Je voudrais le dire dans toutes les langues africaines. Un mot désigne les auteurs d’œuvres glauques et vilaines. Ces hommes qui sans honte se vautrent allègrement Dans l’horrible, et même s’en couvrent comme d’un vêtement. On trouve ce mot en wolof ou en bamana, Ashanti, baoulé, yoruba, fon ou mina. Et ces hommes, á Banjul, Kin ou Lomé, Vulgaires voyous, nous les nommerons Yakamé
Regardez-les où qu’ils soient, quel mérite ont-Ils ? Celui de tous les êtres qu’un mot qualifie : vils ! Et vous vous demandez ce que nos peuples ont fait Pour que ceux qui puent un caractère si abject, Ici et là, par la ruse et par la violence, Nous volent la destinée et nous tuent l’espérance. Comment cette race á vos yeux sera-t-elle nommée Si ce n’est par ce mot en ewe : Yakamé ?
Contre leurs peuples ils sont tous prêts á partir en guerre Parce que pour eux il n’y a qu’une possible carrière : Le pouvoir à défendre par les armes s’il le faut. C’est le cas en Gambie, c’est le cas au Togo Citerons-nous tous les cas dans notre pauvre Afrique? N’est-ce pas cela que nous appelons politique ? Chiens sauvages qui sans pouvoir seraient affamés, Proclamons tout haut qu’ils ne sont que Yakamé.
Pour cette bande, tuer est une question de survie. Ils n’ont appris pour métier que cette industrie. Et si dans leur macabre et ténébreuse école Ils apprennent encore autre chose, c’est la fausse parole. Leur oui peut cacher un non et leur non, un oui. L’accolade d’hier devient poignard aujourd’hui. C’est á cela, sans aucun doute qu’ils sont formés. Quel titre leur donnez-vous, á ces tristes Yakamé ?
Des Jammeh ? Quelle est cette usine qui les fabrique ? Il faut remonter à la source géopolitique, Aux réseaux bien sordides d’un certain occident Pour qui les aspirations de notre continent Ne comptent nullement devant ses propres intérêts. Coups d’État sanglants, démocratie au rabais Les recettes toutes faites sont dans ses tiroirs fermés Et il les sort au besoin pour nos Yakamé.
Nos grands maîtres qui ont droit de véto á l’Onu Ne sont-ils pas les mêmes qui ont bien soutenu, Mieux suscité, manipulé les marionnettes Qu’ils ont ici et là mises à nos têtes ? Que ces tyrans tuent, massacrent les populations, Si pour eux les comptes sont bons, bonnes sont leurs actions. Sur Jammeh donc vains sont leurs propos alarmés. C’est nous que concerne l’affaire de nos Yakamé
Les appelez-vous chef d’État et présidents ? Moi, j’entendrais bien, en verlan « Dan présis ». Et en mina, j’entendrai bien « Dan », tristes serpents Que ni ici, ni ailleurs les peuples n’ont choisis. Serpents de petite cervelle, espèce qui mord A qui les puissances néocoloniales délèguent notre sort Elles nous les imposent donc, ces menteurs consommés. Leur vrai nom, leur vrai titre n’est autre que Yakamé.
Cette engeance de vipères use, comme monnaies courantes La corruption, la fraude et l’achat de conscience Alors que nos oppositions sont juste contentes De servir simplement de caisse de résonnance. Nous suffit-il de végéter á l’Assemblée Et d’y jouer notre tam-tam d’année en année ? C’est bien que l’on crie de loin sur Yahya Jammeh, Mais c’est plus urgent de chasser notre propre Yakamé.
Traînant dans leur sillage un sombre cortège de morts, Ces hommes qui veulent qu’on les considère comme des forts, Ne s’emparent partout du pouvoir que pour eux-mêmes. Et partout nourris de sang, leurs ignobles systèmes, Se drapent dans des apparences de démocratie. Ah ! Réveille-toi, Afrique ! Révolte-toi et d’une voix crie Contre la Bête hideuse qui t’a longtemps opprimée, Et mets fin au règne ténébreux des Yakamé.
Sénouvo Agbota ZINSOU
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