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Jeux olympiques : non, Africains, l’important n’est pas de participer !

Togo - Opinions
Les rideaux sont tombés sur les Jeux olympiques RIO 2016. L’Afrique, comme tous les autres continents, a participé à cette compétition d’envergure internationale. A l’heure du bilan, on parle d’un record de médailles pour le continent noir, puisqu’il a remporté au total 45 médailles, mieux donc qu’à Londres il y a quatre ans où il avait glané 36 médailles et Pékin en 2008 où il s’était retrouvé avec 40 médailles.

Sans frôler le cynique en tentant de rapprocher le nombre total de médailles remportées par notre continent de celles remportées par des pays européens et asiatiques (puisque la Grande Bretagne seule en a remporté 67, la Chine 70, la Russie 56, donc largement plus que le continent noir, l’Allemagne et la France 42 chacune, presque le même nombre que toute l’Afrique), sans chercher à être cynique, donc, en comparant le nombre de médailles obtenues par notre contient à celui obtenu par des pays, il suffit de voir la proportion que représentent nos médailles dans le total de médailles décernées à Rio pour se rendre compte que notre moisson a été médiocre, voire risible : 5%.

Disons-le donc sans détours : l’Afrique a, une fois de plus, été le mauvais élève à ces jeux Olympiques.

Et, pour faire passer cette mauvaise performance, on cite ici et là, dans la presse africaine, un slogan supposé être celui des jeux : « l’important est de participer. » En d’autres termes, ce ne sont pas les médailles qui comptent mais plutôt la présence aux jeux. Risible slogan ! Oui, alors risible slogan que celui-là sorti de son contexte pour justifier la débâcle d’un continent capable de digérer voire apprécier ses éternels échecs à coups de contes, de légendes, de proverbes, de slogans…

Que des journalistes occidentaux qu’on peut sérieusement soupçonner d’un racisme aussi profond qu’hypocrite s’extasient devant un Africain qui sort légèrement du lot des médiocres, un d’entre eux ayant même hurlé que la quatrième place aux 100 mètres de l’athlète ivoirienne Marie-Josée Talou correspond déjà à une médaille (puisqu’elle est quatrième après deux Jamaïcaines et une Américaine, ce qui signifie le sommet le plus élevé pour un Africain), que ces journalistes occidentaux-là, qui pensent que le rôle de l’Afrique dans ces compétitions internationales ne peut se limiter qu’à l’accompagnement des vrais compétiteurs et au remplissage d’espace, crient au génie devant un Africain qui court ou saute ou nage ou joue bien ou presque comme les autres, on peut en rire et oublier, mais que les Africains eux-mêmes cherchent à justifier la honte que représentent nos pays dans ces compétitions par un slogan, « l’important est de participer », c’est à mourir de larmes.

Parce que gober cette honte chaque fois c’est encourager nos Etats qui n’investissent rien, ne prévoient rien, ne construisent rien, ne pensent rien, ne planifient rien, ne rêvent rien pour que ce continent se fasse respecter parmi les autres ni sur le plan sportif, ni sur le plan culturel, ni sur aucun plan d’ailleurs.

En 2008, par exemple, nous, Togolais, avions fêté la première et unique médaille olympique du Togo, une en bronze (n’allons quand même pas penser à l’or ou à l’argent) remportée par un Franco-Togolais, Benjamin Boukpeti. Ce que nous avions oublié quand nous criions de joie, soi-disant que nous étions fiers de notre pays - les autorités togolaises, éhontées, en ayant profité pour, une énième fois, tenter une nauséabonde récupération politique-, c’est que ce n’est pas le Togo qui a investi dans la formation de ce garçon, mais plutôt la France. Lorsque, croyant que le Togo était un pays, un vrai, c’est-à-dire un qui porte ses fils, Benjamin, le pauvre, a voulu par la suite y fonder ses espoirs, le monde entier a été témoin de ce qu’il a récolté comme résultat : une totale déception et une baisse du niveau de sa carrière.

Les jeux olympiques ne sont plus des jeux (l’ont-ils d’ailleurs jamais été ?), ce sont des arènes où chaque nation est attendue pour brandir ses muscles. Les vraies nations, des Etats-Unis à la Chine en passant par la France, l’Allemagne, la Russie, le Japon… ne participent donc à ces jeux que pour un objectif : gagner des médailles et consolider la place qu’elles revendiquent dans le concert des nations, le respect qu’elles veulent que le monde leur donne. Et elles préparent ces jeux sur des années, des décennies.

C’est nous seuls, Africains, qui, depuis nos savanes très ancestrales, continuons de penser qu’il suffit d’aller, ignares, montrer aux cérémonies d’ouverture nos chemises multicolores, nos boubous brodés, nos « pagnes traditionnels » (fabriqués en Chine) pour prétendre avoir participé aux jeux olympiques…