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Les journaux camerounais aux couleurs de la répression en zone sécessionniste

Cameroun - Societe
Plus encore que la crise à Elections Cameroun (ELECAM), où le directeur général des élections a été convaincu de «faute lourde» et attend son limogeage, c’est d’avantage le sanglant assaut de l’armée contre des groupes d’activistes sécessionnistes, dans les régions anglophones du pays en fin de semaine, qui passionne les journaux camerounais parus lundi.
«Bain de sang à Santa !», «Outrage dans le Nord-Ouest, après le massacre de Menka-Piyin» , «Week-end d’horreur dans le Nord-Ouest» , «Démonstration de force à Santa» , «L’armée frappe à Santa», «Crise anglophone : enquête sur les morts de Menka», titrent respectivement, The Guardian Post, The Post, The Sun, La Veuve, L’Épervier et Le Jour.


Selon le bilan établi par la première publication citée, ce sont au moins 25 personnes qui ont été massacrées par l’armée, dans un silence inquiétant de l'élite locale se revendiquant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

Après le carnage, The Post décrit des survivants submergés par l’ampleur de la tuerie, des mamans transportant les corps déchiquetés de leurs enfants pour l'enterrement.

Plus loin, c’est le propriétaire de l’hôtel où les sécessionnistes tenaient une réunion, qui raconte «le hold-up» dont son établissement a été l’objet de la part des forces régulières, avec tout à côté le leader de l’opposition parlementaire, Ni Fru Ndi, venu témoigner sa profonde tristesse aux familles éplorées de la guerre d’Ambazonie, du nom de la «république» autoproclamée des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Ce «carnage en campagne», selon The Median et le satirique Le Popoli, qui battent en brèche la version de l’armée, n’a pas seulement touché des sécessionnistes présumés, dans la mesure où les militaires tiraient sur tout ce qui bougeait, même sur les pauvres civils aux mains nues qui tentaient de s’échapper de la zone.

Ce sont des douzaines de personnes qui ont perdu la vie dans les localités de Menka, Belo et Piyin, appuie The Sun, qui évoque également au moins 25 maisons brûlées par les forces de défense et de sécurité pour châtier ceux qu’elles accusent d’abriter des «terroristes».

«L’armée s’est imposée et neutralisant des sécessionnistes, en libérant 20 otages et en récupérant 20 armes d’assaut, des munitions ainsi que de l’argent en espèces», répond en écho La Veuve, alors que Mutations décrit des «images insoutenables», des versions qui s’affrontent quant aux circonstances des événements ayant causé de lourdes pertes en vies humaines.

C’est la base terroriste de Piyin que l’armée a fini par neutraliser dans la nuit du 24 au 25 mai, applaudit L’Essentiel qui y va également de son bilan : 27 sécessionnistes tués, 17 otages libérés alors que 3 autres étaient assassinés, 7 militaires blessés, une quarantaine d’armes et des munitions récupérés.

C’est un acte de bravoure qui a été mené avec entrain par l’armée, salue également Le Soir alors qu’InfoMatin et L’Indépendant parlent d’«un gang de kidnappeurs-terroristes» neutralisé, non sans féliciter une «intervention salvatrice» des hommes en tenue susceptible de ramener un début de paix dans les zones tourmentées depuis octobre 2016.

A près de 500 kilomètres de ce chaudron, c’est-à-dire dans la capitale, Yaoundé, c’est le directeur général des élections à ELECAM, l’organe en charge de la gestion des scrutins et opérations référendaires, Abdoulaye Babale, qui, rapporte L’Indépendant, était sanctionné pour faute lourde.

«Dans les usages, et même selon la règlementation, le constat de faute lourde induit le licenciement sec», analyse InfoMatin qui s’attend à ce que, dans les prochaines heures, le président de la République prenne acte de cette réalité et procède, par voie de décret, au remplacement de l’homme de 76 ans et plusieurs fois membre du gouvernement.

Ce qui lui est reproché, étaye L’Anecdote, c’est sa gestion opaque et calamiteuse des ressources humaines, matérielles et financières, un management ayant installé un climat délétère marqué par la démobilisation généralisée des personnels, sans oublier des absences répétées aux réunions et sessions statutaires.

Mais Abdoulaye Babale n’est pas seulement mis à la porte d’Elecam, dont il a pris les rênes le 21 juillet 2015, annonce InfoMatin : il est surtout attendu dans les services des officiers de police judiciaire du Tribunal criminel spécial (TCS), où son dossier a été transmis par le Conseil électoral, un collectif de collaborateurs l’accusant, entre autres, du détournement de la somme de 5 milliards FCFA destinée à l’achat de nouveaux kits biométriques.

Et, alors que le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, sous le titre «Faute lourde imputée au directeur général, se contente de publier le communiqué au vitriol du Conseil électoral, L’Épervier estime qu’Abdoulaye Babale, plutôt que d’attendre d’être licencié comme un malpropre, aurait dû anticiper en démissionnant de lui-même.

En publiant un communiqué au vitriol contre son directeur général, synonyme de licenciement sans frais, le Conseil électoral d’ELECAM, analyse The Sun, a mis le président Biya dos au mur, qui à quelques mois des élections présidentielle, législatives et municipales, n’a plus d’autre choix que de trouver un autre cheval dans les délais les plus brefs.

«ELECAM renoue avec la crise», constate Mutations, rappelant que cet organe n’a en vérité jamais connu de sérénité en son sein, régulièrement secoué qu’il est par des crises d’ego et de leadership sur fond de contrôle de la gestion financière.

Il s’agit, en réalité, confirme L’essentiel, d’une guerre des réseaux pour le contrôle des 50 milliards FCFA destinés à l’organisation des scrutins prévus avant fin 2018.