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Afrique de l'Ouest: Tracasseries et pots-de-vin sur les routes ouest-africaines

CHRONIQUE - Autres
 Les premiers résultats de l'étude de l'Observatoire des pratiques anormales (OPA) sur les axes routiers inter-Etats, restitués aux PDG (Police, Douane, Gendarmerie), aux transporteurs, aux chargeurs et administrations publiques, les 05 et 06 juillet 2007, sonnent l'alerte tant les rackets et les pertes de temps perturbent la compétitivité économique.

Ibrahim Tamponé, commissaire de l'UEMOA : "4 contrôles tous les 100 km, des niveaux de perceptions avoisinant sur certains corridors, 80 000 F CFA sur l'ensemble du parcours, voilà la triste réalité que révèlent ces résultats".


Les participants après avoir pris connaissance des résultats de l'Observatoire ont préconisé que l'étude soit étendue à d'autres corridors.

Désormais, une étude permet de mesurer, de comprendre comment et combien perçoivent les PDG (Police, Douane, Gendarmerie) sur les corridors routiers, causant par là même une sérieuse perte de vitesse à l'économie sous régionale. En fait, le secteur des transports a besoin de sortir de la situation où les PDG s'alimentent de faux frais au motif qu'ils "ne mangent pas du papier" pour finalement gêner l'économie au lieu de favoriser son essor.

Selon l'étude réalisée entre octobre 2006 et mai 2007 auprès d'un échantillon de 265 chauffeurs, le corridor Téma-Ouaga est celui où il y a plus d'arrêts avec 25 arrêts sur 100 km, soit un arrêt tous les 4 km. Il est suivi de Lomé-Ouaga avec 18 arrêts sur 100 km. Cette situation se traduit par des retards subis par les camions de l'ordre de 1 heure 54 mn au Togo, 3 heures 17 mn au Burkina Faso, 2 heures 44 mn au Ghana et 2 heures 40 mn au Mali, révèle l'étude. En termes de rackets, le Mali arrive en tête du peloton (51 264 F CFA) par camion, suivi du Burkina Faso (40 457 F CFA), du Ghana (16 532 F CFA) et du Togo (12 186 F CFA).

Mais, ces moyennes cachent des écarts considérables pouvant atteindre 300 000 F CFA par camion et par pays traversé.

Dans l'ensemble, le Togo et le Burkina Faso semblent être les pays où les transporteurs subissent le moins de tracasseries. Sur le corridor Bamako-Ouaga, Lomé-Ouaga et Téma-Ouaga, les faux frais représentent respectivement 70 500 F CFA (dont 52 000 F CFA perçus au Mali), 25 000 F CFA et 26 000 F CFA. Suivant les perceptions illicites par corps, la police, la douane et la gendarmerie sont les forces les plus corrompues. Elles perçoivent illicitement plus de 30% des faux frais.

Ces données brutes ne prennent pas en compte les nombreux véhicules qui ne sont pas en règle et n'évaluent pas clairement les coûts des retards dus aux faux frais sur la compétitivité de l'économie. Le trafic routier dans l'espace communautaire souffre des longues et complexes procédures de contrôles nécessitant au moins 20 pièces à fournir par les transporteurs contre 4 exigées en Europe. Pour le commissaire chargé du département de l'aménagement du territoire communautaire, des transports et du tourisme de l'UEMOA Ibrahim Tamponé, les obstacles non tarifaires à la fluidité du trafic, dont les arrêts sur les couloirs routiers se traduisent par des contrôles redondants et des perceptions illicites qui constituent une charge financière et causent des retards. Pour lui, ces pratiques longtemps décriées persistent en dépit des mesures prises qui n'ont pas permis d'éradiquer le fléau. Et la première conseillère de l'ambassade des USA d'ajouter que face à cette situation, il ne faut pas baisser les bras. Mme Cynthia Akueteth a soutenu qu'il faut une concertation plus accrue entre les secteurs privé et public pour trouver une solution. D'ailleurs, il serait judicieux, selon la rencontre, d'étendre la présente étude aux infrastructures routières, au transport de passagers et à d'autres corridors (Ouaga-Niamey, Bamako-Dakar) pour cerner davantage les contours et les effets pernicieux de la corruption sur les axes routiers. En cela, la société civile devrait ouvrir le débat pour évaluer les frais financiers indûment supportés par les chargeurs tout en disséminant les présents résultats pour inverser la tendance.

S. Nadoun Coulibaly