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Les périls sur l’unité nationale en couverture des journaux camerounais

Cameroun - Societe
A deux jours de la célébration des 46 ans de l’Unité nationale, les journaux camerounais parus vendredi braquent leurs projecteurs sur les menaces sécessionnistes qui continuent de peser sur les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
«Paix et unité nationale : attention, danger !» L’alerte s’affiche en gros caractères rouges, sur fond blanc, en couverture de Mutations, pour qui le vivre-ensemble se conjugue aujourd’hui sous forme de superlatifs violents, depuis octobre 2016 et le début des revendications d’indépendance engagées par des activistes dans la partie du pays anciennement sous colonisation britannique.

Dans le quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune, le directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République, Oswalde Baboké, consacre une longue tribune à la notion d’unité nationale que le pays s’apprête à célébrer : «Lorsque, au nom d’une idéologie diffuse et évanescente, certains amnésiques nous proposent, les armes à la main, de revenir à un stade qui semblait être dépassé depuis des lustres, nous voulons rappeler que le principe d’indivisibilité du Cameroun, cher au président Paul Biya, est la base constitutionnelle de l’État du Cameroun.»

Alors que les Camerounais s’apprêtent à célébrer le 46ème anniversaire de l’avènement de l’État unitaire dans un contexte sociopolitique d’une exceptionnelle stupeur, estampillée de doute et de déni de leur propre nationalité par certains compatriotes, il importe, selon lui, de se remémorer le sens de l’unité qui fait l’orgueil des Camerounais et que quelques-uns tentent de torpiller.

La réplique à cette fine analyse est donnée par l’hebdomadaire Intégration, qui sous le titre «Unité nationale : Paul Biya noie le poisson», constate que le chef de l’État, plutôt que de prendre le problème à bras-le-corps, «a engagé une campagne de propagande pour embrouiller le débat sur la construction de cet idéal».

Et c’est ici qu’intervient justement la méprise, car comme l’ont souvent indiqué de nombreux experts venus d’horizons divers, l’unité du Cameroun repose sur des bases fragiles et la construction de l’État unitaire, qu’on célèbre cette semaine, est et a toujours été contestée.

Pour la publication, la crise anglophone, qui secoue actuellement le pays, est une métastase de cette contestation que l’on nomme le problème anglophone, né de la réunification du Cameroun oriental, francophone, d’avec le Cameroun occidental, anglophone et minoritaire (2 régions sur 10), auparavant séparés par la colonisation.

Il s’agit aujourd’hui, insiste Intégration, de revisiter la marche du Cameroun vers l’État unitaire dans le but de construire des compris sur les points de divergence, mais la vérité est que Paul Biya ne veut pas de ce dialogue-là.

«Peut-on encore parler d’unité nationale ?» prolonge Émergence qui dresse la liste des multiples maux qui minent et malmènent le vivre-ensemble : tribalisme, injustice et inégalités sociales, etc.

Face à cet imbroglio, c’est l’Église catholique qui, à en croire Le Jour et The Guardian Post, craint désormais le pire à travers un communiqué publié la veille, dans lequel le clergé demande la cessation des hostilités ainsi qu’une médiation indépendante.

«L’Église catholique abandonne le Cameroun aux terroristes», renchérit InfoMatin : à travers un curieux appel à la «médiation», le clergé se disqualifie lui-même des pistes de solution pour le retour à la paix dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.

«Qui, mieux que le clergé, par ailleurs bien implanté dans la zone, est le mieux placé pour assurer la médiation autour du conflit sécessionniste anglophone ? Qui mieux que les évêques catholiques, peut tempérer les passions et expliquer, aux belligérants, les vertus du vivre-ensemble ?» s’interroge le journal.

Cet appel, pour pathétique qu’il paraît, recèle, selon InfoMatin, une bonne dose de traitrise en ce sens qu’il révèle l’incapacité des hommes d’Église à jouer les facilitateurs de paix des cœurs et de cohésion entre les cultures, le clergé étalant ainsi, à suffire, ses propres turpitudes, et, indirectement, se disqualifiant quant à ses aptitudes à jouer un rôle de premier plan dans la résorption des problèmes, aussi bien politiques que sociaux, que connaît le Cameroun.

«Mais où sommes-nous donc ! renchérit Aurore Plus. Voici donc des messagers du Seigneur qui, après des mois de faux-semblant et de turpitudes internes, décident, sous la signature de leur président, et – le détail n’est pas inutile – de lui seul, appellent à la ‘’médiation’’ entre les belligérants. On croit rêver. S’en laver ainsi les mains, donner l’impression de se préoccuper de la cause républicaine tout en bottant en touche, est la parfaite illustration du poncepilatisme qui règne au sein de l’Église catholique qui est au Cameroun.»