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Le dernier combat

Togo - Opinions
Togo : un abattoir d’hommes

Mme Awa Nana, recommence ta purification ! Cela va être un travail de Sisyphe ou de Pénélope pour toi, un éternel recommencement aussi longtemps que les Machiavels, à la solde de qui tu es et que tu sers avec zèle, resteront au pouvoir. Le Togo est souillé de sang. Il y a du sang partout. Il y a du sang à Mango, à Dapaong, à Bafilo, à Anié, à Sokodé, à Tchamba, à Lomé, à Aného, à Atakpamé, à Kpalimé, à Vogan, à Tsévié, à Tabligbo. Bref, il y a du sang dans toutes les villes et dans tous les villages du Togo. Les gens du RPT/UNIR ont du sang sur les pieds et sur les mains, leur corps est souillé de sang. Leurs habits sont rouges de sang. Leur intérieur pue le sang, leur âme pue le sang. 811 personnes de tuées selon certains, 500 selon d’autres seulement pour se hisser au pouvoir, alors que le Togo n’est pas en guerre. Des centaines et des centaines de blessés, des milliers et des milliers poussés à l’exil. Et comme si cela ne suffisait pas, chaque jour que Dieu fait, on continue de tuer au Togo. Les Togolais sont-ils devenus des animaux de l’abattoir ? Les gens du RPT/UNIR ont transformé le Togo en un abattoir d’hommes. Il y a tellement de sang qui a coulé et qui coule qu’ils en sont gênés et veulent purifier le Togo. Oui, on ne purifie que ce qui est souillé, moralement parlant. Nous sommes d’accord. Les gens du RPT/UNIR sont-ils devenus, la gêne et la honte obligent, des puritains ? Ils veulent débarrasser le Togo de la souillure morale puante devenue gênante et honteuse pour eux. Jamais on n’a vu le sang couler même dans un abattoir d’animaux. Il y a trop de sang répandu sur tout le territoire togolais. Il y a trop de morts. Au Togo, tout est rouge de sang des Togolais. Les rues, les lagunes, les fleuves, les lacs, les rivières, la mer, les forêts sont rouges de sang humain. Le regard des gens du RPT/UNIR n’arrive plus à supporter la souillure et ils ont pris la décision de purifier le pays dans son entier. La prétendue purification a duré du 3 au 9 juillet 2017. Et déjà le 19 août 2017, il y a encore effusion de sang. Que peut-on en dire ? On dirait que les gens du RPT/UNIR se lavent les pieds souillés de boue dans « la boue puante » comme le dit Héraclite d’Éphèse parlant de la religion de son temps qu’il rejetait : « ‘‘ Si ce n’était à l’honneur de Dionysos qu’ils font des processions et chantent le honteux hymne phallique, ils agiraient honteusement. Mais le Hadès est semblable à Dionysos qu’ils célébraient par des folies et par des fêtes de cuve à vin. Vraiment, ils se purifient en se souillant de sang, exactement comme un homme maculé de boue irait se laver les pieds dans la boue’’. » (Héraclite cité par Bertrand Russell, Histoire de la philosophie occidentale en relation avec les événements politiques et sociaux de l’Antiquité jusqu’à nos jours, traduction d’Hélène Kern, Paris, Gallimard, 1952, p. 61.) Les gens du RPT/UNIR disent qu’ils purifient le Togo en le faisant avec du sang. Du 3 au 9 juillet 2017, on a vu des gens habillés en tenue traditionnelle, on les a écoutés chanter « le honteux hymne » de purification, jouer le tam-tam en dansant, en se déhanchant. On les a vus entrer en transe par des folies et par des fêtes de cuve à sodabi. À peine ont-ils fini leur soi-disant purification qu’il y a encore effusion de sang. Le pays est encore souillé. C’est dire pour terminer qu’on ne peut pas prendre Faure et ses affidés au sérieux. Ce sont des Machiavels. Leur purification, c’est comme si on chantait. Ça n’a pas eu d’effet. Autrement dit, les Dieux ont refusé une telle purification et demandent le départ sans condition de Faure. C’est l’interprétation que l’on peut donner à ce phénomène puisqu’il y a encore effusion de sang, alors qu’on a crié sur tous les toits que le pays est purifié.

