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Obligation de communiquer sur l’état des remboursements du FNFI : Au moins 23 milliards de FCFA à reverser au Trésor public

Togo - Economie et Finances
L’injustice se nourrit du silence, les suspicions aussi. Le fonds de national pour la finance inclusive (FNFI) sera en janvier 2017 dans sa 3ème année. Mais pour quel bilan comptable ? Où en sont les remboursements du capital, des intérêts et de l’épargne ? Au-delà des données trompe-l’œil de la ministre multitâche, l’heure semble arrivée pour que les sceptiques et les défenseurs de ce projet soient édifiés et de manière exhaustive, histoire de faire taire les suspicions qui commencent à entourer la gestion opaque des remboursements.
La ministre du Développement à la Base, de l'Artisanat, de la Jeunesse et de l'Emploi des jeunes, Victoire Tomegah-Dogbe

Dans moins d’un mois –sommet fini, retour aux choses plus sérieuses- le gouvernement togolais devra, au risque de voir l’Assemblée nationale refuser de voter avant le 31 décembre, déposer le projet de budget gestion 2017 pour étude sur la table des députés. Quel en serait les sources de mobilisation des recettes ? Verra-t-on le ministère budgétivore entamer un autofinancement partiel ou alors prendra-t-on les mêmes pour recommencer ?

Aucun des chiffres que nous reproduisons ici ne provient d’une masturbation intellectuelle, mais bien du site officiel du ministère du Développement à la Base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes. Ainsi, s’agissant de l’artisanat, 4500 GIPATO auraient été installés. Au niveau de la jeunesse et emploi des jeunes, on lit comme chiffrés clés : 8000 volontaires mobilisés, 5440 jeunes accompagnés en matière de formation, équipement et financement ; 2443 bénéficiaires de vacances utiles ; 5000 artisans formés et équipés. Pour la finance inclusive, 8322 bénéficiaires de l’Accès des jeunes aux services financiers (AJSEF) en 2015, 600.000 bénéficiaires du FNFI en 2015, 26 institutions de microfinance conventionnés pour l’octroi des crédits et 10 milliards de FCFA mis à disposition par l’Etat togolais pour l’année 2016. Puis rien, comme si les citoyens étaient allergiques aux « chiffres qui pourraient fâcher et faire désordre ».

En janvier prochain, le FNFI aura 3 ans de vie. 3 ans au cours desquels les fonds sont décaissés en faveur des bénéficiaires, mais des fonds remboursables. S’il est un ministère qui a été trop visible lorsqu’il s’agit de médiatiser les actions du gouvernement, c’est bien celui de la ministre multitâche Tomégah-Dogbé. Et si le FNFI avait été un don à l’endroit de la population très pauvre, on ne trouverait rien à redire. Malheureusement, il s’agit de prêts, donc remboursables. Et si c’est à des populations très pauvres que la ministre vient au secours et dont elle exige le remboursement des crédits avec des intérêts, il n’y a pas de raison qu’on ne s’interroge pas sur l’état de ces remboursements et surtout de leur destination.

En 2014, année de lancement du FNFI, l’Etat togolais et des partenaires économiques et financiers ont engagé des fonds qui, selon les chiffres du ministère, sont allés au profit de 331.021 bénéficiaires. En 2015, les responsables du FNFI ont annoncé en février 2016 qu’en 2015, 145.385 personnes ont bénéficié de l’Accès des pauvres aux services financiers (APSEF), 8.322 jeunes ont profité de l’AJSEF et 74.754 paysans ont reçu le crédit agricole AGRISEF. Quel sera l’état de ces décaissements au 31 décembre prochain ? Voilà autant de citoyens qui ont bénéficié des moyens financiers et qui sont obligés de rembourser. Mais comment les y obliger s’ils n’ont aucune idée de ce que deviennent leurs remboursements ? Lorsqu’on se rappelle que ce sont 476.406 bénéficiaires qui ont reçu chacun au plus 30.000 FCFA de l’APSEF en 2014 et 2015, ce sont près de 14 milliards qui doivent apparaître dans les caisses du Trésor public, sans compter les 5% d’intérêts qui doivent aussi être visibles. Pour ce qui est de l’AJSEF, en considérant le montant plafond, ce sont près de 2,496 milliards sans les 8% d’intérêts qui sont à récupérer pour le compte du Trésor. Et pour l’AGRISEF, 7,475 milliards exception faite des intérêts. L’année 2016 viendra s’y ajouter. C’EST BEAUCOUP TROP POUR UN SEUL MINISTERE !

Aujourd’hui, le Trésor public devrait avoir des prévisions de recettes de l’ordre de 23 milliards rien qu’en provenance du ministère du Développement à la Base, sans compter les intérêts. Mais pourquoi lors des rapports d’activités dudit ministère, une omerta savante est faite sur ces chiffres ? Viendra-t-on saouler les populations avec des subterfuges pour justifier un détournement d’objectif desdits remboursements ?

Il se trouve que la ministre en charge de ce ministère est la même personne qui est directrice de cabinet de la présidence du Togo. Elle serait aussi dans les bonnes grâces du sommet de l’Etat. Mais sont-ce des raisons pour l’absoudre de la reddition des comptes ? Personne n’accuse personne de quoi que ce soit, mais à l’heure où le pays recherche désespérément de nouvelles sources de financement des multiples projets de relance de l’économie togolaise, aucune piste ne doit être laissée au hasard. Octroyer des prêts aux pauvres, c’est bien ; les contraindre à rembourser, c’est preuve de grandeur d’esprit ; mais rendre compte de l’état de ces remboursements, c’est UN DEVOIR REPUBLICAIN pour qui pense assainissement des finances publiques!

Lorsqu’on repense à la dotation dont a bénéficié ce ministère ces deux dernières années, on comprend qu’il est l’un des plus budgétivores de la République : 14 milliards en 2015 et des dotations sous forme d’actifs circulants à travers des comptes privés ouverts dans les livres d’Ecobank, Orabank et UTB, sans aucun contrôle du Trésor Public en 2016. L’Etat togolais ne peut et ne doit pas continuer à jeter de l’argent par la fenêtre sans reddition de comptes. « Pourquoi ne pas tenir compte de cette dette que le ministère doit au Trésor public et la défalquer de la dotation prochaine qui lui sera alloué dans le budget 2017? », pourrait-on proposer, ceci pour faire retrousser les manches à ceux qui ont accordé les crédits sans discernement, en période électorale. Les élections sont passées et bon nombre de ceux qui ont pris ces crédits avaient cru à tort que « c’est notre argent », puisque les louangeurs du chef de l’Etat faisaient croire que c’est un geste de Faure Gnassingbé. La ministre n’avait « ménagé aucun effort » pour mettre en avant la bonté et l’image du chef de l’Etat.

En mars 2015, on a fait croire que « le taux de remboursement des bénéficiaires est de l’ordre de 95% en moyenne pour l’ensemble des partenaires de services financiers », selon un journal de la place. Une situation qui aurait fait poster le ministère sur sa page : « les témoignages de ces derniers sont extraordinaires et font cas d’école ». On ne demande qu’à y croire. Mais pour cela soit le cas, la ministre doit répondre à cet appel d’un sceptique : « Victoire Marie-Noëlle Sidémého Djidudu Tomégah-Dogbé, le peuple en général et tous les bénéficiaires de vos produits attendent les comptes. Ne faites pas comme l’ancien Premier ministre Arthème Ahoomey-Zunu qui, par son silence, nourrit les ragots s’il vous plaît ! ».

Source : Abbé Faria, Liberté