiller au respect de l’orthodoxie en matière de marchés publics mais aussi le MINTP, viennent également d’être désavoués par le chef de l’État Paul Biya.

Ces deux là, explique le journal, s’étaient déjà arrangés pour attribuer à une société de droit français, dans des circonstances tout aussi troubles et là encore sur fond de rétro-commissions, l’exécution du marché de desserte du nouveau site devant abriter l’une des poules de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football 2019. Mal leur en a pris, car le président de la République a tranché et confié lesdits travaux à une entreprise chinoise.

Sous le titre «Exécutions sommaires : Issa Tchiroma cherche une porte de sortie», Le Messager raille bruyamment la sortie, la veille du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement au sujet des accusations d’exécutions extrajudiciaires imputées à l’armée dans la région de l’Extrême-Nord en proie aux assauts jihadistes de Boko Haram.

Accusé de mensonge au sujet de l’implication des soldats de son pays, l’homme, dont beaucoup demandent aujourd’hui la tête, multiplie les stratégies de défense et les déclarations pour tenter de garder la tête hors de l’eau.

Avec la mise aux arrêts de 7 militaires et l’ouverture d’une enquête commandée par le chef de l’Etat, M. Tchiroma tente ainsi une explication sur ses dénégations répétées dans le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune (CT) : «En tant que porteur de la parole du gouvernement, aussi longtemps que je n’aurai pas de preuve établies par le haut commandement, la prudence recommandée m’amène simplement à dire que nous rejetons jusqu’à ce qu’on nous fournisse des preuves incontestables de l’origine de ceux qui ont perpétré ces forfaits.»

«Tout ce que j’ai fait reste dans le domaine de la rationalité», affirme-t-il, s’en prenant aux «pourfendeurs du gouvernement» qui l’«accusent d’avoir été pris en flagrant délit de mensonge» et que lui, en retour, «accuse de manque de rationalité et d’objectivité».

Reste qu’une deuxième vidéo, tout aussi virale et qui incrimine une fois encore l’armée dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où montent des revendications sécessionnistes, tombe plus tôt mal, fait observer Le Quotidien de l’Économie.

Rapportant les propos du même porte-parole du gouvernement, la publication fait dire à Issa Tchiroma Bakary que ces images atroces sortent à ce moment précis pour jeter déshonneur et discrédit sur les forces de défense et de sécurité et, par extrapolation, veulent atteindre le président de la République en personne.

Concernant la crise sécessionniste proprement dite, une enquête de L’Épervier révèle que les régions anglophones sont aujourd’hui envahies par des mercenaires : en dehors d’éléments à la retraite des forces de défense et de sécurité camerounaises, les combattants «ambazoniens» comptent désormais dans leurs rangs, en dehors de mouvements indépendantistes locaux, des combattants venus Delta du Niger, du Liberia et de Sierra Leone.

Le conflit sécessionniste a sécrété un phénomène d’insécurité qui attire désormais des criminels et des bandes de gangsters de tout poil, dont les motivations sont essentiellement crapuleuses, acquiesce The Rambler.

Et le moins que l’on puisse dire, souffle Le Jour, est que plus personne n’est à l’abri des assauts sécessionnistes à l’instar du gouverneur de la région du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, dont le convoi a essuyé une double attaque mardi dernier dans la localité de Babessi.

Au lendemain de cette attaque ayant fait 6 morts, côté assaillants le Premier ministre, Philemon Yang, a choisi pour se rendre, mais très discrètement, dans cette région dont il est originaire, fait observer La Nouvelle Expression qui évoque une «mission difficile», l’escalade des violences ayant atteint un niveau sans doute jamais vécu sur le terrain.

Et, pendant que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest plongent ainsi dans l’inconnu, The Rambler décrit un phénomène encore inimaginable il y a 3-4 ans : les écoles anglophones sont en plein essor à Douala, dans la capitale, Yaoundé ainsi que dans plusieurs villes de la partie francophone du pays.

Comment pourrait-il en être autrement, réplique Mutations, quand la terreur se vit au quotidien et que la vie des paisibles populations est empoisonnée par les sécessionnistes !

Cet équilibre de la terreur a suscité l’indignation de l’Association des chefs traditionnels du Cameroun, qui selon CT vient de sortir de sa réserve pour condamner avec énergie des actes ignobles qui n’épargnent plus les garants de la tradition dont l’un a été assassiné par des sécessionnistes alors que sept autres de ses infortunés confrères, pris en otage, ont été récemment libérés.

Un dont on n’a pas de nouvelles et dont le cas suscite toutes les inquiétudes de The Guardian Post, c’est le maire de la commune de Ndop, Anthony Mbapah, enlevé voici peu par des hommes armés pour une destination inconnue.