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Feuille de route de la CEDEAO : Des décisions injustes et dangereuses, selon MPL-Ablodeviwo

Togo - Politique
Diversement appréciée par les acteurs politiques et de la société civile au Togo, et par les Togolais de la diaspora, la feuille de route de le CEDEAO pour une sortie pacifique de la crise n’a fini d’être sous les feux des critiques. La dernière analyse vient du Mouvement du peuple pour la libérté (MPL-Ablodeviwo). Lecture !
MEMORANDUM DU MPL-ABLODEVIWO A LA CEDEAO SUR LE TOGO :
DECISION INJUSTE ET DANGEREUSE
Lomé, le 6 août 2018

La leçon de démocratie donnée par la pièce « Antigone » de Sophocle, un des sages du berceau grec de la démocratie, nous rappelle que les décisions juridiques des responsables politiques ne s’imposent pas aux esprits libres et éclairés comme une vérité « sacrée », mais doivent être critiquées et dénoncées pour leur rendre service, si en dernière analyse elles se révèlent aussi injustes et impies que la décision du roi Créon de Thèbes, courageusement dénoncée par Antigone au péril de sa vie. Au nom de la souveraineté du peuple togolais dont le « Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO) » est une conscience éclairée et incorruptible, de cette souveraineté dont, selon l’article 64 de la constitution togolaise en cours malgré ses multiples défigurations, le peuple togolais est le seul détenteur, à l’exclusion donc du Chef de l’Etat togolais et à fortiori des Chefs d’Etat de la CEDEAO, après les prises de position plus ou moins nourries d’arrière pensées partisanes, à courte vue et donc décevantes pour le peuple souverain togolais, de la plupart des acteurs de la vie politique togolaise, qu’elles émanent du C14, de l’ANC, du PNP, de UNIR ou de ses satellites, qu’il soit enfin permis au MPL-ABLODEVIWO de projeter avec respect mais sans complaisance les lumières conjointes de « la critique de raison pure » et de « la critique de la raison pratique », comme l’écrirait le philosophe Emmanuel Kant, sur les recommandations en date du 31 juillet 2018 de la CEDEAO pour une sortie de crise sensé « durable » au Togo.

Remarquons d’abord que la bonne foi prouvée par les actes et non seulement proclamée par la bouche est indispensable pour qu’un dialogue sincère aboutisse à une solution pouvant mettre fin de manière « durable » à un conflit ou à une crise. Pour paraphraser le poète anonyme qui a dit que « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour », on pourrait dire que « il n’y a pas de bonne foi, il n’y a que des preuves de bonne foi ». Sans la bonne foi de toutes les parties en conflit, et en l’absence de contrainte par une force appropriée de la part des médiateurs, tous les efforts des médiateurs et des parties en conflit et de bonne foi sont voués à l’échec cuisant et inéluctable, comme celui de quelqu’un qui voudrait remplir d’eau un panier naturel. En refusant de manière obstinée et ostentatoire de satisfaire les recommandations réitérées à plusieurs reprises par la CEDEAO concernant les mesures d’apaisement qui devaient être des préalables au dialogue et qui consistent à libérer tous les prisonniers arrêtés pour avoir exercé leur droit constitutionnel de manifestation, le régime héréditaire togolais a prouvé de manière indiscutable sa mauvaise foi dans le dialogue qu’il a lui-même réclamé pour desserrer l’étau des premières manifestations populaires contre lui en août et septembre 2017. Le fait que le texte des recommandations sous les feux des projecteurs n’ait ni mentionné, ni dénoncé, ni condamné cette mauvaise foi manifeste jette donc un doute sérieux sur la justice et l’impartialité de la CEDEAO dans le dialogue qu’elle a instauré et dans les décisions en question. De plus, le fait qu’une de ces recommandations réitère pour la nième fois comme un perroquet la demande de libération sans prendre en compte ses violations antérieures répétées discrédite la déclaration en date du 27 juin 2018 d’un des facilitateurs du dialogue togolais en cours pour démentir le soupçon de solidarité corporatiste congénitale du « syndicat des chefs d’Etat » que représente la CEDEAO aux yeux des peuples de la CEDEAO et des observateurs avisés de la vie politique de cette organisation régionale africaine. Ce soupçon est entretenu à juste titre par le lourd passif de la CEDEAO au Togo, notamment par les décisions de la CEDEAO en 2005 au sujet du Togo sous la manipulation et la pression du président français de l’époque, en dépit du bain de sang de près de 3 000 morts qui a permis au président togolais actuel de succéder à son père et de chercher à perpétuer son régime héréditaire déjà cinquantenaire, qui a déjà battu avec la complicité active de la CEDEAO le record de longévité d’un régime héréditaire dans une république en Afrique, et qui est le seul exemple détonnant d’un régime héréditaire dans la CEDEAO, sans que cela ne gène ni ne choque les autres chefs d’Etats de la CEDEAO qui voudraient passer pour des champions de la démocratie dans leurs pays respectifs.

