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Récente pénurie du pétrole à la pompe : La Vétusté des cuves de la STE et la rupture du frelaté indexées

Togo - Politique
Du 2 au 4 janvier 2018, la capitale togolaise, principalement, a connu une pénurie des produits pétroliers, l’essence super est devenu rare comme les larmes du chien. Pour cause, contrairement à ce qu’a pensé le commun des mortels, il n’existait pas de majoration en vue, mais il existe un sérieux problème d’approvisionnement lié à plusieurs raisons. Entre autres, le mauvais fonctionnement des cuves de la STE, Société Togolaise d’Entreposage et la pénurie au Nigeria qui a essoufflé les circuits d’approvisionnement du frelaté. C’était la croix et la bannière pour s’approvisionner. L’ordre semble présentement rétabli, mais en réalité, la solution durable n’est pas pour demain, à tout moment le consommateur peut vivre le pire. Pendant quelques jours, les utilisateurs d’engins sont obligés de limiter leur déplacement, l’économie avec. Au Rendez-vous, nous avions déjà tiré sur la sonnette d’alarme, c’était dans notre livraison N° 300 du jeudi 16-03-17.
Mais pour des autorités myopes dans la gestion des affaires publiques, ce sont « les conséquences qui corrigent mieux que les conseils ». « Les pics de demande observés ces derniers jours sont principalement imputables à l’arrivée tardive des navires d’approvisionnement, générant alors des tensions dans les bacs de stockage », lit-on dans le communiqué du gouvernement. Les responsables se sont expliqués tant bien que mal, mais ce qui est scandaleux et qu’ils ne peuvent pas expliquer, est que, d’abord les cuves qui servent présentement de dépôt pour les produits pétroliers, que ce soient pour la consommation nationale au niveau de la STE ou sous régionale au niveau de la STSL, ont été construites en 1974 avec la raffinerie du pétrole. Elles sont construites comme un maillon de la chaîne de transformation de la raffinerie du pétrole. Elles devaient servir de lieux de stockage pour les besoins de la raffinerie. Entre temps gérée par une commission interministérielle, elle fonctionnait bien mais la gestion sera cédée à SHELL par la suite. Depuis presque un an, le Togo a repris la gestion de la STE en créant Togo-Oil en lieu et place de SHELL remercié. La gestion des cuves a changée de main, mais comment s’entretiennent ces cuves ?

Gestion de l’or noir au Togo, la face émergée d’une déconfiture

Tout comme les nombreux ponts construits au temps coloniaux et toujours utilisés par le trafic, ces cuves construites avec la raffinerie et qui servent de lieux de stockage ont vieilli. La plupart de ces tonneaux géants que tout le monde aperçoit en longeant la route au niveau de la défunte raffinerie et de la STE de Lomé sont en réalité des épaves debout, elles ne fonctionnent pas. A la STE, la chaine de livraison qui gère les stocks de diesel n’a aucun problème, c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la dernière pénurie n’a pas touché ce combustible, sans oublier le fait que ce combustible est très peu demandé par les consommateurs. Mais pour le SUPER, il existe en réalité, trois cuves qui servent de réservoir, dont deux cuves tombées en désuétude et l’une totalement démolie pour être reconstruite. La seconde a pu être réparée, mais une fois relancer, le pompage vers elle est devenu une calamité pour les techniciens. Il n’y avait qu’une cuve qui fonctionnait sans soucis, du moins pendant la période de la pénurie.

