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Résolution de la crise politique au Togo : La CEDEAO peut-elle renverser le projet obscur du RPT/UNIR ?

Togo - Politique
Il demeure, dans la crise politique togolaise, une évidence qui n’échappe pas observateurs avertis. Malgré les efforts déployés par la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le régime togolais est resté égal à lui-même dans son projet de conduire de façon unilatérale le processus électoral. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) vient encore de démontrer cette volonté de réduire à néant les efforts des Facilitateurs et des autres chefs d’Etat de l’institution sous-régionale, dans leur quête de résolution de la crise politique au Togo.
Les velléités du régime de Faure Gnassingbé concourent à corroborer le traficotage du communiqué final des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. Dans sa restitution de la feuille de route pour une sortie de crise, le gouvernement togolais a sciemment enlevé la partie concernant la CENI. Or il est indiqué dans les recommandations que cette institution doit être recomposée et que le travail fait jusque-là doit être complètement repris, afin d’avoir un consensus autour du processus électoral. Mais quelle n’a été la surprise de tous lorsque, le mercredi 8 août dernier, l’organe en charge de la préparation des élections a rendu public un communiqué, annonçant qu’il va poursuivre ses activités. « La CENI a repris ses activités, en vue de l’installation de ses démembrements et de la préparation du recensement des électeurs, pour disposer d’un nouveau fichier électoral… », lit-on dans le communiqué. Du coup, on n’hésite pas à parler de remise en cause de la feuille de route par le régime RPT/UNIR qui tient à sa machine à fraudes. Même si à la CEDEAO, on ne dit encore rien, cette sortie de la CENI est perçue comme une provocation par la Coalition des 14 partis de l’opposition.

« Le minimum, c’est d’attendre que cette recommandation soit mise en œuvre avant qu’une quelconque CENI ne commence son travail, puisque cette recommandation dit que tout le monde doit participer à la CENI. Quand nous ne sommes pas là, ils ne peuvent pas continuer à travailler », a indiqué Jean Kissi, Secrétaire Général du Comité d’action pour le renouveau (CAR), membre de la Coalition. Pour ce dernier, le président de la CENI, KodjonaKadanga portera toute la responsabilité de ce qui pourra provenir de cette « provocation ». Ce qui est curieux, c’est pendant que le président de la Commission de la CEDEAO, Dr Jean-Claude Kassi Brou rencontrait les protagonistes de la crise dans la capitale togolaise, que la CENI publiait ce communiqué.

Une première rencontre avec les acteurs politiques pour préparer les prochaines discussions

Une semaine après la publication de la feuille de route pour une sortie de crise au Togo, le président de la Commission de la CEDEAO est revenu à Lomé pour une séance de travail qui a réuni la Coalition des 14 partis de l’opposition, le parti au pouvoir et le gouvernement. C’est une rencontre qui se situe dans le cadre de la mise en œuvre des décisions de la CEDEAO. Il s’agit, selon Dr Jean-Claude Kassi Brou, de faire le point des avancées enregistrées dans la résolution de la crise togolaise et d’écouter les deux partis sur leurs propositions pour une bonne mise en œuvre des différentes recommandations. « La Commission de la CEDEAO fera bon usage de ce qu’elle a entendu de vous-mêmes et en fera un compte rendu aux deux Facilitateurs. Nous pourrions, sur la base des orientations des deux Facilitateurs, organiser très rapidement une réunion du Comité de suivi institué par le sommet du 31 juillet 2018 et établir un chronogramme d’actions à mettre en œuvre afin de permettre la tenue des élections législatives le 20 décembre 2018, comme arrêté par le sommet du 31 juillet », a indiqué le Président de la Commission de la CEDEAO qui a promis l’accompagnement de l’institution sous-régionale pour des élections transparentes et fiables.

De son côté, la Coalition des 14 partis de l’opposition a relevé des manquements dans la feuille de route de la CEDEAO. Elle s’est notamment attardée sur le découpage électoral inique qui avantage le régime. En 2007 par exemple, ce découpage a permis au parti au pouvoir d’avoir 50 députés avec 900 000 voix, alors que l’opposition qui avait rassemblé plus d’un million de voix se retrouvait avec 31 députés seulement. Une injustice que la Coalition demande à la CEDEAO de corriger, avant la tenue des élections. « On va s’atteler à voir comment tout cela va être mis en œuvre. Il va falloir établir un chronogramme sur la base de ce qui a été dit. C’est là où on verra qu’il n’est pas possible de tenir les élections à cette date-là », a souligné Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), membre de la Coalition.

Même si Gilbert Bawara, porte-parole du parti au pouvoir, annonce que le régime veut « travailler dans l’esprit de fraternité », il est clair que les actes refusent d’accompagner les discours. D’ailleurs personne n’est étonné. Les Togolais sont habitués au double langage de ce régime qui a toujours soufflé le chaud et le froid. La sortie de la CENI montre jusqu’où Faure Gnassingbé et son clan sont prêts à aller pour conserver le pouvoir et, visiblement, même aux dépens de la CEDEAO.

La CEDEAO peut-elle cette fois-ci sauver le Togo ?

A en croire le Président de la Commission Jean-Claude Kassi Brou, l’institution communautaire est prête à accompagner le Togo pour « réaliser des élections transparentes ». En tout cas, c’est le souhait de tous les Togolais. La CEDEAO est tenue de solder ce passif lourd en étant cette fois-ci plus contraignante dans l’application de ses propres décisions. Le régime de Faure Gnassingbé fait les pieds et les mains pour tirer le drap de son côté. La quête d’un quatrième mandat est décidément une aventure périlleuse.