Puisque « le principe de causalité » affirme que « dans les mêmes conditions, les mêmes causent produisent les mêmes effets », et que la mauvaise foi est la cause du non respect par le gouvernement togolais des recommandations réitérées un grand nombre de fois par la CEDEAO en faveur de la libération de tous les prisonniers politiques togolais arrêtés lors des manifestations commencées le 19 août 2017, dans les mêmes conditions d’absence de contraintes de la part de la CEDEAO, cette même cause a toutes les chances de pousser le régime héréditaire togolais à ne pas respecter fidèlement non plus les « pieuses » recommandations formulées sans contraintes la première et la seule fois par la CEDEAO lors de son dernier sommet à Lomé et concernant la limitation du nombre de mandats présidentiels, la recomposition de la Cour Constitutionnelle, le renforcement du processus électoral, le recensement électoral fiable, le vote des togolais à l’étranger, le déploiement des observateurs électoraux. De plus, puisque « l’habitude est une seconde nature » et que les fraudes électorales, depuis la falsification du fichier électoral, l’achat des consciences des électeurs et des responsables administratifs du processus électoral, jusqu’à la falsification des PV, la confection électronique de résultats préfabriqués, leur validation et proclamation par la CENI et la Cour Constitutionnelle « aux ordres », font partie des gènes du régime héréditaire togolais, la recommandation de la CEDEAO poussant ce régime à organiser de manière hâtive les élections législatives le 20 décembre 2018, tout ignorant royalement la demande insistante du C14 à confier l’organisation de ces élections ainsi que de la prochaine élection présidentielle et à un gouvernement de transition dirigé par un Premier Ministre issu de ses rang, est à la fois une preuve supplémentaire du parti pris corporatiste du « syndicat des Chefs d’Etat de la CEDEAO » en faveur de leur homologue togolais et un chèque en blanc signé et offert par la CEDEAO au régime héréditaire togolais pour continuer à organiser « comme d’habitude » des élections frauduleuses.

Toujours à la lumière de la mauvaise foi du régime héréditaire togolais qui est prête à tout pour se perpétuer, quand les Chefs d’Etats supposés expérimentés et avisés de la CEDEAO écrivent naïvement et béatement que « la conférence se réjouit des dispositions envisagées par le Gouvernement Togolais dans la préparation, l’organisation et le déroulement d’élections transparentes, crédibles et inclusives », sans proposer aucune mesure contraignante pour garantir cette transparence, comme le cantonnement des forces armées togolaises dans leurs casernes et le déploiement de forces armées de la CEDEAO avant et après les prochaines élections législatives et présidentielles togolaises comme en 1993 et 1994, c’est comme si la conférence des Chefs d’Etat américains écrivait naïvement et béatement que « la conférence se réjouit des dispositions envisagées par les dirigeants des cartels américains de la drogue dans la préparation, l’organisation et le déroulement d’une campagne de lutte sans merci contre le trafic de la drogue dans le monde en provenance de ces mêmes cartels », sans proposer aucune mesure contraignante pour garantir la réalité de cette lutte.

