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Nouveau scandale international « Bahamas leaks » : Les Indiens de MM Mining cités dans l’évasion fiscale vers les Bahamas

Togo - Societe
Cinq mois après les révélations sur le scandale « Panama Papers », voici un nouveau scandale du nom de « Bahamas Leaks ». Une quantité de documents équivalant à un registre de commerce, portant sur 175 480 structures offshore, a été remise au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung qui a partagé les informations avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Partenaire d’ICIJ, L’Alternative a pu avoir accès à la base données et découvert, sans surprise, des traces de la société d’exploitation minière MM Mining.
Officiellement, la société MM Mining qui exploite le fer de Bangeli est détenue à 100% par une société du nom MM Investment, une multinationale basée aux Bahamas, dans les Caraïbes. On connaissait le directeur de MM Mining. Les documents issus de « Bahamas Leaks » montrent clairement que la même personne est aussi le propriétaire de la multinationale MM Investment basée sur les Iles. Il s’agit de Manohar Rupani.

Le patron de la multinationale MM Investment est un Indien installé au Togo depuis de longues années. Il est dans plusieurs domaines et jouissait d’une protection de feu Général Gnassingbé Eyadéma. A sa mort, l’homme a continué par jouir du soutien du système incarné par le fils Gnassingbé. Ce dernier lui a concédé l’exploitation de plusieurs minerais au Nord du pays. MM Mining est beaucoup plus connu, pour ses activités d’exploitation du fer de Bangeli, à Bassar. Le gisement est évalué à environ cinq cent millions de tonnes. En réalité, l’homme est détenteur d’un permis sur des gisements de fer et métaux connexes, d’une convention portant exploitation, transformation et commercialisation de différents minerais dont le manganèse, le fer et la chromite.

Depuis janvier, la société souvent accusée de violations des règles environnementales, sociales et du travail, multirécidiviste, qui n’hésitent pas à narguer les autorités publiques, a suspendu ses activités à Bangeli. Raison évoquée, la chute du prix du fer sur le marché international. Son personnel est abandonné, sans la moindre information ni la moindre mesure sociale en sa faveur. En début du mois d’août dernier, le préfet de la localité se plaignait publiquement de l’homme, lors d’un atelier, déplorant ne même savoir comment le joindre pour lui remonter les plaintes de ses agents.

En septembre 2016, l’ancien Premier ministre Arthème Ahoomey-zunu, lors de la présentation de sa politique générale, à sa reconduction, promettait rompre le contrat du minier. « La société n’a pas répondu à ses engagements. Et donc, il n’y a pas de raison qu’on continue. Nous avons observé qu’il y a beaucoup de difficultés dans l’application de ce contrat et que la société n’est pas toujours disposée à gérer les choses avec raison avec nous. Donc il faudra penser à autre chose », a déclaré M. Ahoomey-Zunu. Trois ans après, rien n’y fit. L’homme a réussi à conserver ses affaires. Ce n’est que récemment qu’on apprend que le gouvernement a délivré, parallèlement, un permis sur le manganèse de Nayenga, dans le Kpendjal. Par voie de conséquence, une révision de la convention minière de MM Mining serait en cours. Seulement la teneur de cette révision est encore inconnue.

Non seulement Rupani est un homme d’affaires qui manque à ses responsabilités, mais aussi il cache sa fortune tirée de ses activités au Togo, dans le paradis fiscal Bahamas. A Bangeli, la société MM Mining est accusée de polluer les sources d’eau avec la poussière et les débris de fer, de tronquer les informations en mentionnant le nom d’une autre localité (Kabou) sur ses enseignes afin de faire plaisir au généraux de cette localité et leur faire profiter des retombées de l’exploitation.

Après les Indiens de Wacem, éclaboussés par les révélations de Panama Papers, voici une autre sulfureuse entreprise indienne citée dans un autre scandale international d’évasion fiscale. Toutes choses qui montrent que nos ressources minières sont bradées à des hommes d’affaires véreux qui, avec le soutien des milieux politiques et militaires togolais, réussissent à s’offrir des conventions obscures dont l’exploitation ne profite ni aux employés, ni aux communautés riveraines, encore moins au pays (et non aux individus au sein de l’appareil d’Etat). Avec ces révélations successives, on comprend de mieux en mieux comment et pourquoi le Togo trône à la tête des pays victimes d’évasion fiscale en Afrique.

« Nous estimons que c’est un service pour le public de rendre librement accessible ce genre d’informations basiques. De nombreuses preuves suggèrent que là où il y a du secret dans le monde de l’offshore, il y a des risques de malversations. Alors n’éliminons le secret », explique le directeur du Consortium International des Journalistes d’Investigations, Gérard Ryle.

Cette nouvelle révélation doit pousser davantage la société civile, les parlementaires, la justice et les citoyens en général à demander plus de transparence de la part de l’Exécutif sur les activités minières dans notre pays et des mesures fermes pour prévenir le périlleux phénomène d’évasion fiscale. Il est inconcevable que les gouvernants laissent ceux qui ruinent nos gisements miniers faire évader leurs fortunes du Togo sans consentir à répondre de façon juste de leurs responsabilités morales, sociales, économiques, fiscales, alors qu’on s’acharne sur les petits entrepreneurs vulnérables.


Mensah K.