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D’un crime à un autre, le despote se flatte l’orgueil de puissance : Tout système despotique est toujours son propre fossoyeur

Togo - Politique
« Les princes sont des bêtes qui ne sont pas attachées ». L’homme qui a établi dans la gouvernance la séparation des pouvoirs pour un véritable contrôle de l’exercice de la gouvernance s’est aussi profondément intéressé, non pas singulièrement à la forme des lois, mais surtout à l’âme de la régence des peuples dans l’Esprit des Lois. Montesquieu se préoccupe de la stabilité des sociétés et des républiques. C’est pourquoi dans son œuvre Mes Pensées, Il nous renseigne sur les potentats, leurs folies meurtrières, leurs effractions autoritaires et sans limites qui ne peuvent trouver leurs répondants que dans l’insurrection de conscience des citoyens.
La tyrannie est un règne qui écrase les peuples dans leurs droits et qui les tue froidement en se taillant toutes les raisons, des plus insensées aux plus licencieuses. Elle n’a d’investissements les plus spectaculaires que dans les appareils de répression avec une quête maladive de l’éternité au trône. Le fardeau de tyrannie finit par ouvrir les yeux aux peuples, parce que là où les gens sont à l’étroit dans leur propre pays, là où ils se sentent étrangers aux lois, à la méthode de régence de leur propre société, là où ils sont sous le supplice du manque, ils prennent l’audace de briser les cloisons de leur prison pour s’offrir d’autres horizons.

Quand on observe l’effervescence de la conscience des citoyens de la République du Togo aujourd’hui, ce rebond vertigineux de l’éveil du peuple explique sans le moindre doute que nous sommes à un seuil de frustrations, d’exclusions, de souffrances intolérables qui débouchent sur une inextinguible résistance populaire dont la finalité dessine l’aurore. Quelque chose a explosé dans l’âme de notre peuple que les digues de protections barbares de la tyrannie dynastique ne tiendront pas bien longtemps. Quels que soient les renforts dont elle se couvre, elle ne fait pas reculer le feu de l’adversité populaire.

Le tranchant de la guillotine s’aiguise davantage contre les despotes à mesure qu’ils s’arrogent le droit aux massacres des peuples qui n’ont pas peur de suivre le cours de leur propre histoire dans un appel citoyen pour la libération.

Tant que la maîtrise de l’objectif du changement est intégrée dans la conscience du peuple résolu à assumer sa responsabilité entière, sa main peut-elle encore trembler dans son oeuvre d’espérance?

Les Togolais n’ont-ils pas acquis une grande expérience de leur propre lutte pour se donner les vrais moyens de la transcendance et recouvrer leur dignité?

Connaissons-nous un seul potentat qui respecte un accord qui lui fait abdiquer à un pouvoir total?

1) Togo, la conception médiévale du pouvoir

Les théoriciens de la gouvernance ou les philosophes politiques comme Thomas HOBBES et Nicolas de MACHIAVEL sont partis d’un postulat : la nature supposée méchante de l’homme ne peut être jugulée que par un totalitarisme aux fins de la soumettre à un état civil, c’est à-dire, à une organisation étatique pour garantir à tous la sécurité, la paix civile. Cette forme de gouvernance a perdu son objectif de contrat social, parce qu’elle détruit toutes possibilités de sécurité, et pour les civils et les gouvernants, autant que la paix civile recherchée. La révolution de 1789 en est l’illustration la plus évidente du projet de gouvernance par la force brute, par la dictature. A travers l’histoire des peuples, les exemples de l’échec du contrat social par la servitude sont d’un relevé inépuisable.

La conjecture qui consiste à croire que l’autoritarisme fait l’autorité tourne à un drame absolu en ce que la férocité pour étouffer les peuples, les subordonner à la volonté d’un individu développe dans la cité des ressentiments qui libèrent des intuitions infaillibles des peuples à se prendre en charge et à se donner la chance d’un épanouissement.

Par conséquent, il n’y a pas de paix dans la conception du pouvoir et en son exercice par la force et la répression fauve. La tyrannie ne rend jamais une république viable. L’asservissement liquide des libertés et la créativité des citoyens à faire avancer dans les arts et les sciences, la société. La création a besoin d’un socle de liberté et d’épanouissement. La dictature entretient un gâchis incommensurable. Elle ne sert ni l’évolution du tyran embrigadé dans la prison de sa propre rhétorique du mensonge et de la cruauté, ni le peuple au nom duquel il jure d’un parjure à servir.

Le tyran n’a que des apparences à sauver. Il tremble de l’intérieur à l’idée que le peuple peut se résoudre à une insurrection inéluctable. Cette mauvaise conscience déstabilise le tyran lui-même qui n’a d’ambition jamais pour les gouvernés.

