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Voici pourquoi Faure Gnassingbé ne fera jamais de réformes.

Togo - Opinions
"...Sous les dalles des pouvoirs africains, il y a tant et tant de laideurs, de turpitudes que ceux qui les ont posées là, ne voudraient jamais se descotcher de leur fauteuil présidentiel. C'est cela aussi qui explique, dans une large mesure, la problématique de l'alternance en Afrique. Et plus longtemps ces messieurs restent au pouvoir, plus nombreuses seront ces dalles de la honte et des crimes."

Je lisais ces lignes il y a quelques mois dans le journal en ligne burkinabè "Le Pays". Et quelle que soit l´époque où ces quelques phrases furent écrites, elles viennent à point nommé mettre le doigt sur la principale raison qui pousse certains dirigeants africains à s´accrocher au pouvoir même si leurs peuples ne veulent plus d´eux.

La charité bien ordonnée commençant par soi-même je ne peux pas parler de dirigeants qui cherchent à mourir au pouvoir sans évoquer l´éternelle et vieille crise politique togolaise. Une crise née par la faute d´un règne dictatorial de presque quatre décennies de Gnassingbé Éyadéma qui, à sa mort, remet le témoin à son fils qui, à son tour, inaugure sa prise de pouvoir dans le sang. Depuis, on dirait une malédiction, une épée de Damoclès qui plane sur le Togo.

Depuis Éyadéma, des dialogues sans fin dont les résultats ne sont jamais pris en compte par le pouvoir ont succédé aux élections volées. Faure Gnassingbé qui a hérité de son père la mauvaise foi prend plaisir à tourner en bourrique une opposition togolaise à bout de souffle.

Est-il vrai que notre pays a ses réalités, son histoire propres à lui qui empêchent l´avènement d´un ordre politique nouveau? Est-il vrai que chaque pays doit aller à son rythme sur la voie menant à la démocratie et que le tâtonnement togolais n´est autre que son rythme, selon son histoire, son passé?

Je réponds d´emblée par la négative à ces interrogations que certains esprits de mauvaise foi et mal intentionnés se posent et répondent par l´affirmative.

Tous les pays d´Afrique noire, surtout francophone, ont eu presque le même parcours historique. La démocratie, l´alternance au pouvoir, l´état de droit, le partage juste des ressources du pays à tous les citoyens sont des valeurs universelles qui n´ont rien à voir avec les réalités d´un pays.
Alors si les Togolais depuis presqu´un demi-siècle peinent à se libérer d´une des plus dangereuses dictatures d´Afrique, les raisons sont plutôt à chercher dans la manière de la composition de "leur armée" qui n´en est pas une, dans la mauvaise foi, dans le manque de volonté politique de la classe dirigeante et dans l´organisation brouillonne de l´opposition.

"...Pour la grande majorité des Togolais, en effet, l’impératif des réformes politiques est nécessaire au règlement durable de la crise sociopolitique qui mine le Togo depuis des décennies, mais aussi à la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit, de la bonne gouvernance et de la réconciliation nationale au Togo."

Lisais-je il y a quelques jours sur le site "icilomé.com".
Nous attendons alors que le régime qui malmène le Togo depuis presqu´un demi-siècle accepte de faire des réformes politiques qui contribueront à consolider la démocratie. Voeux nobles pour un pays à la traîne dans le domaine de la bonne gouvernance et de la démocratie.

Faire des réformes constitutionnelles et institutionnelles pour le régime incarné par Faure Gnassingbé veut dire jeter des bases d´une vraie démocratie en ouvrant la voie à une alternance sincère au sommet de l´état.

Un régime de dictature comme le pouvoir de Lomé qui est synonyme de crimes, d´injustices de toutes sortes, de pillage organisé des ressources du pays et de violations massives des droits de l´homme ferait-il ce plaisir à l´opposition en signant des textes de loi qui équivaudraient à son arrêt de mort?

