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2017 entre survie social et réduction de la dette : bilan

Togo - CHRONIQUE - Finances et Economie
C’est l’heure du bilan socio-économique de l’année 2017. D’une façon générale, le forum de l’AGOA en août, ouverture des frontière 24/24 entre le Togo et le Ghana, inauguration d’une usine de cimenterie à Kara, aménagement de quelques espaces agropoles et la construction de quelques marchés à l’intérieur du pays… ont essentiellement marqué la vie économique du pays.
Sous le poids d’une énorme dette à hauteur de 81% du PIB, le Togo a dû se plier en fin d’année à la politique d’austérité du FMI, en échange d’un programme de Facilité Elargie de Crédit à hauteur de 241,5 millions d’euros sur trois ans. Ce qui ne laisse pas un bon présage social en 2018 dans un pays où la politique économique de 2017 a été loin des espoirs, en ce qui concerne le panier de la ménagère.

Avec une économie essentiellement tournée vers le secteur primaire (industrie extractives, agriculture), le Togo n’a pu échapper à la chute des produits des matières premières cette année. Néanmoins, elle est restée performante avec près de 40% de contribution au PIB et 60% d’emplois (la plupart dans l’informel).

Troisième année du mandat social, selon la promesse quinquennale du chef de l’Etat, la lutte pour ramener la dette à 56,4 % du PIB à l’horizon 2022, tout en investissant dans le social (santé, éducation, lutte contre la pauvreté) a connu sa part de difficultés en 2017.

Les investissements fleuves de ces dernières années n’ont pas eu d’effet sur la vie sociale

Quelques routes faites dans les capitales et à l’intérieur du pays, de nouveaux marchés construits, la nouvelle aérogare de Lomé qui relève une légère croissance du trafic aérien, la rénovation de l’hôtel 2 Février, le PUDC, le volontariat… semblent n’avoir d’impact directs et atténuateurs que sur un minime couche, celle qui a toujours bénéficié des privilèges. « La campagne politique autour de ces investissements les ont surestimés et donné un espoir aux populations qui n’en peuvent déjà plus avec la misère », constate un économiste.

Le port Autonome de Lomé, poumon économique du pays, ne semble toujours pas avoir retrouvé sa capacité d’autan.

La mauvaise gouvernance et l’opacité dans la gestion des deniers publics

Avec environ 37 milliards de F CFA investis pour la rénovation du somptueux hôtel Radisson Blu dans le cadre d’un partenariat public-privé, le partenaire mauricien Kalyan Hospitality Development Limited a finalement boudé le contrat alors qu’il en avait pour 35 ans. Pour cet acteur privé, l’administration de Faure Gnassingbé ne roule pas comme un bon partenaire étatique en matière de gestion.

La gestion faite des nombreux prêts que contracte l’Etat laisse à désirer. L’absence de la réédition des comptes dans les sociétés d’Etat est bien à la hauteur des hauts soupçons de détournements que le chef de l’Etat ne semble avoir la volonté d’éclaircir.

Il a fallu le gendarme FMI pour que l’administration de Faure Gnassingbé prenne l’engagement d’auditer les deux banques publiques (BTCI et UTB) au cours de cette année 2017. C’est aussi en début de cette année, que l’Etat a débloqué à nouveaux 30 milliards pour la réfection d’une route pour laquelle 26 milliards de F CFA avaient déjà disparu, sans aucune justification.

C’est dans ce climat que l’autorité publique se félicite toujours de sa gestion de la chose publique en 2017 et promet une année meilleure en 2018.

Le budget de l’année prochaine s’équilibre en recettes et en dépenses de 1.321,9 milliards FCFA. Celui de l’année 2017 a été de 1.227.4 milliards. Soit une augmentation de 7,7%.

Selon plusieurs économistes dont Nicolas Lawson, ce budget n’est que cosmétique. C’est « irresponsable » de voter un budget en hausse de 94 milliards de F CFA pour un pays en crise depuis 5 mois.

Les enseignants, les professionnels de santé, les agents du ministère de la fonction publique, les gardes pénitentiaires, les greffiers… ont fait parlé d’eux cette en 2017 avec des plateformes revendicatives autour de leurs conditions salariales, mais aussi la qualité du cadre de travail. Aucune de ces revendications n’a été satisfaite et les revendicateurs promettent une année d’enfer pour 2018. C’est toujours devant ces revendications que l’autorité publique reconnait les difficultés économiques en paradoxe à leurs éternels bilans économiques qui indiquent que tout va bien.

Si l’année 2017 a commencé avec un hausse des prix des produit pétroliers à l’affût de protestations réprimées, avec un mort et plusieurs blessés par balles en février, la fin de l’année a été relativement stable avec une deuxième réduction des prix du carburant en septembre, après celle du 28 juillet.

Cependant, on ne peut prétendre à une année 2018 socialement et économiquement meilleur quand on sait que le FMI oblige l’Etat à travers le programme de Facilité Elargie de Crédit (FEC) à serrer les ceintures, histoire de réduire son énorme dette de 81% du PIB à 56,4 % du PIB en 3 ans. Mais ce serait chose quasi-impossible, surtout avec la crise socio-politique qui perdure.

A. Lemou