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L’école togolaise : Manger pour ne rien avoir dans la tête…

Togo - Education
C’est ce à quoi ressemble aujourd’hui l’école togolaise. On préfère remplir la panse des apprenants, avec des programmes aussi fantaisistes les uns que les autres sous la bénédiction des bailleurs, pendant que ceux qui doivent leur transmettre le savoir et faire d’eux des élites de demain, sont laissés sur le carreau.
Tout observateur averti est d’accord aujourd’hui sur le fait que le système éducatif au Togo est à revoir. De la formation des enseignants à la revue des programmes (pour les rendre plus dynamiques et plus adaptés aux nouvelles réalités), en passant par l’amélioration des cadres d'enseignement, le chantier, il faut le reconnaître, est vaste. Mais que constate-t-on ?

Au lieu de trouver des solutions à ces problèmes un à un, les gouvernants semblent préoccupés par ce qui intéresse moins les populations, les parents d’élèves. Depuis plusieurs années, les enseignants crient leur misère. Deux jeunes élèves ont déjà perdu la vie dans les grèves des enseignants qui continuent de réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Mais en réponse à cette situation, les autorités, avec le concours des partenaires, ne s’intéressent qu’au ventre des élèves par un programme de cantines scolaires.

On injecte des centaines de millions de nos francs dans ce programme de cantines scolaires, pendant que les enseignants, eux, tirent toujours le diable par la queue. A quoi sert un élève qui a le ventre bien rempli, mais la tête vide, puisque celui qui doit « faire sa tête » ne se trouve pas dans des conditions qui puissent lui permettre de transmettre tout ce dont l’élève a besoin pour être un homme bien fait ?

Certes, il faut aider les élèves démunis à être dans leur peau pour bien suivre les cours. Mais quid des enseignants ? Ce n’est pas surprenant de voir ces apprenants, une fois le ventre bien rempli, se mettre dans la rue pour réclamer leurs éducateurs. Il est clair que ce n’est pas en faisant manger les élèves à l’école qu’on peut sauver l’éducation au Togo.

Et c’est quand même extraordinaire que depuis plusieurs années que cette histoire de grève des enseignants se pose dans le pays, le gouvernement n’ait pu trouver jusqu’alors une formule pour arrêter l’hémorragie. C’est devenu un feuilleton à plusieurs saisons et épisodes.

Chaque année, à chaque rentrée, des syndicats d’enseignants sont amenés à brandir des menaces de grève. Le gouvernement appelle, discute et promet. Les enseignants commencent les cours. Au cours de l’année, ces derniers ne voient rien venir. Ils relancent la grève. Le gouvernement, cette fois-ci, fait la sourde-oreille. Les enseignants entrent en grève, les élèves descendent dans la rue. Cette grève emporte plusieurs jours voire semaines de cours. Le gouvernement maintient la date des examens, ou les réajuste. Malgré eux, élèves et enseignants respectent le calendrier, et les résultats, on les connaît tous (catastrophiques).

Tout le monde se plaigne aujourd’hui du niveau très bas des élèves. Il en est de même pour certains enseignants qui ont des difficultés à transmettre le savoir aux apprenants. Dans l’enseignement, on semble avoir plus d’enseignants volontaires que de titulaires. Les formations et les séances de recyclages sont rares. Dans ces conditions, l’enseignant ne peut donner que ce qu’il a, surtout qu’il doit travailler parfois avec le ventre vide, en plus des soucis personnels dus à la précarité dans laquelle il vit.

Les enfants se retrouvent encore aujourd’hui dans les rues, parce que les enseignants sont en grève. Jusqu’à quand ce cycle infernal va continuer ? Dapaong et Atakpamé ont commencé hier. Danyi Apéyémé et d’autres localités ont suivi aujourd’hui. Où va-t-on au Togo avec des cantines scolaires, sans aucun projet pour encourager les enseignants et avoir des hommes et femmes qui ont la tête bien faite dans le futur ?

Ici, on semble dire que l'essentiel, c'est que les élèves puissent avoir leur ventre plein, même s'ils n'ont rien dans la tête. Et c’est malheureux de commencer par montrer ça aux enfants !

I.K