Le régime RPT/UNIR est bel et bien le drame togolais. Un drame voulu par lui et qui lui profite. Et c´est justement parce qu´ils n´entendent pas quitter le pouvoir de sitôt qu´ils ne veulent pas que la démocratie et l´état de droit soient une réalité. C´est parce que la réconciliation entre Togolais et la construction d´une nation constituent les derniers de leurs soucis que la pratique du tribalisme et du népotisme dans la fonction publique est devenue banale. C´est parce que Faure Gnassingbé parle dans ses discours de réconciliation, d´état de droit et de démocratie, mais continue à faire l´apologie de l´impunité en protégeant et en s´entourant de bourreaux et de voleurs du peuple qu´il est un président menteur, donc de mauvaise foi.
Pendant que d´autres pays créent des infrastructures et des entreprises pour donner du travail à leur jeunesse, notre inconscient de chef d´état fait construire des monuments inutiles à la gloire se son sanguinaire de père qui est la principale cause du calvaire que vivent les Togolais aujourd´hui. Non, Éyadéma Gnassingbé, après tant de crimes commis, après tant de terreur, après avoir été incapable de former une nation, après avoir volontairement divisé les Togolais, après avoir fait la promotion de l´injustice, ne mérite pas qu´on érige une statue à sa mémoire.

Et si Faure Gnassingbé ne l´a pas compris en choisissant le retour dans le passé qui est synonyme de rancoeur pour les Togolais pendant que d´autres orientent leurs pays vers l´avenir, vers le développement, alors notre "prince-héritier" ne sait pas pourquoi il est à la tête du Togo.
Un chef d´état comme Faure Gnassingbé et le régime qu´il incarne ont à plusieurs reprises montré leur mauvaise foi en jouant à la diversion et à la fuite en avant. Les vols successifs aux élections présidentielles et surtout celui d´Avril 2015, opéré au vu et au su du monde entier montrent à suffisance que ce pouvoir n´a pas de bonnes intentions pour le Togo et n´entend pas dégager le plancher quoi qu´il puisse en coûter.

Tout proche de nous il y a des exemples qui montrent qu´une dictature dont les moyens de nuisance sont encore intacts ne prend pas fin par des négociations, par des dialogues; il serait naïf que l´opposition attende d´un tel régime qui a commis tant de crimes qu´il prenne des mesures pour mettre fin à son règne.

En dehors de l´amour de Mathieu Kérékou pour son peuple, amour qui l´a guidé sur le chemin de la sagesse pour accepter les décisions de la conférence nationale et permettre l´avènement de l´alternance politique au Benin, des exemples sont légion où seule la force ou le soulèvement populaire a eu raison des régimes de tyrannie.

Notre voisin à l´ouest le Ghana ne serait pas aujourd´hui cette vitrine de la démocratie en Afrique sans le courage et l´intelligence de certains officiers de l´armée avec à leur tête un certain J.J.Rawlings pour mettre fin à la pagaille politique qui avait cours dans ce pays au début des années ´80. Nous pouvons reprocher à Rawlings ce que nous voulons pour la méthode, mais aujourd´hui, avec le recul du temps, nous savons tous que sans le nettoyage des écuries, la tumeur qui faisait reculer le Ghana n´aurait pas été totalement extirpée.

Au Mali en 1991 quand Moussa Traoré refusait d´écouter son peuple et fit massacrer des manifestants, c´était un officier de l´armée malienne en la personne de Amadou Toumani Touré qui avait dirigé un coup d´état pour mettre le dictateur hors d´état de nuire et placer le Mali sur le chemin de la démocratie. Sans ce putsch d´A.T.T Moussa Traoré ou son fils serait peut-être encore au pouvoir. Je ne peux pas évoquer le Mali sans parler de cette guerre insensée imposée à nos frères du Sahel par les fous d´Allah.
Le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, c´est le nom de la junte militaire dirigée par le général Salou Djibo qui renversa Mamadou Tandja le 18 Février 2010.

