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Démocratie au Togo, la mer à boire ?

Togo - Opinions
Démocratie au Togo, la mer à boire ?
Depuis quelques années, Lomé, la capitale du Togo s’apprête à abriter le sommet de l’Union Africaine sur la sécurité maritime. Après deux à trois reports, Lomé la belle est finalement prête…
Nos mers ne sont plus sûres, en effet de 2005 à 2016, c’est pas moins de 265 attaques pirates qu’ont subi les navires entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale et 65% des attaques pirates dans le monde ont lieu en Afrique sans oublier que 92% des marchandises importées en Afrique le sont par voie maritime. Nous passerons sous silence la pêche illégale à laquelle se livre bien des nations respectables et nos milliers de concitoyens Africains qui se noient chaque année dans la mer à la recherche d’un avenir meilleur dont les privent nos pirates politiques et économiques.
Un sommet sur la sécurité maritime est donc fondé et vient à point nommé pour explorer des pistes de solutions. Avec un peu d’ambition, le sommet de Lomé peut parvenir à faire adopter une Charte sur la sécurité maritime à l’échelle continentale. L’initiative du gouvernement Togolais et du chef de l’État est donc louable, bonne et mérite d’être soutenue étant donné que nous sommes contre toute forme de piraterie.
À vous, chers invités qui avez fait le déplacement de Lomé, soyez le bienvenu chez nous, chez vous au Togo.
Opposant depuis presque vingt ans à ce régime bientôt sexagénaire, vous comprendrez que je sois moins inquiet des pirates qui sévissent en mer ; je suis plus préoccupé par les pirates qui sévissent sur terre. Les pirates de la démocratie et du développement économique qui sévissent sur terre et appauvrissent nos populations, transformant les plus vulnérables en pirates maritimes ou en naufragés de la Méditerranée. Ma thèse est que pour réduire l’ampleur la piraterie maritime, il faut mettre un terme à la piraterie politique et économique. Il faut mettre un terme à la piraterie sous toutes ses formes.
La piraterie politique, le cas du Togo.
Le 13 Janvier 1963, le premier Président démocratiquement élu du Togo, Sylvanus Olympio est extrait de l’enceinte de l’ambassade des États-Unis et abattu lors du premier coup d’État sanglant d’Afrique auquel prend part feu le Président Gnassingbé Eyadema.
De 1963 à 1967, un gouvernement non élu navigue à vue et le pays va à vau l’eau, le temps que le désormais Colonel Eyadema lors d’un deuxième coup d’État s’empare du navire de 1967 jusqu’à sa mort en 2005 soit 38 ans. Le Général Eyadema a gouverné le Togo au mieux de ses aptitudes avec quelques réalisations positives au plan économique et diplomatique. Au plan politique, il n’a jamais laissé de place à l’expression de la volonté populaire. S’il fallait incendier la mer pour ne pas avoir à respecter le verdict des urnes il l’aurait fait. Il a donc gouverné sans légitimité et les résultats de toutes les élections sous lui, ont été piratées…
En février 2005, à l’annonce de sa mort, une piraterie jamais vue en Afrique s’est déroulée à Lomé. L’armée s’est emparée du pouvoir et l’a confié à son fils, Faure Gnassingbé. En moins de 24 heures, près de 24 articles de la constitution ont été modifiés pour faire du ministre qu’il était, un député, Président de l’Assemblée Nationale, Président de la République et la cour constitutionnelle a pris le serment du pirate issu de ce triple coup d’État alors que la constitution interdit toute modification pendant la période de vacances de pouvoir.
Combien de Togolais sont morts dans cette attaque pirate ? 500 selon l’ONU, plus de 1000 selon les organisations de droits de l’homme. Il sera sans doute plus facile de savoir combien de larmes a versé un poisson dans l’eau ou combien de grains de sable compte la plage de Lomé que de savoir combien de Togolais sont morts pendant l’abordage de monsieur Faure Gnassingbé.
Entre 2005 et 2015, notre Amiral a piraté trois élections, deux dialogues politiques et à la dernière élection en 2015, c’était la piraterie à son sommet… Le Président de la commission électorale a proclamé des résultats qui excèdent 100% avant de se raviser, et on a trouvé une cour constitutionnelle pour avaliser cette piraterie politique.
À sa décharge, il faut dire qu’on a un pirate cool à la tête de l’État, il n’est pas sanguinaire, il n’est pas violent, sa politique d’apaisement a permis à nombre d’opposants en exil forcé ou volontaire de rentrer (dont moi-même), c’est un homme ouvert au dialogue (même s’il ne tient pas parole, ou prend tout son temps), il a à cœur le développement du pays comme vous pouvez le voir avec la belle ville qui vous accueille. On lui doit la rénovation des infrastructures et un climat politique apaisé.
