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Dossier UL/Acte II : Yaovi Madou, une autre victime de Dodzi Kokoroko

Togo - Societe
Dr Yaovi Madou continue de faire les frais des dérives autocratiques du Pr Dodzi Kokoroko, président de l’Université de Lomé qui, dans une rocambolesque affaire de manipulation de notes à la Faculté de Médecine, avec la complicité du SRI, avait fait garder dans les locaux de la gendarmerie, pendant plusieurs jours, Pr Majesté Wateba Ihou et deux étudiants pendant plusieurs jours.
Réduit au chômage depuis 21 mois, Dr Yaovi Madou, un handicapé visuel, navigue dans un espoir brisé. Accroché à son piano, son accordéon, sa flûte, sa trompette, sa batterie et à sa guitare, il se réfugie pour l’instant dans la musique, en attendant le bout du tunnel. Mais ce n’est pas facile, puisqu’à l’en croire, chaque jour que Dieu fait, les choses se compliquent davantage pour ce 1er docteur togolais malvoyant en Droit public.

En novembre 2013, grâce à une bourse d’étude de la Fondation d’entreprise la banque populaire de France qui a financé ses recherches, il poursuit ses études doctorales en France. Le thème de ses recherches étant : «La démocratie et la fonction présidentielle en Afrique noire francophone : les cas du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali et du Togo» En soutenant avec brio sa thèse de doctorat sur la fonction présidentielle à l’Université de Poitiers, il ne croyait pas un jour se retrouver dans ce calvaire savamment orchestré par le Président de l’Université de Lomé, Pr Dodzi Kokoroko, un des conseillers juridiques du régime moribond. Dans ses travaux de recherche, Yaovi Madou a su dénoncer les dérives dictatoriales et les coups d’Etat constitutionnels qui bloquent la réalisation de l’alternance politique en Afrique. Sa position a déplu et suscité le courroux du Prof Kokoroko. Ce dernier, en bon soutien au régime dictatorial, lors de la soutenance à Poitiers, au grand étonnement des autres membres du jury, s’en est violemment pris à son compatriote jusqu’à le taxer de « militant politique de l’opposition ». Les critiques apportées dans sa thèse semblent déranger les courtisans des dictateurs de l’Afrique francophone. C’était son mal.

Dans ses recherches, sa plume a été tranchante. Yaovi Madou a su dénoncer les velléités de conservation à vie du pouvoir de certains chefs d’État africains par les fraudes électorales. « De plus, on verra désormais certains présidents des Républiques africaines utiliser le droit contre le droit (des révisions constitutionnelles pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, la permanence des élections dirigées) pour conserver leur fauteuil ; et les militaires, recourir encore à la force contre le droit (la perpétration de coups d’État) pour prendre le pouvoir. Cet état de chose s’expliquera par le fait qu’en Afrique, la fonction présidentielle se révèle être une fonction à appréhension politique et sociologique aux antipodes de la démocratie libérale », a-t-il défendu. Cette position affirmée lui a valu de virulentes et arrogantes critiques de la part du Professeur Kokoroko. Même si Madou a plu à l’homme blanc, il a déplu certainement aux autorités de son pays, notamment au héraut du mandat social. Ces gouvernants qui disent faire de la réinsertion et de l’emploi des personnes handicapées depuis la loi du 24 mars 2014, ne semblent pas être prêts à accueillir celui à qui on colle une étiquette politique.

Mais le mépris de Kokoroko à une personne en situation de handicap visuel n’a pas empêché à Madou de décrocher la mention «très honorable», avec félicitation du jury. En quittant Poitiers, on n’avait pas la moindre idée que Dodzi Kokoroko attendait de pied ferme sa cible jurée. A Lomé, les manœuvres sont enclenchées, les portes des universités publiques sont restées fermées à Madou. M. Kokoroko est accusé de s’opposer à son recrutement à l’Université de Lomé. Même les Universités privées de droit qui lui avaient promis de l’embaucher se sont mystérieusement ravisées. Et du coup, on soupçonne des mains noires.

Pour plaider sa cause, Dr Yaovi Madou a pris contact avec les ministres Octave Broohm, Gilbert Bawara, YarkDamehame, Pius Agbetomey, Georges Aïdam, Elliot Ohin et d’autres personnalités, notamment le président de la Cour Constitutionnelle Aboudou Assouma, Fambaré Natchaba, EdemKodjo... II a même écrit à la Présidence de la République. Mais Kokoroko fait entrave à tout avis favorable.