A la lumière du bain de sang dans lequel les forces armées terroristes togolaises et leurs miliciens terroristes sous la direction d’un des frères du Chef de l’Etat togolais a réprimé sauvagement les manifestants protestant contre la proclamation des résultats falsifiés et inversés de l’élection présidentielle du 24 avril 2005, le sens des responsabilités aurait dû attirer l’attention des Chefs d’Etat de la CEDEAO sur le danger sérieux que la proclamation probable comme à l’accoutumée des résultats falsifiés et inversés des élections législatives prévues pour le 20 décembre 2018 ne provoque le même cycle infernal de protestations populaires et de répressions sauvages par les forces armées terroristes togolaises et leurs miliciens terroristes, avec un nouveau lot insupportable de morts qui hanteraient la conscience, non seulement du Chef d’Etat togolais, mais de tous ses homologues du « syndicat des Chefs d’Etats de la CEDEAO ». L’énergie potentielle de ce danger risque d’être plus rapidement transformée en énergie cinétique si pour la première fois le peuple togolais exerce de manière méthodique et opérationnelle sa souveraineté à la faveur d’une inévitable mobilisation et vigilance populaire pour empêcher les fraudes électorales de toutes sortes jusqu’à la proclamation des résultats dont le régime héréditaire togolais est coutumier.

Compte tenu de ce danger potentiel, l’appel partisan des Chefs d’Etat de la CEDEAO à organiser à la hâte et sans aucune mesure contraignante de la part de la CEDEAO les élections législatives le 20 décembre 2018, alors que les élections législatives au Togo qui devraient se dérouler en octobre 2012 ont été finalement organisées en juillet 2013, donc avec un retard de 9 mois, sans que ni le gouvernement, ni l’opposition togolaises, ni la CEDEAO ne se soit inquiété d’un respect futile des délais constitutionnels, est en contradiction flagrante avec leur propre recommandation du 31 juillet 2018 affirmant en parlant de « la conférence des Chefs d’Etat » : « elle appelle, par la même occasion, les acteurs politiques et la société civile à s’abstenir, en toute circonstance, des actes et propos susceptibles d’alimenter de nouvelles tensions et de compromettre les efforts en cours. Elle exhorte les forces de sécurité à faire preuve de professionnalisme dans leur mission de maintien d’ordre, de préservation de la sécurité des biens et des personnes ».

Quant à la recommandation de la CEDEAO concernant la mise en place d’un comité de suivi qui n’est doté par la CEDEAO d’aucun pouvoir contraignant sur le gouvernement togolais, d’après le lourd passif de tels comités dans l’histoire du Togo depuis 1993, le peuple souverain togolais estime que les Chefs d’Etat de la CEDEAO soit font preuve d’une naïveté aux conséquences graves pour ce peuple, soit cherche sciemment à lui vendre des illusions aux conséquences tout aussi graves. En effet, c’est la complicité active avec le régime héréditaire togolais du comité de suivi des accords de Ouagadougou du 11 juillet 1993, présidé par l’ambassadeur de France au Togo et composé des représentants de l’Allemagne, des Etats-Unis et du Burkina, qui a poussé le COD II (Collectif de l’Opposition Démocratique II) a retiré son candidat à quelques jours de « la mascarade » de l’élection présidentielle du 25 août 1993, selon le terme de l’ex-président américain Jimmy Carter qui a fait lui-même le déplacement à Lomé à la tête d’une délégation de sa fondation Carter dédiée à l’observation des élections et à l’assistance aux élections dans le monde. De plus, le comité de suivi de l’APG signé à Ouagadougou le 6 août 2006, présidé par le président Burkinabe et ayant comme autres membres des représentants de la CEDEAO et de l’Union Européenne, a démontré au monde entier son impuissance et son abdication devant la mauvaise foi du régime héréditaire togolais qui ne respecte aucun des accords qu’il a lui-même signé. Le dernier exemple en date d’un comité de suivi par lequel la CEDEAO a joué le triste rôle de « vendeur d’illusions » au peuple souverain togolais est le comité de suivi de l’élection présidentielle togolaise du 25 avril 2015 qui a brillé par son impuissance face à la répétition en 2015 du « coup d’état électoral » de 1998, répétition par laquelle « le processus électoral est sorti de son cadre légal » comme l’avait écrit le rapport de l’Union Européenne pour l’élection présidentielle de 1998, avec en 2015 l’arrêt du processus légal de décompte des voix et la proclamation unilatérale de résultats fictifs par le président de la CENI et de la Cour Constitutionnelle.