Ensuite, faut-il informer l’opinion que, au niveau du Nigeria, dans cette période, la pénurie a été visible, or le Nigeria est le pays qui alimente le Togo en produits pétroliers dit frelatés. C’est ici qu’il faut relever le caractère sorcier, pour ne pas dire criminel de la gestion des affaires du pétrole au Togo. L’on combat le frelaté comme si c’était une drogue, or si les vendeurs du frelaté arrêtent leur chaîne de distribution, l’importation officielle ne pourra pas alimenter tout le pays; le boudé participe à presque la moitié de l’alimentation du combustible aux Togolais, d’après nos investigations. A un moment donné une bonne partie des stations-services se sont spécialisées dans la vente du frelaté qui est versé dans leurs tank à des heures impossibles de la nuit. Au lieu d’organiser la filière du ‘’boudè’’, les autorités se comportent comme si c’était un crime que ces commerçants commettaient. Et pourtant, quand la police et la gendarmerie confisquent ces produits, ils s’en servent pour leurs engins. Ils ont des aires de stockage que ce soient dans les commissariats, au ministère de la sécurité ou dans les gendarmeries. Les produits saisis y sont exposés pour le bien de ceux qui disent combattre ce qu’ils considèrent comme fléaux. Inutile de rappeler que, à plusieurs reprises, on a pris des officiers la main dans le sac aux côtés des importateurs du Boudé. Voici le caractère criminel de la gestion de cette histoire de produits pétroliers où, contrairement à ce qui devaient se faire, l’Etat est à la fois, importateur de stock et fixateur des prix à la pompe. C’est du scandale que ça accouche quand des analphabètes gèrent une République à leur propre image.

Tout comme ils n’ont rien pu faire pour anticiper le mal dans la gestion de ces cuves, c’est de même qu’ils ont attendu que les ponts, tels que le pont d’AMAKPAPE commencent par s’effondrer avant qu’ils ne se réveillent, or la plupart de ces ponts sont construits par le colon. Ils ne savaient même pas qu’un pont mérite des visites techniques de façon annuelle tout comme un engin roulant. Et pourtant, il existait à l’époque un service budgétivore dénommé FER, Fond d’Entretien Routier, à l’époque. Aujourd’hui, les cuves tombent en lambeau, ils savent enfin qu’un bac construit depuis 43 ans a une durée de vie et il mérite un entretien. Ils se sont précipités pour avancer que c’est un problème de commande. Faux, même si cela fait partie des raisons, les vrais motifs sont ailleurs. D’ailleurs, même s’il n’avait que cette raison, puisque ce sont les mêmes villageois aux commandes qui lancent les commandes et gèrent les stocks, à qui donc la faute ? Et avec tout ceci, des gens ont eu la chance d’avoir une population pacifique, qui leur demande poliment de vider le plancher, mais ils s’y accrochent car ils ne peuvent vivre que dans un environnement mafiosique, fait de trafics de tout genre, où ils se couvrent et se protègent dans le crime. Combien de temps résisteront-t-ils encore quand ils n’ont « plus au trône qu’un rocher et pour royaume un coin dans le maquis », dixit le très réputé chanteur Louis Tassane ? Pour comprendre davantage ce que traverse présentement le circuit d’approvisionnement du pétrole, nous vous reprenons quelques séquences de notre dossier qui pouvait permettre à Faure et sa bande de se corriger à l’heure.

Extrait du Rendez-vous N° 300

« S’il existe un pan de la vie publique togolaise qui reflète une réelle opacité atypique à la gestion nationale, c’est bel et bien la gestion des produits pétroliers. Plus le temps avance, plus la vérité se dégage sur la gestion de la manne pétrolière. Un rapport suisse est venu confirmer nos informations et nous encourager à terminer les investigations même si tout n’est pas à publier. On sait désormais à quoi ressembles les décideurs togolais quand ils s’invitent dans le juteux jardin de l’or noir. « Au pays de la patience, c’est le temps qui soigne tous les maux ». Nous étions dans les années 70, la guerre du Biafra entretenait encore l’actualité. La France crée la CEAO, Communauté Économique de l’Afrique de l’Ouest. Celle-ci soutient les sécessionnistes Ibo au Nigeria. Étienne Eyadema est déjà président du Togo et l’un des rares appuis du Nigeria fédéral de Yakubu Gowon. Il sert de partenaire stratégique. Même les armes ont transité par Lomé pour Lagos. Dans la foulé, celui qu’on finira par baptiser ‘’le père de la Nation’’ envoie Edem Kodjo auprès de son homologue nigérian éprouvé par la guerre. Il fallait créer la CEDEAO. L’idée a germée au Togo, elle prend corps au Nigeria. Ce dernier regroupement aidera le Nigeria à gagner la guerre contre ODJOUKU. Entre autres dispositions pour encourager les adhésions à la CEDEAO et décourager la CEAO, tous les États membres, à commencer par le Togo, avaient des avantages inouïs dans les puits pétroliers nigérians. Entre autres, les pays membres avaient « un crédit fournisseur’’ de 90 jours », c’est-à-dire, quand ils achètent leur pétrole au Nigeria, ils avaient trois mois pour payer après enlèvement des barils. La NNPC, Nigerian National Petrol Company a reçu des instructions fermes pour faire des largesses aux États membres de la CEDEAO.

