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Non publication des résultats des inspections, refus d’agrément, le ministre Broohm accusé de corruption et de copinage avec des actionnaires véreux, l’enseignement supérieur dans les privés en péril

Togo - Societe
L’enseignement supérieur au Togo est confronté aux défis structurels et stratégiques. Pour une population de 7 millions d’habitants, le Togo ne dispose que de deux (2) universités publiques à Lomé et à Kara qui sont aussi dans un état de délabrement avancé. Depuis une dizaine d’années, ce sont les universités privées qui comblent le vide et maintiennent à flot la demande sans cesse croissante des formations universitaires.
Fort malheureusement, la gestion chaotique du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a fini par enrhumer complètement la machine.

Alors que le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Octave Nicoué Broohm avait annoncé aux responsables des institutions Privées d’Enseignement Supérieur qu’au plus tard le 20 octobre 2016, les résultats des inspections seront publiés, rien n’a été fait jusqu’à ce jour. En plus, il se rapporte des cas de refus d’agrément d’ouverture que certains ont du mal à comprendre.

Retards chroniques préjudiciables dans la publication des résultats des inspections

Afin d’évaluer les institutions privées d’enseignement supérieur, des inspections ont été organisées du 16 août au 03 septembre dernier. Des brigades d’inspection ont visité tous les sites des universités privées sur toute l’étendue du territoire national.

Les premiers résultats ont été notifiés à tous les établissements au début du mois d’octobre et ceux qui n’étaient pas d’accord sur les résultats ont demandé des inspections concertées assujetties au paiement de 125.000 FCFA par établissement. Ces inspections concertées ont été effectuées entre le 13 et le 18 octobre à Lomé pour 27 établissements notamment CIFOP, ESGIS OCAM, ESIBA-IUA, Don Bosco, CEFIP, UST-TG, ISFODEME, ISMAD, Stella Matutina, IFORDD, CEFOP/ASA, DEFITECH, Ecole des Cadres, ESEC, ESGIS Avédji, ESPC, FIMAC, IADSS, LBS, IHERIS, ISSEC-Kouvahey, ISTM, Technocrate, ISPM, La Maîtrise, Elatsa et Hôtel Ecole Avenida.

A ce jour, aucun résultat officiel n’est disponible. Dans un communiqué en date du 05 octobre 2016, le ministre Broohm a invité « les responsables à prendre les dispositions nécessaires afin de repousser la rentrée 2016-2017 à une date postérieure au 20 octobre 2016. Cette mesure est prise afin de faciliter la gestion des notifications des résultats des inspections des institutions privées d’enseignement supérieur. Le ministre remercie par avance tous les acteurs pour leur bonne compréhension et collaboration ». Plus d’un mois après, rien n’a été fait. Dans un autre communiqué en date du 08 octobre dernier, M. Broohm a démenti une liste publiée sur les réseaux sociaux avant d’ajouter que « le rapport desdites inspections est en cours de rédaction. Le ministre porte à leur connaissance [promoteurs, parents d’élèves et étudiants] que ces inspections ont permis de collecter des données qui ont été traitées et analysées. Il s’ensuivra des notifications à chaque établissement. Il sera accordé aux établissements un délai pour faire valoir éventuellement leur droit de recours ». Visiblement, bientôt deux mois, la rédaction des inspections se poursuit. Or, la rentrée a été effective dans tous les établissements d’enseignement supérieur. Alors sur quelles bases les étudiants ont-ils fait le choix de leur établissement en l’absence des résultats des inspections ? Selon plusieurs sources, il s’agit d’une vaste opération de corruption par certains actionnaires véreux dans ces établissements pour bloquer les résultats. Pour d’autres, certains redoutent la concurrence et de ce fait sont de mèche avec le ministre pour décréter l’illégalité de fait de certains établissements. « Pour pouvoir soutirer les 125.000 F des inspections concertées, la fameuse brigade nous balance à la figure « institution de très mauvaise qualité ». Au même moment, des établissements qui ne remplissent aucune condition sont bien notées. Je suis dans l’enseignement depuis plusieurs décennies, c’est du grand n’importe quoi », a lâché une source.

Contacté par la Rédaction vendredi 25 novembre, le ministre Nicoué Broohm a rassuré que tout se passe bien et que les résultats seront publiés bientôt. « Nous sommes à pied d’œuvre et les résultats seront bientôt connus. Nous allons les coupler avec les résultats de BTS », a-t-il déclaré.

D’autre part, la question de l’agrément est toujours d’actualité. Le communiqué du 18 novembre 2015 du ministre Broohm relatif à la publication des établissements d’enseignement supérieur reconnus par l’Etat togolais se termine par « les demandes d’agrément de : Université des hautes études commerciales et gestion (UHECOG), Université privée de management (UPM), Université africaine des sciences, technologies et arts (UNIASTA) et les demandes de transformation en université privée des établissements : Institut universitaire FORMATEC, Institut Supérieur de Gestion Monseigneur BAKPESSI sont en instance jusqu’à l’adoption de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche ». Il se rapporte que jusqu’à ce jour, ces établissements sont toujours dans l’expectative. Aucune notification ne leur a été faite bien que les 5 millions de demande d’agrément aient été bel et bien encaissés par le gouvernement. Entre temps, M. Broohm a laissé entendre que les demandes d’agrément d’ouverture sont suspendues jusqu’à l’adoption de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche ainsi que la prise de son décret d’application. Il avait aussi indiqué que cette loi sera adoptée par le parlement au plus tard fin du premier trimestre 2016.

Malheureusement, bien qu’adopté par le gouvernement le 06 janvier 2016, cette loi n’est pas à l’ordre du jour au Parlement pour une éventuelle étude et adoption.

Le ministre ayant refusé à tout établissement n’ayant pas son agrément de faire de la publicité et de recruter des étudiants et au même moment, aucune note officielle n’a remis en cause leur existence, les responsables de ces universités sont abandonnés dans une situation inextricable.
« Le paiement des 5 millions ne donne pas droit à l’agrément. L’étude des dossiers de ces établissements est toujours en cours », a déclaré M. Broohm à la Rédaction. Là aussi, certains observateurs parlent de corruption et de copinage. Au-delà de tout, ces cafouillages organisés au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ne sont pas de nature à crédibiliser les formations universitaires au Togo.

Il importe que le chef de l’Etat tape du poing sur la table pour mettre fin à la chienlit.

Kokou AGBEMEBIO (LE CORRECTEUR n. 732 du 28 Novembre 2016)