Le vieux dictateur avait fait modifier la Constitution nigérienne afin de pouvoir rester au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel. Si le passage en force de Tandja à la tête du Niger avait réussi sans que personne ne bronchât, personne ne sait ce que ce pays serait aujourd´hui.
En 2014 Blaise Compaoré veut modifier l´article 37 de la loi fondamentale du Burkina pour faire sauter la limite du nombre de mandats présidentiels afin de se représenter en 2015. La société civile et des partis de l´opposition ne l´entendent pas de cette oreille et appellent à manifester; des émeutes éclatent et le 30 Octobre 2014 le „beau Blaise“, lâché par beaucoup d´officers de l´armée et de la gendarmerie, perd le contrôle de la situation et prend la fuite.

Et depuis le Burkina-Faso a connu l´alternance politique à l´issue d´élections exemplaires où le perdant avait reconnu sa défaite.
S´il n´y avait pas eu le courage du peuple et la complicité de l´armée qui avait laisser faire, une alternance sincère au sommet de l´État avec Compaoré au pouvoir serait un leurre.

Tous ces exemples où le dictateur avait dû quitter le pouvoir par la force doivent servir de leçons aux rêveurs togolais qui croient que prier dans les mosquées et dans les églises, organiser des marches qui se terminent à la plage, continuer à aller à des dialogues bidons, sièger dans un parlement de figurants inutilement budgétivore et continuer à participer à des élections dont les conditions de transparence sont pourtant dénoncées par la même opposition ne fera pas partir le dictateur Faure Gnassingbé.

Pourquoi ferait-il des réformes constitutionnelles et institutionnelles qui signifieraient la fin de son pouvoir qu´il sait illégitime?

Pourquoi scierait-il la branche sur laquelle il est assis pour tomber, alors que rien ne l´y oblige?

Faure Gnassingbé sait plus que tout le monde qu´il est arrivé au pouvoir dans le sang et que des comptes pour ses différents crimes qu´il a commis ou qu´on a commis pour son compte lui seront demandés dès qu´il quitte le pouvoir. Pourquoi acceptera-t-il alors de contribuer à nouer la corde avec laquelle il sera pendu?

Il y a trop de crimes et trop d´injustices de toutes sortes pendant les années, voire les décennies de dictature, comme c´est le cas au Togo, pour que les tenants de cet ordre liberticide lâchent facilement le morceau pour devoir un jour rendre compte.

C´est ce qui explique la mauvaise foi et la pratique de la diversion par le pouvoir togolais.

Des dialogues bidons, des commissions fantaisistes avec des dénominations pompeuses comme la CVJR (Commission Vérité Justice Réconciliation)ou le Haut commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), Faure Gnassingbé en fera toujours créer pour amuser la galerie, pour gagner du temps. Des intellectuels véreux, peu soucieux des souffrances du peuple, peu courageux, comme Nana Awa, Gnassingbé II en trouvera toujours pour diriger ses commissions ou hauts commissariats pour faire inutilement dépenser des millions de FCFA.

Dans une telle situation de blocage voulue par le pouvoir et dans un pays comme le Togo où la violation des droits humains, le vol et le pillage des richesses continuent de plus belle par la seule et même minorité, des Togolais qui voudraient aller vite ne risquent-ils pas de recourir à la violence pour tenter de mettre fin au drame à leur manière?

Aucun togolais aimant ses concitoyens, aucun être humain normal ne peut faire l´apologie de la violence comme moyen de lutte politique. Mais l´utilisation de la violence ne risque-t-elle pas d´être l´ultime recours quand toutes les initiatives, pour ramener ceux qui sont au pouvoir à la raison, ont échoué?