« En dépit de nombreuses opportunités qui devaient le retenir chez Macron en France, l’enfant noir fait le choix d’un retour patriotique au pays pour servir la patrie. Mais chez lui, c’est le calvaire qui lui est servi. « Je suis revenu au Togo le 31 mai 2016 pour servir mon pays, comme me l’a encore demandé et garanti le 6 janvier 2016 le Professeur Gbeassor Messanvi, alors président de l’Université de Lomé », confie-t-il. Depuis le 13 juin 2016, son dossier de demande de recrutement à l’Université de Lomé est resté sans suite. Plusieurs fois, il a écrit au Chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Mais là aussi, il n’a pas eu gain de cause. A l’Université de Kara, la Faculté de Droit ne lui a rien garanti malgré l’entretien que ses responsables ont eu avec lui le 28 septembre dernier. « Le 14 septembre 2016, j’ai rencontré Dodzi Komla KOKOROKO pour la première fois depuis mon retour dans son bureau à la présidence de l’Université. Contre toute attente, la première chose qu’il m’a dite une fois assis, est qu’après ma soutenance, il était à Poitiers et on lui a rapporté que j’ai dit de lui qu’il est dans UNIR (Parti au pouvoir) et dans une secte. j’ai démenti, mais il ne m’a pas cru. Il a refusé de me donner le nom de celui qui le lui a apporté. Il m’a demandé d’envoyer un E-mail à Poitiers pour signifier que je suis bien intégré à l’Université de Lomé. Ce que j’ai refusé de faire », avoue-t-il. Pour une seconde fois, il le rencontre le 18 octobre 2016. « Ce n’est pas lui qui recrute et que même s’il y a à soutenir son dossier, il ne le ferait pas », c’était sa réponse.

Il sollicite ainsi le 20 octobre 2016, l’intervention du ministre Octave Nicoué Broohm de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui lui aurait fait comprendre que « lorsqu’on a de diplôme et on n’a pas encore trouvé de travail, on souffre, et donc, si je souffre, de considérer cela comme normal et l’accepter ». Pour plaider sa cause, il a pris des contacts avec plusieurs autorités du pays et même les ministres dont Gilbert Bawara de la Fonction publique et de l’Emploi qui, finalement, ne l’a pas reçu, après l’avoir tourné en bourrique. Bien que le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé ait « instruit » le Premier ministre Selom Komi Klassou de s’occuper de son cas, à la Primature, il a été aussi driblé. « Le vendredi 18 août 2017, je me suis rendu au rendez-vous à la Primature suite à un courrier qui m’a été adressé. On m’a installé dans la salle d’attente. Quelques instants après, on m’a fait savoir que le Premier ministre s’est déplacé, de repartir et qu’on me rappellera après. Jusqu’à aujourd’hui, je ne suis pas rappelé », raconte-t-il », notait le confère en ligne thisisafrica.me/fr.

Le SCAC (Service de Coopération et d’Action culturelle) de l’Ambassade de France a voulu prendre en charge l’achat de billet et de frais de recherches de Yaovi Madou pour la rédaction d’articles pour la préparation du concours d’agrégation au CAMES. Dodzi Komla Kokoroko s’y opposa en produisant à Gilles Ganivet, le Directeur du SCAC, un rapport fallacieux. Selon des indiscrétions, lorsqu’il fut saisi de la question par M. Gilles Ganivet et l’information fut connue de certains enseignants de la Faculté de Droit de l’Université de Lomé proches du Professeur Kokoroko, ce dernier a piqué une vive colère. Ne pouvant rien sans la recommandation de l’Université de Lomé, le SCAC notifia le vendredi 2 juin 2017 à Madou la suite défavorable de sa demande tout en mentionnant dans le courrier certains points de Kokoroko. Déçu, Gilles Ganivet aurait trouvé « très malheureuse l’attitude du professeur Kokoroko et ses amis, qui, loin de soutenir un handicapé à aller de l’avant, passèrent plutôt par des moyens pour l’en empêcher », révèlent des sources.

En 2012, lorsque Dr Madou, avant de gagner sa bourse, faisait des démarches administratives pour s’inscrire en première année de thèse de doctorat à l’Université de Lomé, il est confronté au Professeur Dodzi Komla Kokoroko, alors Directeur de l’école doctorale qui a opposé un refus catégorique. Malgré l’intervention du Doyen de la Faculté de Droit d’alors, le Professeur SANTOS Akouété, Kokoroko a refusé de lui délivrer l’attestation pour compléter son dossier à la Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité (DAAS) qui finalement, lui a facilité les choses.

Les dérives autocratiques du tout-puissant président de l’Université de Lomé, non seulement déteignent sur l’image du temple du savoir qu’est l’Université, mais constituent une entrave à l’éclosion du savoir et l’émergence des têtes pensantes. Il veut qu’on pense dans la même direction comme lui en faveur du Prince. Et c’est le principe dans son « cercle des frères créé autour de lui ». On comprend l’attitude dégoûtante de son collègue, le fameux Professeur Kossivi Hounaké qui, au passage, s’est décrété intellectuel lors du colloque des UST-BEST organisé du 02 au 03 mars derniers à l’Université de Lomé. Ce dernier, après avoir voulu agresser lors de la conférence un de ses collègues d’une autre Faculté, prend le vilain plaisir d’injurier des éminents professeurs qui ne pensent pas comme lui dans les colonnes des journaux. Ainsi va le monde de pseudo-juristes togolais.