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Lettre ouverte d’interpellation aux ambassadeurs accrédités auprès de la République Togolaise

Togo - Opinions
Lomé, le 2 Mai 2018

Aux ambassadeurs accrédités auprès de la République Togolaise
LOME – TOGO

Objet : Lettre ouverte d’interpellation

Excellences,
Je vous écris au nom de la masse de notre peuple, qui observe et écoute silencieusement vos interventions dans les affaires de notre nation. Vous êtes non seulement, en cette période, des témoins privilégiés du déroulement tragique de notre histoire, mais vous intervenez aussi pour nous dire ce que nous devons faire. Les histoires de vos pays respectifs nous enseignent que les transformations les plus indispensables et les plus justes ne s’accomplissent pas sans un ordre nouveau, conforme aux intérêts essentiels des pays et à la volonté profonde des peuples. On n’y arrive qu’en brisant les résistances des ordres anciens. La guerre de sécession aux Etats-Unis et les révolutions françaises, entre autres, ont été légitimes et nécessaires pour imposer la justice sociale, la dignité humaine et la liberté des hommes dans ces deux grandes nations.

Excellences, vous savez que la communauté d’une nation doit être fondée sur le libre et joyeux consentement des hommes et des femmes de cette nation. Vous savez aussi qu’on ne peut pas imposer la paix et légitimer un pouvoir dans un pays quand les injustices sociales les plus graves, la corruption et l’impunité y règnent ; quand les cœurs sont profondément meurtris et les ethnies divisées et quand les volontés sont divergentes. Nul ne doit donc nous opposer la vieille casuistique des sophistes, l’argument du chauve ou du tas de blé. Non ! Notre peuple souffre trop. Alors, quand s’éveillent en lui des énergies nouvelles, des appétits nouveaux d’action pour la liberté et le progrès, on ne peut plus tolérer qu’on lui impose un ordre despotique et un régime rétrograde, affameur, totalement corrompu, injuste et incompétent.

Depuis 1993, toutes les élections dans notre pays ont été frauduleuses, violentes et même sanglantes. En 2005, c’était le sommet de la barbarie pour porter Mr Faure Gnassingbé à la direction du pays. Le pouvoir actuel n’est donc pas de bon droit et a son origine dans un grand crime contre notre peuple et contre l’humanité. L’engeance, qui l’incarne, ne cesse d’exposer notre peuple aux malheurs de la pauvreté, à des soubresauts sociaux et le pays à des déchirements et à l’abaissement. Cette faillite finit par creuser le tombeau des libertés et de la dignité de notre peuple.
Vous constatez ainsi les résultats des attentats de cette faction égoïste et brutale dans la banqueroute de l’Etat togolais, occasionnant les revendications sociales, les grèves et les manifestations dans tout le pays. Malheureusement, au lieu d’en tirer des conséquences positives et d’agir avec bienveillance et humanité, ils cherchent au contraire à imposer silence à toutes les prétentions politiques et sociales. Ils conspirent pour fermer toutes les voies aux innovations favorables au peuple et au changement.

Excellences, le seul moyen, dont ils disposent pour conserver le pouvoir et pour continuer à ravir ou à tronquer les droits politiques de l’opposition, est d’organiser encore des élections frauduleuses. Comment peut-on alors nous conseiller d’aller aux élections avec un gang de resquilleurs sans conscience, prêts à tous les forfaits et à toutes les atrocités ? Est-ce cela la démocratie ! C’est-à-dire d’épouvantables violations des droits communs et le mépris de la vie humaine ? Les élections sont-elles un principe ou un devoir inaliénable et imprescriptible, même si elles doivent conduire à des fraudes, à des violences et à répandre le sang ?

Notre mouvement, qui exprime la volonté de la majorité de notre peuple, estime que nous demander d’aller aux élections avec le gouvernement actuel et les institutions à sa botte, c’est promouvoir de graves infractions aux lois morales et aux lois civiles qui fondent la civilisation. Ce serait de la non-assistance à un peuple en danger. Ce serait encourager un exécrable attentat contre le peuple togolais. Au nom de millions de togolais, nous exigeons la formation d’un nouveau gouvernement sans la participation d’aucun membre du gouvernement actuel ni de ceux qui sont mêlés aux fraudes du passé et aux crimes contre le peuple togolais. Un tel gouvernement de salut public pour le renouveau devra mettre en place une assemblée constituante avec la participation de la diaspora. Il devra également constituer une nouvelle CENI et une nouvelle Cour Constitutionnelle. Nous devons accepter le compromis, faisant de nous des gens civilisés, courageux et de paix, en laissant Mr Faure Gnassingbé terminer son mandat actuel avant de se retirer de la vie politique nationale en 2020. Le Togo tournera de la sorte une page de son histoire pour en écrire une autre dans la paix et dans la concorde nationale.

