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Concert de Koffi Olomidé à Lomé: Une supercherie du pouvoir qui fait pschitt

Togo - Politique
Dimanche 04 février dernier, le chanteur congolais Koffi Olomidé, invité à grand frais par le pouvoir de Lomé, était à l’esplanade de Canal Olympia de Lomé pour un concert organisé par le régime cinquantenaire. Pendant ce temps, le front social est en ébullition.
La semaine qui vient de s’écouler était marquée par des tensions dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Le Syndicat national des praticiens et hospitaliers du Togo (SYNPHOT) et la Coordination des syndicats de l’éducation au Togo (CSET) étaient en grève. La semaine qui vient de commencer sera encore mouvementée, avec des annonces de débrayage dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Cette reconduction est la résultante du mutisme affiché par le pouvoir à l’égard des doléances émises par ces deux corps. Cependant, le régime dans sa volonté manifeste de faire croire à l’opinion internationale qu’il n’y a pas de crise au Togo, a organisé un concert avec comme « guest star » le « Pépé Olomidé », devenu le chantre des régimes dictatoriaux en Afrique.

Koffi, l’artiste des dictatures

Au Congo, son pays natal, la cote de popularité du leader du groupe « Quartier Latin » a drastiquement baissé depuis qu’il met sa corde vocale au service de Joseph Kabila. Ce dernier, arrivé au pouvoir dans des conditions très controversées, refuse de céder le fauteuil présidentiel en réprimant dans le sang toute contestation de son pouvoir. Au Togo, les velléités de Faure Gnassingbé de rester au pouvoir autant de fois qu’il veut, ne font plus l’ombre de doute. L’organisation du référendum sur lequel le régime cinquantenaire s’arc-boute montre à suffisance qu’il ne compte pas laisser la main. Alors que la gestion du pays est catastrophique. Sur les plans politique et sociale, la paralysie s’installe.


Dans les hôpitaux publics, les matériels pour soigner les patients sont pratiquement inexistants. La radiologie, les laboratoires d’analyse microbiologique, les scanneurs, entre autres, ne répondent pas au besoin des patients. Dans le secteur de l’éducation, ça grogne depuis la rentrée scolaire. Des grèves à répétition perturbent les cours. Tous ces problèmes ont amené le SYNPHOT et la CSET à débrayer la semaine passée. A ces réclamations, s’ajoutent les manifestations de rue des 14 partis politiques de l’opposition qui réclament le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora. Mais face aux doléances des enseignants et des agents de la santé, le pouvoir en place ne semble pas prêter attention et opte pour des initiatives qui sonnent comme de la moquerie. « La CSET invite les camarades enseignants, chefs d’établissements et inspecteurs à une cessation de travail les 07, 08 et 09 février 2018 pour exiger de donner priorité à la question des primes et indemnités. Cette question doit être achevée en un temps record afin d’apporter l’accalmie et permettre d’aborder les autres questions dans la sérénité », annonce l’organisation syndicale dans un communiqué rendu public hier. Pour le Coordonnateur Atsou Atcha, cette reconduction est motivée par le fait qu’il y ait une volonté manifeste du gouvernement « de faire perdurer la crise dans l’éducation en reléguant au dernier rang cette question prioritaire ».

Du côté de la santé, le SYNPHOT reconduit la grève. Deux jours de débrayage sont annoncés à compter de demain. « N’ayant aucune suite de la partie gouvernementale, occurrence faite aux points susmentionnés, et en l’absence de réaction de votre part, les agents de santé regroupés au sein du SYNPHOT, ont décidé d’observer à nouveau une cessation de travail le mercredi 07 et le jeudi 08 février dans toutes les formations sanitaires publics », lit-on dans une note rendue publique. Plusieurs points sont inscrits sur leur plateforme revendicative dont la prise de mesures urgentes pour le rééquipement optimal des structures sanitaires publiques, la finalisation et l’adoption du statut particulier du corps de la santé ainsi que celui des internes, la régularisation de la situation du personnel non fonctionnaire. « Au cas où aucune approche de solution n’est trouvée aux problèmes ci-dessus mentionnés, cette grève sera reconductible sans préavis », menace le Synphot.


