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Loi de finances/Collectif budgétaire de 2016 : Comment le gouvernement passe en écriture l’achat de 4 hélicoptères fantômes

Togo - Economie et Finances
Faure Gnassingbé serait un expert en finances, selon sa biographie présentée à la veille de chaque scrutin présidentiel. Le rejeton d’Eyadema serait détenteur d’un MBA à l’Université de Georgetown aux USA, après un passage dans une autre en France. A l’épreuve du terrain, la gestion presque archaïque -ce n’est qu’un euphémisme - qu’il fait du pays depuis qu’il est monté au trône en 2005 amène nombre d’observateurs à se poser des questions.
Depuis 2006, les Togolais ont été soumis à une cure drastique pour permettre au pays d’atteindre l’initiative PPTE (Pays pauvre très endetté). Le 14 décembre 2010, le Togo est devenu le 25è pays membre régional à parvenir au terme de l’initiative PPTE, en atteignant le point d’achèvement. En conséquence, les Conseils d’administration du FMI et de la Banque mondiale ont approuvé un allègement de dette de 282 millions de dollars en vue de rendre la dette extérieure éligible du Togo soutenable. Une fois ce seuil atteint, au lieu d’utiliser cette opportunité pour relancer l’économie et soutenir le secteur privé par des mesures audacieuses, Faure Gnassingbé et son gourou Adji Otèth Ayassor récemment limogé, mais qui vient de reprendre service dans des missions obscures, se sont lancés dans une course effrénée à l’endettement du pays auprès des partenaires peu fiables pour des investissements improductifs.

Ce pilotage à vue a replongé le pays dans une situation plus fragile que jamais. Pilotage à vue, choix hasardeux, prêts à des taux élevés auprès des partenaires douteux, corruption, tels sont les griefs que les spécialistes évoquent pour décrire la situation actuelle du pays. Le FMI enfonce le clou dans son dernier rapport sur le Togo. « Nouveau rapport du FMI sur l’Afrique subsaharienne, le Togo se retrouve premier en matière d’endettement dans l’espace UEMOA », relève le FMI qui propose un changement de cap.

Sur le plan économique, les investisseurs fuient le pays en masse, les entreprises ferment leurs portes, avec leurs lots de chômeurs. Le Port autonome de Lomé est désert et pourrait même abriter un match de football. Tous les opérateurs économiques ont le moral très bas et attendent des décisions courageuses du gouvernement. Ce dernier semble totalement à la dérive et s’accroche à des bouées de sauvetage. L’expertise en finance de Faure Gnassingbé semble inexistante. Et pour couronner cette gestion calamiteuse, le gouvernement s’est inventé une loi de finances rectificative gestion 2016 qu’il a fait adopter à l’Assemblée nationale par une méthode particulière. Dans l’exposé des motifs du Premier ministre, on peut y lire : « la programmation de nouvelles dépenses de matériels pour 21, 947 milliards de francs CFA devant permettre de faire face essentiellement à l’acquisition de quatre ( 4) hélicoptères pour la défense nationale pour un montant total de 10, 650 milliards de francs CFA et la programmation des dépenses additionnelles relatives à l’organisation du sommet de l’Union Africaine sur la sécurité et la sureté maritimes et le développement en Afrique ( 5, 400 milliards de francs CFA).

A la lecture de ce passage dans l’exposé des motifs, on est bien tenté de se demander l’urgence qui oblige le gouvernement de Faure à débloquer plus de 10 milliards dans la précipitation pour l’achat de 4 hélicoptères alors qu’il faut à peine 2 milliards pour régler le problème des enseignants. Le Togo est-il un pays en conflit qui nécessite de telles acquisitions à la hussarde ? Ces fameux 4 hélicoptères ont –il vraiment été achetés ? Si oui, où sont-ils entreposés ? Les députés à l’assemblée nationale ont –ils vu ces aéronefs ? C’est un mystère qui nous pousse à évoquer des hélicoptères fantômes, parce de nos investigations, il n y a aucun hélicoptère récemment acheté pour le compte de la défense nationale, à moins qu’ils soient en cours d’acquisition, ce qui serait tout de même curieux. Le Togo dispose à ce jour de 2 hélicoptères en fonction dont un en panne. Il s’agit d’un « Dauphin » utilisé par Faure Gnassingbé, et d’un « MI8 » qui sert parfois pour le largage des troupes, mais actuellement en panne. Deux autres appareils hors d’usage sont à réhabiliter à grand frais. Où sont donc les 4 hélicoptères que le gouvernement prétend avoir achetés? L’hypothèse d’une dépense obscure qu’on cherche à passer en écriture n’est pas écartée dans cette affaire. Après les 10 milliards mystérieusement disparus du chantier Lomé-Vogan-Anfoin et pour lesquels personne à ce jour n’a été sanctionné, nous voici de nouveau avec une autre affaire de dix milliards pour l’acquisition précipitée d’hélicoptères qu’on n’a pas vus, du moins pour le moment.

Dans le rapport de l’étude au fond du projet de loi de finances rectificative gestion 2016 que nous passons en intégralité, on peut facilement découvrir la liste des immeubles que le régime de Faure Gnassingbé a mis en hypothèque pour le Sukuk d’Etat du Togo (2016-2026 de 156 milliards de francs CFA avec un taux d’intérêts de 6,5%. Ces immeubles mis en garantie prouvent que la situation est plus que jamais préoccupante.

A cette allure, après les immeubles, ce sont les cimetières qui seront bientôt mis en hypothèque pour trouver des milliards qui serviront en réalité à des prodigalités au sommet de l’Etat. Chose tout de même curieuse, on découvre dans ce rapport que le document a été adopté à l’unanimité des membres de la commission des finances de l’Assemblée nationale présents. La question que l’on se pose est de savoir si les députés de l’opposition membres de cette commission étaient présents, ou absents lors de l’étude du fond.

S’ils étaient présents, alors l’adoption de ce projet à l’unanimité des membres présents ouvre une autre réflexion sur le rôle bizarre que jouent certains élus du peuple à l’Assemblée nationale. Nous y reviendrons.

Ferdi-Nando.