La CEAO est essoufflée et fini par disparaître après plusieurs démissions au profit du nouveau-né du couple Eyadema-Yacubu Gowon. Au même moment, le monde venait de sortir de la première crise pétrolière de 1973. Les Etats africains prennent des mesures pour être à l’abri d’une autre crise, voici donc une aubaine à saisir. Notre pays se fait le devoir de monter une raffinerie en comptant, bien sûr, sur le brut nigérian et les avantages y afférant. Le Togo devait raffiner le pétrole Nigérian non seulement pour sa consommation nationale mais aussi au profit des pays de l’hinterland. Une raffinerie, montée à 11 milliards de CFA pour une capacité annuelle de 1 millions de tonnes de brut est installée. Commencée en 1974, les travaux dureront 3 ans. Mais le projet ne semble pas avoir bien réfléchi. De l’avis des spécialistes à qui nous avions tendu le micro, une raffinerie est une lourde machine techniquement et financièrement parlant.

Quand ils sont lancés, il faut au moins un mois pour que tous les compartiments rentrent en fonction. Il faut alors s’assurer d’avoir permanemment le brut-non-stop pendant au moins 5 ans avant de lancer la machine à raffiner. Étouffée dans l’œuf par les difficultés diplomatiques avec le Nigeria donc un approvisionnement difficile, des salaires démesurés d’un personnel pléthorique et peu qualifié, les syndromes de la faillite des sociétés d’état, la raffinerie ne fonctionne en plein temps que de 1978 à 1981. Un éléphant blanc de plus venait de naître. Au Nigeria, les lignes bougent, les présidents se succèdent sur fond de brouilles diplomatiques et les avantages accordés aux membres de la CEDEAO sur le pétrole du Nigeria tombent les uns après les autres. Le Togo, le seul pays qui, sans être producteur a compté sur le brut nigérian pour installer une raffinerie, prendra un terrible coup. Notre pays n’achète plus au Nigeria. Mais déjà on s’est endetté de 16 milliards CFA face au géant fournisseur. Toutefois, un premier allégement de la dette, consécutif à la coupure de la coopération avec le Togo, réduit l’ardoise à 11 milliards. Ensuite un second, sous Faure Gnassingbé, à 5 milliards, mais jusqu’à un passé récent rien n’a toujours été fait pour effacer ce reliquat de dette. L’unité de traitement de l’or noir est, quant à lui, totalement essoufflée. Mais ses cuves avec une capacité de stockage de 240.000 m3 deviendront un dépôt côtier loué au pétrolier SHELL et suivi dans un premier temps par une commission interministérielle.

Avec cette commission interministérielle, d’un demi-milliard de dividendes la première année, la gestion des cuves a prospéré pour générer un milliard et demi de dividende annuelle. Mais très tôt, celle-ci est transformée en une société d’économie mixte, où elle n’apporte à l’Etat qu’un demi-milliard comme dividende. On y compte dans la nouvelle gérance des investisseurs togolais, SHELL et l’État togolais. Il y a quelque mois que SHELL s’est vu retirer la gestion des cuves de la raffinerie. L’on nous fait comprendre que c’est un pan stratégique de la vie nationale. Il faut noter que, longtemps géré par SHELL, la STSL est un dépôt côtier pour plusieurs pays, pendant que la STE reste un dépôt pour le besoin national. Les opportunités pour réhabiliter ces cuves n’ont pas manqué. Tout récemment, entre fin 2008 et début 2009, une société nigériane du nom de ‘’UNIGLOBAL’’ se pointe et ouvre les négociations avec le Togo.

