Pour bien faire, il a eu cinquante années Mais en quoi donc les a-t-il transformées ? Cinquante années dans la vie d’une nation Pour poursuivre sa construction pierre par pierre Mais n’ayant aucun plan, aucune vision Entrant en scène par un acte sanguinaire Le problème dans lequel s’empêtre ce clan Est qu’il ne peut sortir d’un règne de sang
Est-ce vrai que dans le sang ce clan s’empêtre ? Nous devons être plus nuancés peut-être. Ce qu’il voudrait, c’est tranquillement y nager Pour ce clan-là, c’est simplement vital Régner, même vomi, est le principal Même si pour cette fin il faut égorger Des êtres humains comme on fait des moutons Le sang jaillit pour la joie des poissons !
Et vous entendrez ces monstres marins Chanter : on est sereins ! On est sereins ! Puisque le fleuve rouge coule en abondance Mais ils n’ignorent pas que leur fin commence Et ils en tremblent, cela vous saute aux yeux Ils trépignent, bondissent, sautent, volent en tous lieux A la recherche désespérée d’appuis Peut-on qualifier de paisibles leurs nuits ?
Vous ai-je bien dit poissons ou monstres marins ? Ces bêtes méritent tout nom sauf êtres humains Car une main humaine qui tient un couteau Et s’apprête à le plonger dans un cou Tremble si elle est guidée par un cerveau Pèse le pour et le contre avant tout. Aucun cerveau vraiment humain n’échappe Quand la main veut frapper à cette étape
Que ce soit par les balles, le bois, les feux L’homme accomplit des actes monstrueux Qui d’heure en heure le vident de toute valeur A mesure que grossit le fleuve d’horreur. En dépit du discours et de l’argent Diffusés, répandus ici, là-bas Pour cacher les vols et les assassinats, Le glas sonne pour ce clan vil, arrogant.
Leur grand manteau qui d’abord éblouit Porté cinquante ans, de jour comme de nuit Ne cache plus rien malgré ses multiples plis Manteau de mensonge, vous l’avez compris Usé au point de devenir haillons Qui ne connaît ses poches de mauvaise foi ? En tout cas nous Togolais en rions Et le monde en rira, ça va de soit
Chacun sait maintenant ce que valent leurs mots Et ils ne peuvent plus nous prendre pour des sots. Ils ont parlé, écrit, lu République Pour cinquante ans de règne dynastique Et même s’ils jouent la comédie des sourds En persévérant dans l’atrocité Ils entendront sonner ces derniers jours L’heure de la fin du règne d’obscurité.
Messieurs-dames, que voulez-vous que ce régime dise ? Dont la nature même s’appelle crise ? Que le peuple aille á une même table (Peuple à merci taillable et corvéable) Soi-disant pour négocier avec lui ? Le bilan des morts de jour comme de nuit ? Des battus, blessés, victimes en grand nombre Celles au grand jour et celles cachées dans l’ombre ?
Mille et une fois ils ont promis la vie Mais à condition qu’on sacrifie Mille et une fois nos vies sur l’autel du pouvoir La sécurité fleurit sur leurs lèvres Mais tentez d’entrer dans ce mot pour voir Vous vous retrouverez en pleines ténèbres Leur chant préféré, réconciliation Est l’appel à la biche par le lion
Quand il ne tue ni ne blesse, il achète Sexe, ventre, boyaux, cœur, mains et tête Il croit l’appât du gain irrésistible Un peu comme le roi Achab de la Bible Lui et ses Jézabel qui sont légion N’acceptent pas l’idée même qu’on leur dise non Ils en deviennent soudain malades et fous Prêts à frapper quiconque de tous les coups
Jézabel a fait tuer l’innocent Combien de femmes ont part au bain de sang Que l’armée prépare pour notre Tohossou , Ce roi des eaux qui dilapide nos sous Et sans compter ici, là, les répand Dans quelque main qui vers lui se tend Lui promettant avant tout son soutien Pour conserver le trône, son ultime bien
Le tyran utilise tous les moyens Recourt à l’armée, pire aux miliciens Animaux ayant un aspect humain Que dirige seulement la loi de leur gain Dans tous les lieux où cette funeste bande passe Elle viole, égorge et émascule sans grâce Cette bande obscure, débridée et sinistre Se défendrait, dit un prétendu ministre
Les plus grands exploits de ces cinquante ans Sont partout connus : le meurtre des enfants Éteindre les petits soleils et les petites lunes Pour nous priver de nos lumières communes Est-ce là la raison d’être de ces autistes Pour qui certains arguments tribalistes Ont plus de poids que ceux qui fondent une nation ? Du pouvoir ont-ils une autre conception ?
Auraient-ils pu nous faire vraiment du bien ? Après le crime, ils ont promis la paix Mais par d’autres crimes le régime se maintient Et le peuple attend durant cinquante ans Décortiquant les discours et les faits Pour déceler en quoi le tout concorde : C’est par des mensonges de plus en plus grands Qu’il tente de nous mener comme par une corde
Qu’on l’appelle assemblement ou unir Le peuple aujourd’hui veut briser cette chaîne En fait de la fausseté et du crime Prenant lui-même en main son devenir Surmontant ses souffrances et sa peine Pour parvenir pas á pas á la cime De la riche montagne de son âme dorée La vision caressée et adorée !
Nous y rejoindrons notre Peuple-qui-vient Notre Grand Peuple de l’Afrique toute entière C’est-á-dire le Peuple révolutionnaire Marchant d’un pas peut-être lent mais certain Pour réaliser á quoi le sort l’appelle : Sa place dans la lumière universelle Marche mon grand peuple, le front toujours haut Que tu es valeureux, que tu es beau !
Sénouvo Agbota ZINSOU
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