L’art de la politique
Je m’adresse ici aux jeunes et aux hommes politiques togolais. Ce combat que nous menons aujourd’hui doit être notre dernier combat. Voici une stratégie militaire qui ne trompe pas et que nous recommande Sun Tzu, même si nous ne sommes pas en guerre : « Lorsque l’ennemi progresse, nous battons en retraite ! Lorsque l’ennemi s’arrête, nous harcelons ! Lorsque l’ennemi cherche à éviter le combat, nous attaquons ! Lorsque l’ennemi bat en retraite, nous poursuivons ! » (Sun Tzu, L’art de la guerre, traduction de Francis Wang, Paris, Flammarion, coll. « Champs essai », 2008, p. 102) Je ne suis pas un stratège de la guerre, mais la stratégie du combat politique dans le cas du Togo est de foncer tel un aigle sur sa proie lorsque l’ennemi fait du dilatoire en parlant du referendum pour gagner du temps. On l’accule, on le harcèle, on l’encercle et on se déchaîne sur lui par toutes sortes d’actes. On ne fléchit pas. Il y a du mou dans vos actions, les jeunes togolais. C’est pourquoi, Faure n’a pas peur. Il saute d’avion en avion pour aller se promener avec notre argent. Il dort paisiblement sur son mol oreiller sans être inquiété le moins du monde. Il se fiche éperdument de nous, du peuple togolais. Lorsque l’ennemi cherche à éviter le combat, on l’attaque avec énergie et bravoure, on le harcèle. On le force à avoir le moral à zéro. Pour cela, tous les moyens sont alors bons et la fin les justifiera. Cinquante ans de lutte sans victoire. Cinquante ans de défaite, d’échec pour un peuple. C’est notre dernier combat. Le moment est arrivé de sonner à tout jamais le glas au régime cinquantenaire dictatorial des Gnassingbé. Je parle aux jeunes qui me liront. Et vous qui me lirez, vous vous ferez l’écho de ce que je dis aux autres. Je fais partie comme vous de ceux qu’on appelle au Togo « les générations sacrifiées ». Prenez votre destin en main ! Vous le savez comme moi qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. C’est la rue comme le disait la dernière fois en France Jean-Luc Mélenchon qui a fait partir certains rois de France. C’est la rue qui a également fait partir les tsars de Russie. Tout récemment, c’est toujours la rue qui a fait partir Zine el-Abidine Ben Ali de Tunisie, Hosni Moubarak d’Égypte, Blaise Compaoré de Burkina- Faso. Le mou et le surplace donnera encore le temps au régime de nous circonvenir, de nous flouer. C’est pourquoi je dis que c’est bien d’envahir les rues, mais c’est mieux d’agir et de réagir sans rien casser, en étant vif, vigoureux. Surprenez ! Marcher pour marcher ne servira à rien. Nous en avons vu les limites. Le pouvoir diabolique de Faure vous laissera vous user et reprendra, par conséquent, du poil de la bête. Nous avons le vent en poupe. Profitez-en ! Faites comme des abeilles ! Votre travail aujourd’hui doit être comme celui des abeilles : « Si l’abeille, depuis des siècles, est louée pour son ardeur au travail, la rigueur de son organisation et son aptitude au sacrifice lorsqu’il lui faut piquer – et donc mourir – pour défendre la colonie, cet insecte, social par excellence, mérite aussi que l’on fasse l’éloge de son sens politique. ‘‘ Les fourmis et les termites sont capables de déployer des formes d’organisation très complexes, mais l’abeille dispose, de surcroît, d’un système de communication particulièrement sophistiqué. Cela change beaucoup de choses’’. » Le travail d’organisation est parfait. Il ne reste qu’à piquer. La politique, c’est aussi l’art du verbe. Communiquez entre vous, parlez entre vous et piquez au vif ! Faites tout ce que vous devez, vous pouvez faire contre vents et marées pour faire partir Faure Gnassingbé ! C’est ça la politique qui « est l’art d’arriver par n’importe quel moyen à une fin dont on ne se vante pas. » (Jules Romains) La fin justifiera les moyens. Du courage ! Du courage ! Du courage ! Nous vaincrons ou nous mourons dans la dignité en martyrs sous les balles des traîtres.

