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Le syndicat des chefs d'État Ouest-afrcains

Togo - Opinions
LE SYNDICAT DES CHEFS D'ÉTAT OUEST-AFRICAINS

Les événements qui se déroulent en ce moment au Togo m'interpellent quant au rôle de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), union régionale embryon d'un panafricanisme économique social, financier et environnemental rêvé par nos pères, Kwame Nkrumah, Patrick Lumumba et autres Haïlé Sélassié...

Le Togo, une indépendance volée
Le Togo a connu deux faits historiques « remarquables » au cours du XXe siècle : première colonie française à arracher son indépendance en 1960 et premier pays africain à subir un coup d'état militaire dès 1963, ourdi par la France et réalisé par un ancien sergent de la coloniale, Etienne Eyadema.
Depuis ce 13 janvier 1963, une nuit profonde s'est abattue sur le peuple togolais.

Une dictature à la coréenne
La dictature militaire de Faure s'appuie à la fois sur son armée ethnique, entraînée, équipée et soutenue par la France et sur la bienveillance de cette dernière, alimentée par quelques valises bien remplies. Elle dure depuis 2005.

« C'est l'armée qui m'a offert le job », dit Faure Gnassingbé
À la mort du Général-Président, un de ses 110 enfants reconnus(!), Faure Gnassingbé, est désigné président par la junte militaire... La révolte du peuple togolais qui s'en suit est violemment réprimée: environ 1100 assassinats et plus de 40000 réfugiés. Faure Gnassingbé arrive donc au pouvoir dans un bain de sang. Que dit la CEDEAO ?
Le Président Obasanjo encourage la négociation qui aboutit, en 2006, à l'Accord Politique Global (APG), qui fixe certaines avancées démocratiques. Si ces accords permettent le retour des aides européennes, ils ne seront jamais appliqués.

Faure cherche la guerre civile
Exaspérée, l'opposition organise une manifestation coordonnée dans 5 villes du pays le 19 août 2017. La junte charge : on relève 11 morts et des centaines de blessés. Pour entretenir cet élan, l'opposition projette 2 autres manifestations les 30 et 31 août. La réaction du pouvoir est immédiate. Il programme les mêmes jours, à la même heure et aux mêmes endroits une contre-manifestation de son parti UNIR avec députés, ministres, président de la Cour constitutionnelle en tête pour « sauver l'État de droit et la démocratie » ! On croit rêver ! N'est-ce pas la preuve de recherche d'un affrontement direct, le chaos, la guerre civile ? Heureusement dans sa grande sagesse, l'opposition décide de reporter son mouvement aux 6 et 7 septembre, faisant ainsi preuve d'un sens aigu des responsabilités, à l'opposé d'un pouvoir aux abois !
Le 6 septembre, les Togolais étaient plus de 1 million dans les rues de Lomé !
Demain le 20 septembre et aussi le 21, le peuple togolais sera encore dans la rue pour réclamer le départ de Faure !
Faure doit partir et il partira. C'est le sens de l'histoire.

Et que dit la CEDEAO ?
Rien bien sûr, et pour cause...le Président de cette Institution, désigné par les Chefs d'État, n'est autre que … Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé ! Quel paradoxe !
Comment peut-on comprendre que les Chefs d'État de l'espace CEDEAO aient pu porter un Président arrivé au pouvoir dans le sang à la tête d'une telle Institution ? Quelle image et quelle crédibilité les Chefs d'État de la CEDEAO peuvent-ils ainsi donner à la jeunesse africaine d'une Institution qui se veut prestigieuse?
Aujourd'hui, seuls les anciens Chefs d'État du Ghana ( Jerry Rawlings) et du Nigeria ( Obasandjo ) ont ouvertement pris position pour soutenir le peuple togolais dans sa lutte pour la liberté.
Dans une organisation démocratique, le Chef de l'État togolais qui, de surcroît est le seul à avoir refusé la décision de la CEDEAO d'engager tous les dirigeants membres à respecter l'obligation des deux mandats présidentiels successifs, ne pourrait en aucun cas être éligible à la tête de l'organisation régionale. Il devrait d'office avoir été disqualifié...
Du reste, comment peut-on mettre et laisser à la tête d'une telle Institution un Chef d'État qui assassine ouvertement et en toute impunité ses concitoyens?
La responsabilité de la CEDEAO est lourdement engagée et sa crédibilité gravement et durablement entachée.
Je salue par contre le courage de Marcel de Souza qui vient d'affirmer publiquement sa position et par conséquent rappeler la CEDEAO à ses responsabilités en disant : "...en aucun cas, nul ne peut effectuer plus de deux mandats de cinq ans".
Je salue également l'ancien Premier Ministre béninois, Lionel Zinsou, ancien candidat malheureux à l'élection présidentielle du Bénin.
N'eût été sa vision pour son pays en reconnaissant spontanément sa défaite, le Bénin aurait basculé dans le sang. En appelant son adversaire pour le féliciter de sa victoire, il a désamorcé toute velléité de violence et de confrontation.
De même je salue Soumaïla Cissé, candidat malheureux au Mali, qui a donné l'exemple de ce qui devrait être le comportement d'un homme d'État lorsque, premier à le faire en Afrique de l'Ouest, il a appelé son adversaire pour le féliciter...
Voilà tout de même trois exemples qui peuvent permettre l'espoir dans la politique en Afrique.
Grâce à ces nouvelles figures, la démocratie finira par s'installer durablement dans les États d'Afrique.
Non, l'Afrique n'a pas besoin de Chefs d'État-syndicalistes n'ayant pour seul but que de défendre leurs membres en toute circonstance !
Oui, l'Afrique a besoin de nombreux autres Marcel de Souza, Lionel Zinsou et autres Soumaïla Cissé pour se construire une autre image et surtout pour reconquérir une certaine dignité de l'Afrique, de ses peuples et de ses dirigeants.
Le développement de notre continent est à ce prix.