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Préfecture du Golfe : Faure remplace le sulfureux Melebou par le controversé colonel Awaté

Togo - Politique
La promotion de l’impunité devenue une norme sous le régime Rpt/Unir. La Préfecture du Golfe a cessé, depuis des années, d’être une division administrative territoriale au service des populations. La vitrine de la région maritime qui abrite la capitale Lomé s’est transformée, depuis, en un ring de boxe, mieux, en une arène des « Evalas » où se mettent en spectacle deux personnalités issues du même parti, le RPT/UNIR. Les frasques (interruption des célébrations de mariages en cours, bagarre généralisée, violence sur les employés, dénonciations calomnieuses, profanation des cimetières, intimidations tous azimuts) des sieurs Mélébou Koffi, Préfet du Golfe et Agbeynigan Kossi Aboka, Président de la Délégation spéciale de la même préfecture étaient devenues des faits divers et personne au sommet de l’Etat n’était en mesure de mettre fin à ce spectacle déshonorant pour la République, tant chaque composante de la mafia ( Cosa Nostra) jouait sur ses soutiens.
Les prébendiers de la préfecture du Golfe, dans leur guerre sans merci, avaient aussi leurs relais dans les médias qui se délectaient des différents épisodes non sans gratification. Que l’on soit du camp du Président de la Délégation spéciale qui tient le cordon de la bourse ou du préfet au parcours si bien sulfureux, chaque média tenait ses arguments. Pareil engagement ne saurait être du bénévolat, encore moins le souci d’informer. La guerre entre « Tom et Jerry » a connu une nouvelle escalade la semaine dernière. La pomme de discorde tourne autour de la délocalisation de l’Etat civil de la préfecture et du réaménagement de la gare routière d’Agbalépédogan.

Cette rivalité sur fond de tribalisme ambiant s’est finalement invitée ce mercredi au conseil des ministres. Bien évidemment, c’est le sulfureux préfet Koffi Mélébou qui vient de perdre son poste, en attendant le sort du non moins sulfureux Agbenyigan Kossi Aboka qui semble tenir pour l’instant les câbles, avec le soutien de ses amis barons qui trouvent leurs comptes dans la gestion scabreuse de la Délégation spéciale de la préfecture. Koffi Mélébou est désormais bouté hors des locaux de la préfecture du Golfe, mais il n y a pas de quoi se réjouir, en tout cas du côté de Kossi Aboka et ses partisans lorsqu’on passe à la loupe le profil du nouveau promu, en l’occurrence le Colonel Awate Hodabalo.

En effet, le nouveau préfet du Golfe a un profil effrayant lorsqu’on se réfère à son passage dans la préfecture de l’Oti. Novembre 2015, les populations de Mango, localité située à l’extrême Nord du Togo, se révoltent contre un projet de réhabilitation des aires protégées communément appelées faunes qui rappelle de douloureux souvenirs. Vieux, jeunes, élèves, paysans, commerçants se sont mobilisés pour empêcher la mise en œuvre de ce projet qui, pour eux, est une source d’expropriation et de déplacements des villages.

Se rappelant les brimades des années 1970 jusqu’en 1990 où les violations des droits de l’homme étaient la norme et des paysans étaient attachés à un hélicoptère par le fameux Narcisse Yoma Djoua pour être jetés dans le fleuve Oti, ces populations ont décidé de ne plus se laisser faire. Après l’échec des différents dialogues entre les autorités centrales et les populations, de violentes manifestations ont éclaté dans la ville. Le Colonel Awate Hodabalo, éternel préfet de l’Oti, mobilise tout l’arsenal de répression pour mater les contestataires. Des unités du camp militaire de Nipourma à Dapaong ont été appelées en renfort. Ordre a été donné, on ne sait pas qui, d’user des balles réelles sur les manifestants. Des chars ont même été utilisés pour écraser les populations aux mains nues. Le bilan est lourd, 8 personnes tuées dont un commissaire de police, 87 blessés dont certains par balles et plusieurs jeunes arrêtés et déférés à la prison de Dapaong. Ces évènements sanglants ont provoqué une réunion de crise à la Présidence de la République.

Les différentes décisions annoncées n’ont pas calmé les populations; au contraire, elles réclament le départ immédiat du préfet accusé d’avoir donné l’ordre de tirer sur la population. Après plusieurs semaines d’hésitation, Faure Gnassingbé fini par acter le départ du colonel préfet qui, à ce jour, n’a jamais été inquiété. Les enquêtes administratives et judiciaires ouvertes sur les évènements sanglants dans cette ville n’ont jamais connu de résultats. La crise à Mango s’est prolongée durant toute une année, avec le refus des populations d’inhumer les morts tant que les jeunes encore en détention ne seraient pas libérés.

C’est au bout de moult missions et conciliabules que les derniers morts ont été mis récemment sous terre, tout cela suivi d’une cérémonie religieuse destinée à apaiser les cœurs. A peine les dernières victimes mises sous terre que le présumé responsable de cette répression, le Colonel Awate Hodabalo qui avait disparu de la circulation, refait surface, cette fois-ci à Lomé, avec la magie de Faure Gnassingbé. Vive l’impunité !

Prime à l’impunité et parcours d’un sulfureux personnage

Lors des évènements sanglants de Mango, le préfet Colonel Awate Hodabalo, celui-là même qui incarne le pouvoir central et donc doit travailler à la cohésion, s’est permis de dire aux populations de cette localité si elles avaient amené de leur origine ivoirienne la terre au Togo. Des propos jugés assez scandaleux et irresponsables par les populations. Ils dénotent aussi de l’ignorance de l’histoire du Togo sur fond de reflexe tribaliste d’un personnage appelé à administrer une province. Le parcours de ce personnage sulfureux est à l’image du régime qu’il sert.