Ce climat politique apaisé, on le doit également et principalement au parti d’opposition UFC et à son Président National Gilchrist Olympio, qui, sur pas de Jésus Christ a pardonné… beaucoup de choses… dont par l’exemple l’assassinat de son père en 1963. Il a mis tellement d’eau dans son vin que nombre de ses lieutenants l’ont quitté. Ces derniers ont essayé de noyer le poisson dans un coup de force mais en vain… L’esprit d’ouverture et le patriotisme dont a fait preuve le Président Olympio malgré les avaries qu’il a et qu’il subit a permis détendre l’atmosphère politique, et de permettre la reprise de la coopération internationale. Mais une fois de plus ou de trop, les pirates du pouvoir ont sabordé l’accord.
Néanmoins, Il a obtenu du gouvernent un statut de l’opposition dont bénéficie le chef de file de l’opposition Jean Pierre Fabre. Ce dernier joue son rôle d’Amiral de l’opposition du mieux qu’il peut compte tenu de la ténacité des pirates que nous avons en face et des matelots indisciplinés qui l’entourent dans l’opposition. Véritable vainqueur des deux dernières présidentielles, même si nous ne partageons pas nombre de ses positions et son idéologie, nous respectons le travail qu’il abat dans la lutte que nous menons.

La démocratie au Togo, la mer à boire ?
Vous conviendrez avec moi au vu de ce survol rapide de la vie politique Togolaise que loin d’être un mal bénin, la démocratie au Togo c’est la mer à boire. Nos pirates ne reculent devant rien pour s’emparer de ce qui n’est pas à eux… et ironie du sort, ils organisent un sommet sur la piraterie maritime…
Chers invités, chers Togolais, chers amis du Togo, je voudrais saisir l’occasion de ce sommet pour nous inviter pour vous inviter à insister auprès du gouvernement Togolais sur le fait que la démocratie que nous opposants, nous réclamons, ce n’est pas contre eux, c’est pour le bien commun. La bonne gouvernance, des élections libres et transparentes, ce n’est pas la mer à boire ni une activité qui nécessite des actions de pirates…
Nous disons qu’il faut se préoccuper d’abord du bien être des êtres humains sur terre avant de s’occuper de ce qui se passe sur et sous la mer…
Ce dont nous avons besoin ici au Togo en ce moment, c’est le respect de la volonté populaire, nous voulons des institutions légitimes… Comme les poissons ont besoin de la mer comme environnement pour vivre, nous avons besoin de liberté et d’institutions légitimes pour être à l’aise.
Notre agenda politique vise la promotion et l’instauration du libéralisme politique et économique. Le Togo étant dans l’obscurité…la lumière est notre priorité des priorités… La lumière dans le contexte Togolais, c’est une transition pacifique vers la démocratie ou tout autre système politique que les populations souhaitent et choisissent librement. Nous voyons la transition en 5 étapes qui sont :
- La mise en place d’un gouvernement d’Union Nationale de transition pour préparer l’élection d’une assemblée constituante.
- Un recensement général, un redécoupage électoral sur le principe 1 citoyen =1 vote et l’octroi de pièces d’identités aux populations et du droit de vote pour la diaspora
- La mise en place d’une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle constitution.
- La soumission de cette constitution aux populations par référendum.
- La mise en place d’une nouvelle République et la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.
Nous pourrons ainsi passer d’un système de démocratie piratée à une démocratie multipartite avec comme pierre angulaire…la légitimité… Légitimité des institutions, des acteurs politiques et des gouvernants. Le Bénin le fait, le Ghana le fait, la Côte d’Ivoire nous donne un exemple à suivre avec les miracles du très compétent Président Ouattara. Nos cinq priorités pour aller à la démocratie ne sont contre personne et comme vous pouvez le voir ce n’est pas la mer à boire. Il n’y a rien dans nos propositions qui puissent donner le mal de mer à nos gouvernants de fait.
En conclusion, en travaillant ensemble à un niveau continental pour mettre un terme à la piraterie politique sur nos terres, cela aura une incidence positive sur la sécurité maritime qui est menacée par les exclus du système économique et les victimes de la mal gouvernance de nos États. Le sommet de l’Union Africaine est une bonne initiative parce qu’il nous permet d’aller au-delà des États artificiellement découpés par la colonisation pour permettre aux peuples de se retrouver et de se parler. Je n’ai pas abordé la question de la piraterie économique pour ne pas être trop long et aussi parce que l’économie est tributaire du politique dans une certaine mesure. Mettons un terme à la piraterie politique en instaurant des systèmes politiques respectueux de la volonté populaire et cela règlera bien des problèmes économiques et améliorera la sécurité maritime.