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Face aux grands signes d’une possible autre Afrique : Faure Gnassingbé, le paradoxe de la mal inspiration

Togo - Politique
Tout change pour que rien ne bouge. La semaine dernière en Afrique a été marquée par deux événements majeurs qui confirment qu’une autre Afrique est possible. Il s’agit notamment de l’amnistie de 800 détenus politiques en Côte d’Ivoire et la candidature de Emmanuel Ramazani Shadary en République Démocratique du Congo pour le compte de la majorité présidentielle. Ceci dans l’espace de 48 heures. Deux faits majeurs qui ont pour soubassement la volonté affichée du départ du pouvoir. Chose un peu rare dans certains pays d’Afrique dont le Togo.
Ouattara et Kabila, des signes du départ acté

Le lundi 06 août, la veille du 58ème anniversaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat est attendu pour la traditionnelle adresse à la nation. Rien ne présageait une grande annonce. Le Président Alassane Dramane Ouattara ayant déclaré quelques jours plus tôt qu’il s’apprêtait à rendre le pouvoir à une jeune génération. Mais voilà que Ouattara, tout bien pesé pour sortir par la grande porte, qui annonce avoir procédé à la signature d’une ordonnance portant amnistie de 800 détenus poursuivis pour des crimes qui ont eu lieu avec la crise postélectorale de 2010-2011, mais aussi pour des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après son investiture le 21 mai 2011 « Sur les 800, environ 500 sont déjà en liberté provisoire ou en exil et verront leur condamnation pénale effacée », at-il précisé. Parmi les personnes concernées par l’amnistie figurent l’ancienne Première dame Simone Gbagbo, les ex-ministres Lida Kouassi et Assoa Adou, ou encore Souleymane Kamaraté Koné, alias Soul to Soul, le Directeur de Protocole de Guillaume Soro. « Ils seront libérés prochainement », a expliqué le chef de l’État. « Il s’agit là d’une mesure de clémence de la nation entière envers ses filles et ses fils. J’invite tous les bénéficiaires de cette amnistie à faire en sorte que notre pays ne revive plus jamais de tels événements et ne sombre plus jamais dans la violence », a-t-il poursuivi.

Incarcérée depuis avril 2011, Simone Gbagbo avait été condamnée à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État. L’ancienne Première dame avait par la suite été innocentée par la Cour d’assises d’Abidjan des accusations de « crime contre l’humanité » et de « crime de guerre ». Néanmoins ce jugement avait été cassé jeudi 26 juillet par la Cour suprême, ouvrant la voie à un nouveau procès.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tous les amnistiés sont dehors tout au plus, 48 heures après la décision du président Ouattara. Les images les plus commentées sont celles de Simone Gbagbo au milieu d’une foule de militants du Front Populaire Ivoirien (FPI). Sans doute, une prochaine libération de Laurent Gbagbo de la Cour Pénale Internationale (CPI) ne serait plus une surprise. Tous les signaux sont au vert et corroborés par l’acquittement de l’autre célèbre prisonnier congolais, Jean-Pierre Bemba qui ajoute aux pronostics d’une libération prochaine de l’ancien président ivoirien. Au-delà de toutes les contingences à l’origine de cette décision historique en Côte d’Ivoire, il est une évidence que Ouattara prépare son départ du pouvoir en 2020. Pour ce faire, il faut s’attirer la grâce de ses adversaires politiques et revenir aux fondamentaux de la réconciliation.

Tout est à son honneur. Si l’ancien Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny nourrissait l’envie d’un 3ème mandat, ce geste de dégel politique ne sera pas d’actualité dans son agenda politique. Vivement que cela puisse inspirer d’autres chefs d’Etat à savoir quitter les choses avant que les choses ne les quittent.

Un peu plus loin de la Côte d’Ivoire, c’est bien Joseph Kabila qui a surpris son monde 48 heures après Ouattara.

C’est au bout d’un suspense devenu intenable pour les prétendants du camp présidentiel que le verdict est tombé. Emmanuel Ramazani Shadary, jusqu’ici Secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, principale formation politique de la coalition au pouvoir), sera le candidat du Front commun pour le Congo (FCC), plateforme électorale de Joseph Kabila, pour la présidentielle du 23 décembre prochain en RDC.

L’annonce a été faite ce mercredi 8 août par le ministre Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, lors d’un point presse longuement retardé : vingt heures après la rencontre entre Joseph Kabila et les représentants des partis et regroupements du FCC.

Originaire de la province du Maniema, dans l’Est de la RDC, Emmanuel Ramazani Shadary est l’un des caciques de la Majorité présidentielle. Surnommé « coup sur coup », cet ancien vice-Premier ministre et ministre en charge de l’Intérieur fait partie des personnalités congolaises frappées en 2017 par des sanctions de l’Union européenne pour « entraves au processus électoral et violation des droits de l’homme ».

Là encore, c’est un point de marqué pour le fils de LaurentDésiré Kabila. Après 17 ans de pouvoir et au terme de son second mandat réglementaire, Joseph Kabila Kabenge n’a aucunement le droit à un 3ème mandat. Il a longtemps nourri ce rêve à l’origine de plusieurs manifestations meurtrières. Dans un concert de pressions internes et externes, Kabila-fils a fini par céder en désignant son oncle maternel comme dauphin au grand soulagement du peuple congolais épris de justice, de liberté et du changement.

Là encore une fois, en dehors de toutes les pressions, Kabila a mis une dose de volonté politique pour finalement lâcher prise.

Faure Gnassingbé, le paradoxe de la mal inspiration

De ces grands événements de la semaine dernière en Afrique, beaucoup de Togolais se demandaient si cela est aussi possible dans leur pays régenté depuis 51 ans par la famille Gnassingbé. Quand bien même, il faut forcément que le pouvoir togolais tende vers cette réalité, les velléités d’un accrochage au pouvoir tel une chauve-souris, sont encore réelles. Rien qu’à voir les premiers faits et gestes au lendemain du sommet de la CEDEAO du 31 juillet à Lomé notamment le traficotage de la feuille de route et le nouveau coup de passage en force de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Pourtant, tout semble à portée de Faure Gnassingbé pour sortir par la grande porte comme Ouattara et surtout Kabila qui a inauguré la dynastie dans une république en 2001 en RD Congo. Il suffit pour Gnassingbé-fils d’amnistier tous les prisonniers politiques y compris son demi-frère Kpatcha et s’atteler à désigner son dauphin à la présidentielle de 2020. Malgré les crimes qui lui sont reprochés, la libération des otages politiques et la décision de renonciation au pouvoir en 2020 peuvent tout effacer. Le Togolais n’étant pas rancunier. Mieux encore, les recommandations de la CEDEAO tombent à pic et Faure Gnassingbé peut bien s’abriter derrière les balises de l’institution régionale pour opérer sa mue. Le contraire, comme le montre les tentatives de la CENI bancale ne peut conduire le Togo qu’à l’irréparable. Pendant que les bons exemples sont là fraîchement, l’autre héritier, incarnation de la dynastie « républicaine » doit entendre raison pour une sortie honorable.

Après trois mandats de cinq ans, Faure Gnassingbé n’a plus rien à montrer ou démontrer. Et comme lui-même l’avait déjà déclaré sur DeutscheWelle, pour la stabilité politique en Afrique tout au plus trois mandats au pouvoir reste un gage.

Kokou AGBEMEBIO