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Gerry Taama : Le mal aimé, l’incompris ou l'indésirable ?

Togo - Politique
Alors que l’actualité grouille autour des virées diplomatiques du chef de l’Etat en faveur du prochain sommet à Lomé sur la Sécurité Maritime, Gerry Komandéga Taama n’aura d’yeux que pour deux sujets : la tournée de CAP 2015 et le transfert manqué de l’international Togolais Adébayor Shéyi à l’Olympique Lyonnais.
Les vagues d’évasions fiscales et d’acrobaties financières à Wacem sont ainsi passées sous le regard prudent de l’homme de Niamtougou. C’est donc après un long moratoire que l’ancien officier des FAT réapparaît politiquement en ces termes :

« La politique a quelque chose de magique. Au lendemain des élections présidentielles de 2015, le candidat que j'étais disait qu'il considérait que les politiciens que nous étions, avions fait notre part d'éveilleurs de conscience, et qu'il restait au peuple de prendre ses responsabilités. On m'a traité de traître et de saboteur de la lutte du peuple. Une année et demie plus tard, mes détracteurs de l'époque disent exactement la même chose. Et ça ne les gêne pas. Dans ce pays donc, certaines attitudes ou idées ne sont légitimes que si elles sont portées par un certain courant », a-t-il dit.

L’allusion est probablement faite à Jean-Pierre Fabre et compagnons qui sont en pleine tournée nationale pour sensibiliser le peuple à prendre ses responsabilités face au refus du pouvoir de procéder aux réformes, selon les recommandations de l’Accord Politique Global.

Mais s’il perçoit la politique comme magique, peut-être devrait-il aller loin et déduire que le cas togolais est encore mystérieux. Les électeurs togolais semblent très conservateurs pour les uns et désintéressés pour les autres.

Deux camps majeurs : le régime RPT devenu UNIR et l’opposition traditionnelle se partagent inconditionnellement la grande partie de l’électorat et ce, quelles que soient leur politique et leurs stratégies. Quelques électeurs inconstants balbutient entre la CAR devenu mourant et les jeunes partis politiques, parfois des candidats indépendants passagers.

Gerry Taama qui aurait voulu faire de la politique différemment en mettant le peuple au centre du débat, l’aurait appris à ses dépens, peinant désormais à se faire reconnaître dans les rangs de l’opposition qui a toutes les raisons de jouer à la méfiance, selon les réalités socio-politiques togolaises. « Moi, quel que soit ce que je fais, du moment où je suis un ancien militaire, je ne serais jamais suffisamment considéré comme un vrai opposant », reconnaissait-il en juin dernier.

C’est une sorte de discrimination politique, un étiquetage qui donne fil à retorde à toute nouvelle prétention politique. « Il y a certaines personnes, chaque fois que moi je donne une position qui n’a pas la position majoritaire de l’opposition, le bon vieux mot qui revient : c’est une taupe… », Regrettait Gerry Taama qui semble décidément désemparé.

Au nord chez lui, il est mal vu pour avoir quitté l’armée et présenté sa candidature contre le "le fils du terroir", mais dans la capital, on se méfie de lui et de tout ce qui vient de lui, car originaire de Pya (canton d’origine de Faure Gnassingbé) par sa mère, et lui-même produit des Forces Armées Togolaises.

Mal aimé ou mal compris ? L’homme semble dorénavant prendre le dessus de la situation et ne s’offusque plus. Seul le temps peut tout guérir. En attendant, seul le travail paie, reconnait-il, fier d'être fils de paysan dont il se revendique.

Gerry Taama prend désormais son pied dans le concret, avec une centaine d’emplois déjà créés au bout d’un an seulement avec la ferme école qu’il a mise au point dans son Niamtougou natal où pullulent déjà des volailles et des œufs, sans compter d’autres réalisations sociales : un moulin, un marché communautaire et une boulangerie au grand bonheur des populations.

Ça ne suffit pas à être président du Togo, certes, mais ça suffit à sortir l’homme du lot des grands parleurs aux actes illisibles. D’ailleurs, Gerry soutient par occasion que son parti était trop jeune pour participer à une présidentielle et celle d’Avril 2015 n’était qu’un cas d’école pour le NET, parmi les milliers d’autres épreuves qui concourront au panier des expériences politiques du parti.

A.L