Aux philosophes-ministres dans le gouvernement de Faure
Je parle ici aux philosophes-ministres qui sont dans le gouvernement de Faure. Qui démissionnera le premier ? Qui claquera la porte le premier ? Vous êtes épris de valeurs. Vous êtes des hommes hors pair, uniques, exceptionnels en votre genre. Vous êtes sans égal. Les valeurs, c’est votre étoffe de philosophes. Vous avez de l’étoffe et c’est ce qui vous caractérise. C’est ce qui vous fait en tant que philosophes. Et il ne peut en être autrement. Socrate disait, et vous le savez comme moi, qu’« être philosophe ne consiste pas à savoir beaucoup de choses, mais à être tempérant. » Être tempérant, c’est avoir le sens de la proportion convenable, du juste milieu, de la juste mesure de la raison. Ni trop ni moins. C’est cela la tempérance. Lorsque les philosophes se trouvent dans un gouvernement qui verse dans l’excès, qui tue les paisibles citoyens, qui dit une chose et fait son contraire, lorsque le gouvernement est incohérent aussi bien dans ses dires que dans ses actions, les philosophes ne peuvent pas se taire. Lorsque les philosophes trouvent que ce que le peuple demande est légitime, ils ne peuvent pas se taire. Ce n’est pas leur genre. Le mutisme coupable dans lequel vous vous murez actuellement est un manteau qui vous convient comme une guêtre à un lapin ou comme un tablier à une vache. Le philosophe n’a pas peur des mots. Il dit la vérité au mépris de sa vie, de son poste. Il est fait de vérité et il ne peut que dire la vérité. Il ne parle pas la langue de bois. Il ne tient pas un double langage. Cela ne lui convient pas. Hier vous avez combattu avec acharnement admirable, avec zèle inégalable, avec une bravoure à nulle autre pareille le père qui avait même tenté de vous acheter. Vous lui avez opposé un refus catégorique et retentissant. Un refus qui retentit encore et toujours dans les oreilles des Togolais. On peut acheter ceux qui n’ont aucune notion des valeurs, c’est-à-dire des indigents intellectuels, les pauvres d’esprit et non les philosophes. C’était l’interprétation que nous avions donnée à votre refus catégorique au dictateur quand il avait tenté de vous soudoyer hier. Aujourd’hui, vous acceptez de vous faire esclaves volontaires du fils. Comment comprendre ! Cela dépasse l’entendement des Togolais. Vous tombez servilement à genou devant lui, alors qu’il n’est même pas digne de dénouer les cordons de vos souliers. Vous vous faites ses affidés et ses thuriféraires depuis des années. De nombreuses années passées au service du fils, dont vous avez pourtant et sans pitié combattu le père, ne sont-elles pas suffisantes pour faire un coup d’éclat et redevenir digne ? Tempérance ! Aujourd’hui, il est temps que vous vous fassiez héros en rejoignant le rang du peuple, en vous rangeant du côté du peuple. Claquez la porte ! Ce que le peuple demande au fils, c’est ce que vous demandiez hier au père. Messieurs les philosophes-ministres, le temps est arrivé de vous rendre dignes, de sortir de votre « servitude volontaire ». Soyez des héros de demain. Le peuple togolais non seulement vous pardonnera votre haute trahison, votre turpitude, - milles pardons ! -, mais aussi il vous portera au pinacle. Vous me direz que vous n’avez pas de leçon à recevoir de moi. Eh bien, je vous le concéderai et vous répondrai que je n’ai effectivement pas de leçon à vous donner, mais je vous dis tout simplement que vous êtes des dignités et que vous devez rejoindre sans tarder le rang du peuple le front haut, même au prix de votre poste.