Militaire et préfet de l’OTI plus de 10 ans durant, il se comportait comme le gouverneur de la région des Savanes. Il faisait régulièrement des incursions dans d’autres préfectures et soumettait l’ensemble des préfets à ses humeurs et à son autorité. Il multipliait les frasques, comme son collègue et voisin de la Préfecture de Dankpen, le Colonel Dadja Manganawè de sinistre réputation. La plupart des actes de brimades et de violations des droits de l’Homme dans la préfecture portent ses marques, selon les populations. Il était de connivence avec les réseaux de peuhls pour les trafics de bœufs. Le barrage appelé Magna à l’Est de Mango a été transformé en propriété privée par le préfet. Personne n’avait le droit d’aller pêcher en dehors de lui et ses gars.

Les produits de pêche et de chasse étaient sa propriété. Il envoyait les excédents à ses soutiens officiers et barons du régime. Voilà un défenseur de la faune qui se trouve être un grand consommateur de viande de brousse donc partisan ou complice de braconnage. Il est devenu un grand propriétaire de bétail durant les 11 ans de son règne dans la région.

Selon plusieurs témoignages, Awaté Hodabalo avait initié un projet d’appui aux jeunes de Mango pour le maraîchage dans le bassin de l’Oti. Mais ces jeunes se sont mis à cultiver, à grande échelle, du cannabis avec la couverture du préfet. Mieux, le 11 mai, il organisait une fête en l’honneur de Bob Marley pour ces jeunes qui fumaient, au vu et au su de tout le monde, le « fameux » produit de leur maraîchage (sic). La plupart de ces jeunes étaient ses hommes de main, qui faisaient non seulement pour lui du renseignement, mais aussi épiaient et traquaient les militants de l’opposition.

Ces hommes de main ont été très actifs dans la traque des manifestants de Mango aux côtés des forces de répression. Il s’est même permis de jeter en prison le Président de la Délégation spéciale de la ville, accusé de malversations, mais en réalité soupçonné de connivence avec les manifestants. Le sieur Kossi Aboka doit bien se tenir dans son coin. C’est un tel personnage qui devrait répondre de ses actes dans les violences avec mort d’hommes dans l’Oti que Faure Gnassingbé nomme à la tête de la préfecture du Golfe.

Quel message peut-on décrypter de cette nomination si ce n’est la promotion de l’impunité? Y a-t-il encore un minimum de discernement dans la nomination de certaines personnes au sommet de l’Etat ?Apparemment oui, puisqu’au royaume Gnassingbé, c’est la loyauté au système mafieux, brutal, clanique, et rétrograde qui prime. Avec Faure Gnassingbé, la compétence n’est pas un critère de promotion. Tant que vous excellez dans le vol, le viol, les violations des droits de l’Homme, le pillage, les détournements de tout genre et que ces actes contribuent à maintenir le système, alors vous êtes assurés de rester à votre poste le plus longtemps possible. Même si par un concours de circonstances, vous perdez ce poste, vous rebondirez ailleurs après quelques mois de recyclage. C’est la lecture qu’il faut faire de la promotion de l’impunité au Togo qui semble se généraliser depuis un temps. Le pays n’en finit pas de compter les préfets militaires pendant que les diplômés de l’ENA (Ecole Normale d’Administration) se cherchent dans la nature. La militarisation des postes civils sous la gouvernance de Faure crève les yeux et annonce un durcissement du régime. Une constellation de petits «Mussolini» qui font la pluie et le beau temps sur l’ensemble du territoire.

La Mairie de Lomé est aux mains du Contre-Amiral sans frégate (sic) Fogan Adégnon le plus grand cumulard de la République. La Direction des services techniques de la même Mairie est présidée par le Colonel Alaba. Parallèlement à la DST, Faure Gnassingbé a créé une agence autonome dénommée ANASAP (Agence Nationale de la Salubrité Publique) dont le patron se trouve être le Général Gnakoudè Béréna. Son adjoint immédiat serait un capitaine. Le CHU-SO de Lomé, le plus grand Centre hospitalier du pays devenu un mouroir est sous la Direction du Colonel Adom Wiyoou Kpao.

Comme si tout cela ne suffisait pas, voilà la Préfecture du Golfe qui passe sous l’autorité d’un autre Colonel de sinistre parcours. Il y a longtemps que Togo Presse pompeusement appelé quotidien national est piloté par Remy Assih, un militaire recyclé. Il suffit de voir l’état désastreux de ce journal pour avoir une idée de la médiocrité qui y règne. La TVT et radio Lomé ont aussi leurs lots de militaires parmi les journalistes et cameramen. Qu’on ne s’étonne pas d’une prochaine nomination des militaires à la Présidence des Universités, des lycées, etc.

Le message est clair, le pouvoir au Togo se trouve dans les mains des hommes en treillis qui, d’ailleurs, se sont permis, en violation de la Constitution, de faire allégeance à Faure Gnassingbé en février 2005 après le décès tragique de son père, suivi du massacre d’un millier de Togolais. Ce quarteron d’officiers membres de la minorité, c’est le dernier carré de soutien à ce régime comateux, anachronique, évanescent et claudicant, déclinant même si la chute quoique certaine s’annonce longue.

Le controversé colonel Awate Hodabalo va-t-il mettre fin à la chienlit qui s’est installé à la préfecture du Golfe ? En tout cas, c’est la mission dont il est investi, et Kossi Aboka, le Président de la Délégation spéciale et les siens doivent bien se tenir.

Ferdi-Nando