Excellences, nous espérons que vous conviendrez avec nous que la vraie politique, c’est non pas vouloir réagir contre les catastrophes, mais de les arrêter, de les suspendre ou tout au moins de les ralentir. La gouvernance actuelle est plus qu’un échec politique, c’est une déshumanisation de la masse de notre peuple et un funeste accomplissement. Le pays est en faillite économique, sociale, politique et morale. Mr Faure Gnassingbé et sa minorité ont affaibli les ressorts de la pensée et de l’action de notre peuple. Le plus grave est qu’ils ne voient même pas les risques de leur politique de division et de pillage des ressources nationales, toute grosse de désastres pour notre pays. Qu’ils sachent que notre peuple ne va pas s’abandonner à leur despotisme car il sait maintenant que la servitude n’est pas un lit de confort et de repos mais un lit de mort.

Il va nous falloir engager sans délai une œuvre de régénération nationale. Ma génération ne doit pas oublier qu’il nous a été prescrit de construire une nation pilote et de faire de notre société l’or de l’humanité. Nous devons nous battre pour nous libérer et nous relever. Nous nous battrons pour nous dégager de leur gangue de violence et de servitude. Ils essayent de masquer leur despotisme en professant leur loyauté dans les élections et la démocratie. Mais ils violent sans aucune conscience la constitution en vigueur et rusent à faire croire qu’ils vont faire un référendum pour doter le pays d’une nouvelle constitution. Quelle imposture ! C’est par cette impudence qu’ils cherchent à flouer la masse du peuple et les simples d’esprit. Les laisser faire, c’est laisser corrompre notre avenir et nous laisser conduire au chaos.

Excellences, il est peut-être concevable que certains chefs des Etats de la CEDEAO croient ignorer que la gouvernance au Togo soit tout simplement crapuleuse, anachronique et en flagrante violation de la constitution en vigueur. Mais franchement ! Vous ne pouvez pas soutenir que vous ne savez pas que la constitution en vigueur dans notre pays est impudemment foulée aux pieds par les usurpateurs du pouvoir ? Pratiquement, toutes les dispositions essentielles de cette constitution sont bafouées. En la visitant, tout véritable démocrate et humaniste sera révulsé de réaliser que ses Titres I, II, III, IV, V, VI et X sont misérablement et impunément transgressés. Il est prescrit dans l’article 81, alinéa 2, que le Sénat donne obligatoirement son avis avant le vote par l’Assemblée nationale de tout projet ou proposition de loi constitutionnelle, de tous les textes relatifs à l’organisation territoriale de la République et du projet de loi de finances. Avec cynisme, ils ont eu le front de piétiner cette prescription constitutionnelle. Nous sommes dans la jungle et nous subissons le coup d’état permanent de la part de ces fraudeurs professionnels endurcis. Ils naviguent dans une illégalité totale en ne mettant pas en place le Sénat (article 51 et 81) et le Conseil Economique et Social (Titre X) de la Constitution en vigueur.

Excellences, en violant aussi vulgairement et avec effronterie l’article 100, alinéa 4 de la constitution en vigueur, ils ont rendu la Cour Constitutionnelle illégale et anticonstitutionnelle. Seuls des ignorants et des esprits criminels peuvent contester cette évidence. Les manifestations sociales dans le pays constituent donc l’avènement d’une force morale et d’une conscience nationale. En conséquence, notre peuple attend de vous et des chefs des Etats de la CEDEAO de ne pas laisser le pouvoir illégitime et brutal en place préparer et organiser une quelconque élection dans le pays, mais de l’aider à mettre en place un ordre nouveau. Les togolais épris de paix, de liberté et de justice et leurs amis humanistes à travers le monde n’accepteront plus une nouvelle parodie d’élection. C’est seulement un nouveau gouvernement, qui pourra organiser les prochaines élections dans la paix et qui pourra assurer le relèvement moral et national du pays. Le temps est venu d’épurer la politique togolaise de toute violence, de toute haine et de toute intolérance. Le but commun et sublime à atteindre, c’est la conquête de la liberté par notre peuple, de l’élévation de tous à la dignité humaine et de la garantie pour le bien-être de tous dans l’unité et la paix.

Veuillez trouver ici, Excellences, l’assurance de ma considération distinguée.

Nicolas LAWSON
Président du PRR