En conclusion, malgré le respect dû à leurs fonctions, qu’il nous soit donc permis de dire aux Chefs d’Etat de la CEDEAO que leur injustice et leur naïveté démontrées plus haut sont aussi dangereuses et irresponsables que celles des homologues européens de Hitler pendant la célèbre conférence de Munich les 29 et 30 septembre 1938, où le laxisme et la lâcheté de ses homologues ont signé et offert au Chancelier allemand un chèque en blanc pour renforcer sa dictature sur le peuple allemand et son impérialisme armé sur toute l’Europe, tout comme le laxisme et la lâcheté de ses homologues de la CEDEAO ont signé et offert au Chef d’Etat togolais un chèque en blanc pour perpétuer son régime héréditaire déjà cinquantenaire en piétinant la souveraineté constitutionnelle du peuple togolais grâce à ses forces armées terroristes et à ses miliciens tout aussi terroristes. Conformément à l’adage latin « se tromper est humain, mais persister dans l’erreur est diabolique », pour se rattraper et retrouver leur honneur perdu à la réédition à Lomé le 31 juillet 2018 de « la conférence de Munich », qu’il nous soit permis d’espérer que les Chefs d’Etat de la CEDEAO mettront à profit la lueur de dernière chance offerte par un usage clairvoyant, vigilant et contraignant du comité de suivi et de la poursuite du dialogue entre le pouvoir togolais et la C14 qu’ils ont eux-mêmes proposés, pour prendre enfin des mesures courageuses et contraignantes capables « de favoriser une résolution durable de la crise » au Togo comme ils le prétendent dans leurs recommandations du 31 juillet 2018. Ces mesures courageuses et contraignantes, comme pour la Gambie en janvier 2017, peuvent se résumer en trois points rappelés dans le communiqué du MPL-ABLODEVIWO en date du 9 juillet 2018 : « 1) un geste politique fort de la part du Chef de l’Etat togolais annonçant son renoncement libre à briguer un quatrième mandat, conformément à sa propre déclaration sur la radio nationale allemande en juin 2016 : « pour que la démocratie progresse en Afrique, il faut nécessairement limiter les mandats à deux ou à troi s » ; 2) l’engagement de la coalition de l’opposition togolaises à laisser le Chef de l’Etat terminer son troisième mandat, à faire voter une loi sur le statut des anciens chefs de l’Etat togolais leur garantissant l’immunité judiciaire et un niveau de vie conforme à leurs fonctions présidentielles passées comme en Namibie ; 3) la mise en place immédiate d’un gouvernement de transition dirigé par un premier ministre issu de cette coalition, et chargé d’organiser les prochaines élections locales, législatives et présidentielles d’une manière transparente et fiable », sous le contrôle et la supervision d’une force de sécurité de la CEDEAO et de l’ONU.


Professeur Pascal Kossivi ADJAMAGBO,

Président National du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL-ABLODEVIWO)