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Patrick Bolouvi, le profil intriguant qui intéresse la Justice française

Togo - Justice
Résidence de la Caisse, c’est la zone d’habitation des barons du régime, un homme fait son apparition dans une salle de gymnastique, accompagné de cinq gardes du corps. Il n’est ni ministre, ni président, ni directeur de société d’Etat, mais à son entrée, certains ministres dans la salle de gymnastique se plient en deux pour le saluer. C’est dans ce centre de gymnastique qu’il se met en forme, sous la haute surveillance de ses gardes du corps. La forme, il en aura besoin ces temps-ci et les jours qui arrivent pour faire face au « Bolloré Gate » où son nom apparait en ligne rouge. Lui, c’est Patrick Senam Bolouvi, demi-frère de Faure Gnassingbé.
Propulsé à la tête de Havas Media Togo et Bénin en 2011, juste quelques mois après la réélection de son frère Faure Gnassingbé et un an après la concession du 3è quai au Groupe Bolloré, son arrivée à la tête de cette filiale locale de l’empire du breton apparait comme un échange de bons procédés. Une gratification qui ne dit pas son nom. Sur le cas Patrick Sénam Bolouvi, voici ce que révèle le journal français Le Monde sur son site le samedi 28 avril 2018 : « Un mystérieux Patrick Bolouvi intégré en novembre 2010, sept mois après la réélection de Faure Gnassingbé et puis, nommé en juillet 2011 à la tête de Havas Media Togo.

Ce cadre inconnu intrigue et agace en interne, selon plusieurs correspondances saisies par les enquêteurs, car il ne fait pas grand-chose « refuse d’aller à la mine », ne répond ni aux courriels ni aux appels. Entre son salaire ( 5200 euros par mois), sa voiture, son loyer, ses déplacements, M. Bolouvi coûte 8500 euros par mois. Il est le directeur-pays le plus cher dans un petit marché et il n’a apporté aucun client à Havas Media Togo dont les pertes préoccupent les responsables du groupe. Ce qu’ils ignorent, c’est que M. Bolouvi est le demi-frère du président togolais et que c’est Vincent Bolloré lui-même qui a donné l’impulsion pour son embauche. Intouchable donc. C’est Gilles Alix qui a fixé son salaire. Son poste a l’air d’un emploi fictif, mais l’investissement est utile pour renforcer les liens entre le groupe et la présidence ». 8 500 euros, c’est-à-dire 5 500 000 francs FCFA à ne rien faire. Voilà comment le groupe Bolloré entretient ses intermédiaires au Togo.

Outre Patrick Sénam Bolouvi, des informations de sources concordantes font état d’autres personnes de la famille présidentielle qui sont mensuellement gratifiées sans trace par Bolloré. Le nom de Sylvestre Mensah, l’oncle maternel de Faure Gnassingbé, ancien député d’Agou, serait parmi ces bénéficiaires mensuels. Parlant de Patrick Senam Bolouvi, lorsqu’il est catapulté à la surprise générale à la tête de Havas Média Togo et Benin, voici ce que le site de propagande du régime republicoftogo, sous le contrôle de Charles Debbasch, lui-même au cœur de ce scandale, publiait avec un titre pompeux : «Publicité: un nouveau marché émergent», et écrivait : « Le marché publicitaire demeure très étroit au Togo. Rien à voir avec la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Une poignée de grandes entreprises, souvent publiques, et les opérateurs de téléphonie mobile sont les seuls à disposer de budgets conséquents.

Certes le Togo est un petit pays, mais le faible volume des investissements publicitaires s’explique aussi par la réticence des annonceurs face à des médias dont il est impossible de faire une évaluation d’impact. Autre préoccupation des clients togolais et étrangers, le nombre très limité d’agences de publicité locales ; elles se comptent sur les doigts d’une main. Ce qui explique en général le manque de créativité des campagnes TV, presse ou affichage. Un homme espère faire bouger les lignes et rajeunir le métier. Patrick Bolouvi dirige depuis 2011 Havas Media Togo et Bénin, filiale du 6è groupe de communication mondiale. Diplômé en business de la Guidhal University (Grande Bretagne), il a fait ses premières armes dans le management hôtelier à Londres avant de rejoindre Bolloré Africa Logistics à Lomé il y a quatre ans. Aux commandes d’un poids lourd de l’industrie publicitaire, Patrick Bolouvi estime qu’il n’y a aucune raison pour que le Togo reste à la traine dans le secteur de la communication. Il met en avant l’expertise de ses collaborateurs et les coûts de production adaptés au marché local ».

Plusieurs années après cet article de propagande, celui qui était présenté comme un grand manager, diplômé en business d’une université en Grande Bretagne, n’a apporté aucun client à la société dont il a la responsabilité. Pire, il est payé à ne rien faire, incapable de répondre même aux courriels. Patrick Bolouvi, flanqué de son oncle Sylvestre Mensah, ne sont pas à leur première. A son domicile à la cité du Millénium qu’il a d’ailleurs loué à Bolloré comme résidence de fonction, ils reçoivent régulièrement des opérateurs économiques en maille avec le fisc à qui ils proposent des services pour débloquer leur situation, contre de fortes commissions. Leur appartenance à la famille présidentielle suffit pour obtenir des passe-droits, faire des trafics d’influence, le racket systématique des opérateurs économiques. Les témoignages des opérateurs économiques tombés dans les mailles de ce réseau sont légion.

Depuis le début de la crise politique du 19 août, Patrick Bolouvi est très actif aux côtés de son frère Faure Gnassingbé. Il a été porteur discret de valises en direction de plusieurs réseaux et lobbies en Afrique et en Europe pour les convaincre de voler au secours du régime. Les détails de ces rackets feront l’objet d’un autre dossier.

Selon des sources proches du Parquet national financier de Paris, Patrick Bolouvi, mais aussi d’autres responsables locaux du Groupe Bolloré à Lomé et des barons du régime impliqués dans cette affaire, intéressent la Justice française. En d’autres termes, ils pourront à tout moment être interpellés sur le territoire français s’ils s’y aventurent. La tempête en cours ne vise pas uniquement le Groupe Bolloré, mais cible aussi ces chefs d’Etat qui sont prêts à tout pour conserver leurs pouvoirs. Le Togo et la Guinée sont déjà sous les feux de la rampe, il n’est pas exclu que la tempête s’étende à d’autres pays où le Groupe Bolloré est fortement implanté.