La raffinerie a trouvé preneur. Elle devait être réhabilitée, le ministre Damipi Noupokou des Mines de l’énergie et de l’Eau a avancé avec le Nigérian basée en Sierra Leone. UNIGLOBAL s’engageait aussi à effacer les 5 milliards de dette entre le Togo et son ancien fournisseur le Nigeria, pays d’origine de UNIGLOBAL. Le Business pétrolier entre le Togo et le producteur nigérian devait reprendre. Le Togo pouvait renouer avec l’approvisionnement chez le voisin et donc faire tomber les prix quand on sait qu’à un moment donné, les pétroliers togolais s’approvisionnent jusqu’au Venezuela. Mais les magnas du pétrole empêchent le Nigérian de reprendre la raffinerie malgré l’aval du gouvernement. Leurs intérêts sont ailleurs, peut-être sur la mer. Pour les produits pétroliers bruts, le marché international a trois grands pôles d’approvisionnement, Londres, New-York et Singapour. Mais les produits finis existent partout car la politique commerciale est de s’approcher de plus en plus des consommateurs. Après le clash avec le Nigeria, les pétroliers togolais se seraient tournés vers la Libye mais après le départ de Kadhafi, ils doivent avoir côtoyé le milieu arabe.

Quand un pays est juge et parti

D’après les informations recueillies auprès des experts d’un géant pétrolier de la place et de certains pétrochimistes indépendants qui nous ont parlé sous couvert de l’anonymat, « avant 2008, ce sont les sociétés pétrolières qui importaient et l’État suit la fixation des prix ». Ainsi, quand les produits sont livrés, pour que l’État ne se trompe pas, il existe une cellule pour le suivi. Il y avait donc une cellule interministérielle à cette fin. Mais à un moment donné, sans crier gare, la cellule de suivi est devenue importatrice sur la base d’un conflit survenu dans les activités pétrolières. L’État togolais est donc juge et partie par le truchement de l’ex-cellule de suivi devenue importatrice. La structure étatique qui importe jusqu’ici est logée au premier étage du ministère du commerce.

Monsieur ADJAKLI, est le maître du couvent. Formé en Chimie organique, il a d’abord travaillé à CIMAO avant de parachuter à SHELL d’où il se retrouvera actuellement le prêtre des dieux du pétrole. En retraite depuis des années, il gère ‘’le Sésame’’ avec son propre fils. A côté, un autre fils veille au grain, le fils à Barry Moussa Barqué. C’est ainsi que, si aux débuts le Togo avait des pôles d’importation bien connus, depuis un temps, la quasi-totalité des produits pétroliers consommés au Togo sort d’une nébuleuse. L’État achète principalement les produits pétroliers auprès de ‘‘Trafigura’’, un ‘‘trader’’. Ce ‘‘marcketeur’’ est l’un de ceux qui sont épinglés dans les mélanges toxiques en eaux togolaises pour la sous-région. Et pourtant, dans les normes reconnues par la banque mondiale, un pays n’achète pas les produits pétroliers gré à gré.

C’est après un appel d’offre international que le fournisseur est désigné pour tous produits confondus. L’opacité est totale, il est même arrivé un temps où, le sieur Adjakli fut interpellé par des services de sécurité togolaises afin qu’il s’explique sur la gestion de son département. Les petits dieux de l’or noir vous diront qu’ils lancent les appels d’offre pour la fourniture des produits. Mais la grande surprise est que, d’après nos recoupements, c’est toujours le même marqueteur qui arrache les marchés, une forme de marchés bloqués, ne chercher pas à en savoir plus. Dans la pratique, les pétroliers peuvent utiliser ‘‘l’achat à terme’’, où ils achètent une certaine quantité à livrer dans trois mois, ou encore ils utilisent ‘’le marché spot’’ qui est un achat de jour le jour selon les besoins.

Depuis qu’économiquement les sources de revenue tarissent par la faute d’une gestion scabreuse, les autorités pensent aux secteurs porteurs. C’est du Togo que les pays de l’hinterland prennent leurs commandes pétrolières. Il faut remettre les cuves de la raffinerie dans leur traditionnel rôle de stock stratégique sous régionale, SHELL est renvoyé. On aurait pu dire bravo, si l’on avait la certitude que la prochaine gestion des cuves profiterait aux Togolais ordinaires. Le départ de SHELL laisse un double héritage à l’Etat togolais, la gestion des stations-service et les cuves ». En attendant de vous éclairer sur la situation actuelle, cet écrit entre guillemets n’est qu’une réédition d’un dossier qui disait tout.

ABI-ALFA/Le Rendez-Vous