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Tabligbo : Le désamour entre les populations et le commissaire Pessei Mana se joue dans les «Game center»

Togo - Societe
Outre les dégâts causés par des sociétés Wacem, Fortia, Scan-Togo, les populations de Tabligbo se plaignent aussi des dérives autoritaires du commissaire Pessei Mana, nouvellement affecté dans la localité.
A Tabligbo, chef-lieu de la préfecture de Yoto, le phénomène des Game center communément appelé Play stations ou PS connaît de l’ampleur depuis un certain temps, et permet à ses détenteurs de joindre les deux bouts.

Selon plusieurs sources, la multiplication de ces centres de jeu est aussi due au licenciement massif des agents de Wacem. Surtout en cette période de vacances, les salles de jeu sont remplies. Les enfants y vont pour jouer. Mais les populations de Tabligbo déplorent le fait que la fréquentation de ces lieux soit mal vue par le commissariat de police. Selon des témoignages, le commissaire Pessei Mana et ses éléments organisent régulièrement des descentes musclées dans ces centres, saisissent les matériels et embarquent les enfants parfois dont l’âge varie entre 12 et 19 ans qu’ils enferment dans les locaux du commissariat pendant 72 heures. Leur relâchement est conditionné par une caution de 2 000 F CFA, 5 000 F CFA voire 10 000 F CFA que doivent verser leurs parents. « Y’a-t-il quelqu’un qui puisse s’indigner contre la détention de tous ces mineurs dans cette affreuse cellule au commissariat de police à Tabligbo par le nouveau commissaire Pessei Mana pendant plus de 72 heures ? », s’est plainte une source. Elle voulait en savoir plus sur l’existence d’une quelconque loi qui interdirait la fréquentation des salles de jeux aux enfants pendant les vacances. « En effet, le commissaire s’est offert un moyen facile de gagner des sous. Il arrête les enfants dans les salles de Play station et les enferment pendant des heures dans les cellules pas possibles. Les matériels de jeu, les télés saisis sont remis et les enfants arrêtés libérés après versement d’une amende que lui-même a fixée à 5 000 voire 10 000 F CFA, mais négociable selon la classe sociale des parents », rapporte notre source. A l’en croire, c’est couramment que ce commissaire se livre à cette pratique.

Bruce est un des enfants victimes. Il raconte leur mésaventure : « C’était un soir aux environs de 19 heures. On était au nombre de 14 en train de jouer au game. Le commissaire est arrivé en civil accompagné de l’un de ses agents, lui, en treillis. Le commissaire a braqué son arme sur nous et nous a dit que personne ne bouge. Il a fait saisir tous les matériels qu’ils ont embarqués et nous a fait retirer tout ce que nous avons sur nous-mêmes, nos sous. Il nous a été demandé de nous mettre en queue et de nous tenir les uns aux autres par nos culottes. On nous fit monter,(les 14 arrêtés, NDLR), à bord de sa BM de 5 places. Arrivés au commissariat, on nous a jetés dans une grille comme des criminels. On a dû pas passer des nuits avec les anciens détenus. Il a été demandé à nos parents de verser 25 000 F CFA avant de nous libérer. Au lendemain, après les supplications de nos parents, ils ont ramené à 10 000 puis à 5 000 F CFA. Pour certains, on leur accepté 2000. Ceux dont les parents n’ont pas payé dans l’immédiat ont vu leur détention prolongée d’une nuit jusqu’au versement de la rançon. On a été gardés de 20 h à 17h au lendemain ».

« Ils nous ont appris à chanter. Au lendemain, on a demandé à certains parmi nous de balayer les locaux, d’autres de laver les véhicules », renchérit Olivier, une autre victime.

Contacté par L’Alternative, le commissaire dément les accusations selon lesquelles il prend de l’argent, sinon ce ne sont que des supputations pour salir son image, le « plonger ». Il a confié que les matériels saisis sont rétrocédés à leurs propriétaires, mais à condition qu’ils promettent de jouer le Game vidéo sans l’argent. « Comment peut-on prendre un enfant et le déposer plus de 72 heures ?Si on sort pour la patrouille, on voit à 0h voire 1h les enfants se regrouper dans un local en train de jouer et on doit les laisser partir? Je préfère les garder au commissariat et les libérer le lendemain», s’est-il étonné, avant d’apporter des précisions. « En fait, depuis le début des vacances, j’ai reçu plusieurs plaintes venant des parents ; plaintes selon lesquelles les enfants leur prennent de l’argent pour aller jouer du Game vidéo. Ils déposent de l’argent. Celui qui gagne, le prend. C’est-à-dire ils font de pari. Premièrement, il y a eu un braquage dans un centre comme ça. Quand les enfants se regroupent quelque part et ils jouent avec de l’argent, il y a beaucoup d’affluence. Parce qu’ils jouent avec beaucoup d’argent, ce qui permet aux braqueurs de s’infiltrer. Tout dernièrement, il y a eu un braquage. Deux jeunes venus du Benin ont passé toute la journée dans un Play station à jouer du Game vidéo avec les enfants. Le soir à 16 heures, ils étaient passés à l’opération. Ils ont tiré en l’air avec des armes artisanales et ils sont partis avec une somme de 700 000 F CFA », a-t-il indiqué.

A l’en croire, un lieu de jeu où l’on met en jeu l’argent se transforme automatiquement en une maison de jeu du hasard et du coup cela tombe sous le coup de la loi, notamment l’article 636 du nouveau Code pénal. « Là où les gens jouent sans argent, il n’y a pas de problème. Là où les gens jouent avec de l’argent, ça devient automatiquement une maison de jeux de hasard. L’article 636 du nouveau Code pénal dit que toute personne sans autorisation requise par la loi tient ou fait tenir pour elle-même ou pour autrui une maison de jeux de hasard organise ou exploite le jeu de loterie ou le jeu de pari sur le résultat de preuve est puni d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à deux ans et d’une amende de 500 000 F CFA et 5 millions de F CFA. La juridiction saisie ordonne la confiscation, dans tous les cas, des ustensiles, des appareils ou autres objets mobiliers utilisés par les coupables. Elle ordonne également la confiscation des recettes des jeux et la fermeture des lieux au moment de la constatation de l’infraction. Cependant, ce qui a fait que j’ai commencé par sévir, c’est que tout dernièrement, il y a eu bagarre au-delà de 23 heures. Dans un centre, des gens se sont bagarrés avec des couteaux à cause d’une somme de 8 000 F CFA. Il y a eu des blessés », a-t-il argumenté. Et d’ajouter : « Comme je vous l’ai expliqué, les Game center ne sont pas interdits, mais du moment où ils se transforment en un jeu de hasard, le code l’interdit formellement. Je prends des mesures et ce sont des mesures sécuritaires. La sécurité de la ville en dépend. Le commissaire de police a normalement une double casquette. Il prévient l’infraction et quand l’infraction est commise, il va intervenir. Comment tu peux faire pour qu’il n’y ait pas braquage ; ceux qui jouent des vidéos avec de l’argent, je le leur interdis, parce que quand tu joues avec de l’argent, on ne sait pas comment cela va se terminer. Les gens ont commencé avec de l’argent et ils ont terminé avec des coupe-coupe, des couteaux. Il n’y a aucun problème avec ceux qui jouent sans argent. Ceux qui jouent avec de l’argent, cela devient une maison du jeu de hasard, l’article 636 du nouveau code pénal interdit ces genres de choses. Quand il est dit qu’on prend 5000F, on n’est pas à cette somme-là ».
PCK