D’un autre côté, le supplice condamne tout individu, tout peuple à l’exploit. Comme l’ont bien vu Rousseau et les existentialistes: « L’homme est un être né pour la liberté». Cette approche de l’homme et des peuples certifie le triomphe de la responsabilité des individus et des citoyens dès que leurs volontés sont au galop pour creuser dans l’histoire leurs propres sillons. Jean-Jacques ROUSSEAU a vu juste lorsqu’il conçoit l’échec de la dictature et du despotisme comme une programmation évidente de la folie qui ne construit rien. Les lois et les principes de la gouvernance qui ne s’intègrent pas dans la conscience du peuple comme une «religion civile» font dépérir l’organisation sociale. Ils mettent en danger tout le projet de paix et de sécurité en république. La non-coopération en sa forme larvée est pernicieuse quand les citoyens ne sont pas contents ni satisfaits des objectifs pour lesquels ils se sont mis ensemble. L’incivisme et la désobéissance civile ont si longtemps prospéré dans notre République en vrac qu’aucune éducation ne saurait les rectifier dans la mesure où ceux qui se donnent la prétention d’un redressement civique et moral des citoyens ne sont dans aucun soupçon d’exemplarité ni dans la noblesse de l’acte de gouvernance. Un champion de la fraude, du vol, du viol, de la rapine, du mépris pour la souffrance de la collectivité n’a rien à proposer à la communauté. Il est plutôt dans la continuité de l’ « état sauvage » ou encore de « l’état de nature » dont HOBBES a abondamment décrit les contours dans Le LEVIATHAN, les perversités, les brutalités, les férocités et l’animalité crue.

Sous la dynastie des GNASSINGBE, la vie du citoyen jamais ne compte et les ressentiments sont déferlants qu’aucun citoyen ne s’occupe véritablement du projet du vivre-ensemble. Un peuple martyr ne coopère jamais avec ses bourreaux. Ce qui le préoccupe, c’est la volonté inébranlable de sortir des griffes des gens qui abîment son présent et qui décapitent la concorde civile.

Notre retard criard en matière de développement et de jouissance de la vie s’explique essentiellement par les principes faux de la gouvernance médiévale superposée à une époque autre en ses mœurs, en ses pratiques démocratiques.

2) La gouvernance barbare

Elle ne supporte ni la contrariété des citoyens, ni l’Opposition légalement constituée. Elle se campe dans un repli sur une oasis, une « minorité » comme l’a bien précisé le « Timoniertricule », qui s’offre tout et qui prive tout le reste de la population de tout. Elle est en permanence dans une crise du soupçon qui lui impose toutes les formes de sorties de la légalité ou en fabrique de façon grotesque pour des représailles insensées et de férocités insoupçonnées.

A voir le style des alibis aujourd’hui pour une irrévérence aux leaders togolaise et surtout pour une atteinte à leur personne jusqu’au chef de file, de l’Opposition, on est en droit en tant que citoyen de comprendre ce que la tradition orale de nos ancêtres nous a laissé comme le gouffre de la bassesse en ces termes : « Amé digbo, éyédinagbo amé ». Ce qui signifie que seuls les hommes qui n’ont aucune valeur intrinsèque, morale, spirituelle et humaine sont toujours d’un cran ignobles à vouloir abaisser les autres.

Edem KODJO nous a saisis de frayeur indicible en nous révélant au travers de sa vérité à la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR), comment Narcisse DJOUA lui a donné un soufflet devant ses pairs du Haut-Commissariat de la République et il s’est affalé en perdant ses esprits. Toute la République sait comment Tavio AMORIN a été assassiné ; elle connaît également le film de l’attentat de Soudou, même si le miraculé principal en est devenu un amnésique.

De même, la Conférence Nationale Souveraine a eu le mérite de faire prendre conscience à la communauté nationale avec des personnes ressources de l’ignominie en écheveau inépuisable de la criminalité du régime Eyadema. Son fils lui a succédé dans les mêmes loges, dans un ténor d’inhumanité, de crimes imprescriptibles et de crimes de masse. Il ne peut pas se convertir à la droiture, à la justice et au respect de l’humain-patron, parce qu’il est toujours plus facile de faire ce qu’on est que d’imiter ce qu’on n’est pas.

La récidive de la criminalité active est encore au zénith depuis le 19 août où la contestation d’un régime a vie a flambé d’une généralisation nationale jusqu’aux confins de la diaspora. Les meurtres, les passages à tabac, les intrusions dans des maisons avec des punitions collectives, les répressions indifférenciées sont encore sacralisées pour faire taire un peuple qui ne recule plus dans ses convictions, dans ses réclamations d’alternance politique.

A l’heure des réseaux sociaux et d’un monde présent au monde dans une boutique de verre, qui n’est pas indigné de l’agression ignominieuse et de bassesse à l’état pur sur le chef de file de l’Opposition togolaise ?

Alain décrit la nature du despote dans Le Politique lorsqu’il dit : « Tout pouvoir sans contrôle rend fou ». Le style de banditisme politique affaiblit plus les bourreaux que les victimes dans le cours du temps que jamais personne ne maîtrise. La vie a toujours ses secrets. Quand ils se révèlent à nous, nous n’en tirons pas des leçons. Mais où sont donc les TIDJANI, les DJOUA, les Ernest GNASSINGBE Eyadema et comment sont-ils morts ? Faure GNASSINGBE envie-t-il la situation actuelle de Yahya JAMMEY, de Blaise COMPAORE, de Ben ALI ?

Tout s’écoule, tout bouge, tout change et la prophétie héraclitéenne est imparable dans l’ordre du temps. Nous sommes convaincus que la dynastie togolaise est surprise par la tombée de la nuit, parce qu’elle ne sait pas anticiper sur l’histoire des peuples.

Didier Amah DOSSAVI