À l’armée togolaise
« À qui en effet la patrie peut-elle demander plus de fidélité qu’à l’homme qui a juré de mourir pour elle ? Qui chérira davantage la paix si ce n’est celui qui est le plus exposé aux dangers de la guerre ? […]. Toutes ces nécessités bien connues, tant par ceux qui donnaient leurs lois aux empires que par ceux qui commandaient aux armées, étaient cause que le métier de soldat était loué de tous, et embrassé par beaucoup avec ferveur. » (Machiavel, L’art de la guerre, dans Oeuvres complètes, Paris, Gallimard, 1952, p. 723-724) Nous ne sommes pas en guerre. Il faut bien le préciser. Le métier de soldat comme le dit Machiavel est un métier noble, respectable et admirable. Quand le peuple togolais vous voit passer, le treillis sur le dos, le béret sur la tête et les pieds bien guêtrés, il est fier vous, il est admiratif. En effet, vous êtes sa fierté puisque vous avez accepté au prix de votre vie de le défendre dans toutes les circonstances, quelles qu’elles soient. Défendre le peuple et non une personne, une famille ! La cause du peuple est une cause commune. Ne peut entrer dans votre métier de soldat que celui qui a le courage, « cette vertu des héros » de mourir pour que son peuple vive. Qui peut apporter la paix au Togo, si ce n’est vous, les Généraux, les soldats, les braves hommes ? « Mais nos institutions, poursuit Machiavel, militaires s’étant complètement corrompues et écartées de bien loin de celles des anciens, nous sommes tombés dans l’erreur funeste qui nous fait détester les armées et fuir la société des soldats. » (Machiavel, L’art de la guerre, dans Oeuvres complètes, Paris, Gallimard, 1952, p. 724) Le peuple togolais vous hait parce que vous ne faites pas ce que vous lui avez promis. Vous lui avez promis fidélité et loyauté et c’est pour cela qu’il vous habille gratuitement, qu’il vous fait manger gratuitement, achète les armes pour que vous le défendiez contre vents et marées, mais, à chaque jour, vous retournez les armes contre lui. C’est ce qu’on appelle le parjure. Vous ne tenez pas votre parole. Les Togolais vous détestent parce que vous semblez être aux commandes d’une personne, d’une famille au lieu d’être au service du peuple, à son écoute. Vous semblez être des stipendiés. Vous préférez mourir pour une personne, pour une famille plutôt que pour votre peuple. Pourquoi tirez-vous sur un peuple à mains nues, qui ne demande que ce que vous voulez aussi. Le peuple ne demande que ce que vous voulez vous aussi, mais que vous n’exprimez pas. Vous qui tirez sur le peuple qui manifeste à mains nues, êtes-vous heureux ? Avez-vous une conscience ? Tirer sur les manifestants à mains nues, vos compatriotes, et non sur les ennemis du peuple, est-ce cela la bravoure dont vous êtes faits et qui vous caractérise ? Si vous avez réussi à envoyer vos enfants au pays des Blancs pour étudier, ceux ou celles de vos frères, de vos sœurs, de vos cousins, de votre famille sont là dans le dénuement complet. Ils ont fait leurs études à leur corps défendant et dans des conditions exécrables, mais de faute de travail, ils sont obligés de faire « Zémidjan », de vendre à la criée aux carrefours, dans les grands marchés. Une armée faite des hommes vaillants doit écouter le cri du cœur de son peuple et s’apitoyer sur sa souffrance.

Je veux être clair. Je ne vous demande pas de vous révolter. Je ne vous appelle pas à la révolte. Je ne veux pas ça. Mais je dis que le peuple togolais aujourd’hui vous déteste. Que pouvez-vous faire pour avoir sa confiance ? Je parle à des hommes conscients de la situation extrêmement grave de leur pays. La solution n’est pas dans la révolte, je le répète, puisque c’est vous qui êtes le plus exposés au danger et c’est vous qui devez travailler pour apporter la paix. Ce que je demande, c’est seulement de vous rendre héros en écoutant les cris du cœur de votre peuple. Qui le peuple togolais appellera demain son Général héros ? Quand allez-vous vous rendre dignes de l’estime, de la gloire des Togolais par votre force de caractère, votre génie, votre dévouement total à sa cause, une cause commune ? Bref, le peuple togolais a désespérément soif de votre héroïsme. Tikpi Atchadam est le héros du jour. Le peuple togolais veut que ses Généraux soient les héros de demain. Ainsi il vous pardonnera tous les crimes que vous avez commis et ira même vous chanter haut et fort une ode. Le peuple togolais a grande envie de porter aux nues ses Généraux comme cela s’est fait ailleurs. Prenez votre courage à deux mains, messieurs les Généraux !