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Violences des milices parrainées par le gouvernement : Washington et Paris mettent en garde Lomé

Togo - Politique
Les différents rapports sur les massacres de 2005 qui ont permis à Faure Gnassingbé de capter le pouvoir n’ont pas encore connu de suite judiciaire que le régime en proie à une contestation sans précédent tente de rééditer le même exploit macabre. Ceux qui ont eu l’idée funeste de mettre dans la rue les milices lors des marches du 18 et 19 octobre derniers et qui s’apprêtent à faire les mêmes choses lors des prochaines manifestations, avec même l’idée de rééditer le scenario de 2005, doivent surseoir à leur aventure mortifère, au risque cette fois-ci de s’attirer de graves ennuis.

Les images d’individus en civils, armes au poing, machettes et gourdins à la main ou dans des voitures 4X4 flambant neuf que YarkDamehane a maladroitement présentés comme des groupes d’autodéfense dans une République ont fait le tour du monde. Il en est de même de leurs actes, notamment les violences perpétrées contre les citoyens, les manifestants, les violations des domiciles. Au sein de la communauté internationale où le régime des Gnassingbé a un lourd bilan en matière de violations des droits de l’Homme, c’est la consternation, mieux, la colère. Et c’est de Washington qu’est venue la première réaction sur fond d’une mise en garde sévère. Au département d’Etat, on parle clairement de milices parrainées par le gouvernement.

Selon plusieurs sources, les USA auraient même une liste des commanditaires civils comme militaires qui pourraient faire l’objet de poursuite, au cas où ce scénario se rééditait. « Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par l’escalade de la violence et les restrictions à la liberté d’expression et de réunion au Togo liées aux protestations sur les réformes constitutionnelles proposées. Nous sommes particulièrement préoccupées par les informations faisant état d’un recours excessif à la force par les forces de sécurité et signalons que des milices parrainées par le gouvernement utilisent la force et la menace de la force pour perturber les manifestations et intimider les civils. Les Etats-Unis sont également préoccupés par la décision du gouvernement de restreindre les manifestations pendant la semaine de travail et d’arrêter un imam éminent dans la ville de Sokodé », a déclaré Heather Nauert porte-parole du Département d’Etat qui a ajouté : « Nous appelons le gouvernement togolais à défendre les droits humains de ses citoyens, notamment leur liberté d’expression, de réunion pacifique et de liberté sur Internet, et à faire en sorte que toutes les personnes arrêtées lors des manifestations bénéficient du droit à une procédure régulière ».

C’est la première fois depuis des dizaines d’années que le Département d’Etat lui-même prend une position claire et nette sur les évènements qui secouent le Togo avec la vague de violences qui vont avec. C’est dire qu’à Washington, on a désormais pris la mesure de la situation et le cas togolais est suivi de très près. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est au tour de Paris, notamment du Quai d’Orsay c’est-à-dire le ministère des affaires étrangères de la France de s’inviter dans la même journée dans la danse, avec presque les mêmes propos.

« La France reste attentive à l’évolution de la situation au Togo. Nous condamnons les violences qui y ont été observées. Nous sommes préoccupés par les rapports sur la présence d’hommes en civil aux côtés des forces de l’ordre, pouvant s’apparenter à des milices. Nous souhaitons que le gouvernement togolais respecte le droit de manifester. Les manifestations doivent s’exprimer de façon pacifique », a répondu le porte-parole du Quai d’Orsay, en question à une réponse lors du point de presse du 25 octobre. Pour plusieurs observateurs et analystes, ces deux réactions constituent une sévère mise en garde pour Faure Gnassingbé et ses extrémistes qui se sont déjà illustrés par le passé en faisant des centaines de morts.

La réaction de Washington qui qualifie l’imam de Sokodé enlevé d’« éminent » est un sanglant désaveu au régime qui voulait le faire passer pour un dangereux prédicateur, un terroriste pour être clair. Les revers sur le plan diplomatique continuent pour Faure Gnassingbé. C’est le masque d’un régime sanguinaire qui tombe en quelques semaines après plus d’une dizaine d’années de lobbying diplomatique au cours duquel les suppôts du régime n’ont vendu que du cosmétique aux partenaires. La réalité est bien triste.

Les dernières révélations de «Jeune Afrique» sur l’implication du régime de Faure Gnassingbé dans le coup d’Etat de Gilbert Diendéré au Burkina Faso contre les institutions de la transition de ce pays ne participent en réalité qu’à enfoncer le régime et amener les tenants de Lomé à faire profil bas.

Un dialogue pour la sortie de Faure Gnassingbé en 2020 ?

Washington et Paris appellent à un dialogue entre les acteurs de la crise. Alassane Ouattara, dans un point de presse après le mini-sommet de la CEDEAO organisé le mardi à Niamey, a exposé trois pistes pour une sortie de crise. Il faut le préciser, aucun président de la CEDEAO ne prendra publiquement la parole pour humilier Faure Gnassingbé, mais la situation dans les coulisses est moins confortable pour le locataire du palais de la Marina.

Les chefs d’Etat de la CEDEAO demandant clairement à Faure Gnassingbé de s’engager à renoncer au pouvoir en 2020 au terme de son troisième mandat. Une proposition que rejette l’intéressé qui souhaite en briguer un quatrième, et peut-être un cinquième. A Niamey même si les propos du Président Alassane Ouattara sont restés ambigus et ont paru très confus, il n’en demeure pas que lors de la réunion à huis clos, les chefs d’Etat ont rappelé à leur collègue du Togo la nécessité pour lui de s’engager à quitter le pouvoir en 2020 pour préserver la stabilité dans son pays et, au-delà, dans la région.

La France qui suit ce dossier de très près souhaite que la crise politique au Togo soit dénouée avant le prochain sommet UE-Afrique prévu fin novembre à Abidjan. Le refus de Faure Gnassingbé de donner une suite favorable aux pistes de solutions de ses pairs de la région va certainement envenimer la situation et l’isoler davantage sur la scène régionale.

Une chose est certaine, malgré les répressions, les violences des milices, les 14 partis de l‘opposition ne lâchent rien. De même que les Togolais de la diaspora qui font ces jours-ci un lobbying afin que la CPI (Cour Pénale internationale) s’invite dans le cas du Togo. Le prochain test pour l’opposition, mais aussi le pouvoir, sera les manifestations des 7, 8 et 9 novembre prochain