Le tableau n’est donc pas reluisant pour Faure Gnassingbé qui, après avoir fait deux mandats et capté le troisième n’envisage pas de quitter le pouvoir quitte à mettre le pays à feu et à sang. Cette manière de conduire le pays est décriée par le peuple et les 14 partis politiques de la Coalition depuis le 19 août 2017 où la gouvernance est mise à nue. Depuis cette date, le monde entier a les yeux rivés sur le Togo où les manifestations de l’opposition sont réprimées. Mais le régime cinquantenaire rechigne à opérer les réformes constitutionnelles voulues par le peuple et tente malheureusement de cacher le feu par la main. Tous les plans sont échafaudés afin d’émousser l’ardeur populaire qui veut expérimenter l’alternance au sommet de l’Etat, comme les pays voisins du Togo. C’est ainsi qu’un concert dit pour la paix a été organisé l’année passée avec comme invité le congolais Fally Ipupa, ancien membre du groupe « Quartier Latin », qui a fait défection et évolue depuis quelques années en solo. Si ce dernier n’a pas chanté au stade de Kégué comme annoncé, il a quand même fait une prestation VIP à l’hôtel 2 Février de Lomé et terminé par un concert improvisé à la plage « Marcelo Beach » de Lomé, le lendemain. C’est dans la même optique que Koffi Olomidé, qui refuse de raccrocher, puisqu’il n’accroche plus le public africain de plus en plus jeune et beaucoup plus tourné vers les sonorités nigérianes, est invité à Lomé.

Koffi, le mauvais casting

Porté au faîte de sa gloire par le public africain dans les années 90 début 2000, Koffi Olomidé n’est que l’ombre de lui-même de nos jours. Ses sorties de disque n’emballent plus. L’Afro beat nigerian a pris le pas sur la rumba congolaise dont il était le fer de lance (aujourd’hui, c’est Fally Ipupa qui en est le porte-drapeau). Les organisateurs du fameux concert pour la paix n’ont pas pris en compte ces détails. Ils sont encore nostalgiques des morceaux « Papa Bonheur », « Elle et moi » du chanteur congolais. Et cela s’est ressenti lors de la prestation de Koffi Olomidé le dimanche dernier. « V12 », « Effracata », entre autres, ce sont ces vieilles chansons que l’artiste a offertes à un public jeune et insouciant qui ne se retrouve pas dans ces morceaux. Il n’y avait que quelques poignées d’adultes qui se souvenaient du passé.

Outre le problème du micro qui a obligé Koffi Olomidé à pousser un coup de gueule avant de se raviser, il y a celui du live. Cela a entaché la prestation du « Pépé Olomidé » qui était devant ses enfants plus enclins aux playbacks servis par les jeunes artistes togolais. En réalité, le chanteur dandy congolais était en déphasage avec son public. Le « Quartier Latin » est devenu le temps d’une piètre prestation, « Quartier bambin », puisqu’à force de s’époumoner sur le podium, l’artiste s’est lui-même offert un « bain de bambin » en s’entourant des gamins qui vociféraient et ne comprenaient pas grand-chose.

Si pour le pouvoir le but est de détourner l’attention de la jeunesse en la faisant danser, il se trompe. Aujourd’hui, la jeunesse est de plus en plus consciente et cela se fait voir par sa mobilisation aux côtés des 14 partis politiques de la Coalition de l’opposition. On ne peut faire la même chose éternellement. Il faut être dans l’air du temps. Et c’est ce qui manque au pouvoir en place en recourant aux vieilles méthodes avec des artistes qui n’ont plus rien à offrir.