À ce sujet Jean-Paul Sartre écrivait déjà en 1947 ces lignes qui disent tout:
"Je reconnais que la violence sous quelque forme qu´elle se manifeste est un échec. Mais c´est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence; et s´il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai aussi que c´est l´unique moyen de la faire cesser."

Ceci dit, je ne suis pas partisan de la violence politique, ni moins encore de la lutte armée. Mais aujourd´hui il est clair que c´est Faure Gnassingbé qui est le principal responsable du blocage, et il est de notre devoir, en tant que citoyens indignés, de tirer la sonnette d´alarme pour mettre en garde sur les éventuelles conséquences désastreuses pour le Togo d´une telle attitude irresponsable de celui qui se dit chef d´état.

Surtout que ce régime n´a plus grand´chose à craindre de ceux qui se disent de l´opposition, qui semblent se complaire dans leur statut d´opposants et que certains parmi eux, vu leur attitude, considèrent comme une fin en soi. Sinon on ne peut pas comprendre que des "opposants" acceptent de saborder leurs idées, leurs revendications en siégeant dans un parlement où ils ne peuvent absolument rien changer, un parlement qui n´est autre qu´une caisse de résonnance du régime qu´ils prétendent combattre. Je mets au défi quiconque de me citer les retombées positives sur le quotidien de nos populations de cette présence de l´opposition dans une assemblée nationale majoritairement acquise à ce régime-ennemi du peuple.

Comment une opposition peut-elle être encore crédible dans ses revendications en collaborant avec un régime et en lui conférant la légitimité qu´il n´a pas?

Au lendemain de chaque hold-up électoral nous avons à plusieurs reprises entendu de la part des leaders de l´opposition que ce ne sont pas les élections qui amèneront l´alternance au Togo. Mais pourtant à la veille de chaque élection, surtout présidentielle, ce sont les mêmes qui se bousculent pour espèrer devenir Président de la République, en sachant que les conditions ne sont pas réunies pour une élection honnête.

Tous ceux qui se font encore des illusions que le drame togolais sera résolu par des moyens démocratiques se trompent et n´ont encore rien compris à la situation de notre pays.

Ce qu´il reste de l´opposition sincère au Togo doit essayer de quitter les sentiers battus pour se retrouver autour d´un idéal qui permettrait une remobilisation des populations afin d´exercer une pression encore plus gande sur ce pouvoir qui n´est pas là pour le bien du Togo. Comme dirait Kofi Yamgnane, "la peur doit changer de camp".

Et c´est pourquoi je reviens presque dans chacun de mes articles sur la pertinence et le caractère actuel du slogan de Tchèkpo du Prof. Gnininvi: "Démocratie d´abord, multipartisme après". À quoi ça sert de vouloir l´alternance politique dans nos discours, alors que dans la pratique nous cultivons la division en nous repliant sur nos partis politiques dont la plupart ne sont que coquilles vides?

Si ailleurs en Afrique l´armée a fait parler d´elle en sortant pour terminer le travail commencé par les civils et mettre fin à la folie d´un tyran, les Togolais auront le malheur d´être pris en otage par un dictateur qui crée son armée en y mettant une dose régionaliste, tribaliste, clanique, pour ne pas dire familiale. Les populations togolaises aux mains nues ont donc à faire à un pouvoir jusqu´au-boutiste soutenu par une telle milice tribaliste aux allures génocidaires, armée jusqu´aux dents.

Cependant nous ne perdons pas espoir qu´au sein de cette armée aux contours peu classiques il y ait des Togolais dignes, quelle que soit leur éthnie, qui attendent le moment propice pour redonner son honorabilité à la nation togolaise. Car, quelle que soit la férocité ou le parti pris d´une armée pour un régime de dictature, le temps viendra tôt ou tard, où, malgré les armements sophistiqués, tout s´écroule en quelques heures comme un château de sable. L´histoire contemporaine, que ce soit en Afrique ou ailleurs, n´est-elle pas jalonnée de tels exemples?

Samari Tchadjobo