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Un peuple 'à la générosité illimitée' qui mérite bien ses dirigeants

Togo - Politique
“A tout peuple conquis, il faut une révolte.” Dixit Napoléon Bonaparte. C’est à croire qu’au Togo, corruption, scandale et malversations économiques, détériorations des conditions de sécurité sociale, morts fortuites des concitoyens sur les lieux de travail… n’ont aucun effet sur le cœur de ce peuple mourant. Et pourtant, c’est au Togo qu’on dénombre plus d’organisations de défense des droits de l'Homme, des syndicats et de partis politiques qui disent se battre pour le peuple.
A quoi servent ces centaines d’organisation de défense des droits humains, de la société civile et partis politiques s'ils sont incapables de mobiliser les populations dans la revendication de leurs droits les plus élémentaires ?

Le Premier ministre et les hauts dignitaires du pays sont embarqués dans des scandales de l'évasion fiscale, en complicité avec des Indiens qui font évaporer les capitaux.

« Au Togo, ceux qui sont censés lutter contre l’évasion fiscale sont plutôt de mèche avec les artisans du phénomène. Dans la liste des actionnaires de Wacem par exemple, on retrouve plusieurs officiels dont l’actuel Premier ministre, Selom Komi Klassou. Leurs fonctions les placent normalement au cœur de la lutte pour la transparence dans les industries extractives », ont écrit nos confrères de Lemonde.fr, citant le journal L'Alternative.

Voilà qui explique les enquêtes ouvertes et jamais fermées sur le drame de Wacem ayant entraîné la mort de 5 togolais.

De tout ce tohu-bohu, la population est calme et sereine. Tout le monde vaque tranquillement à ses occupations comme si de rien n’était. Quelques rares répondent aux appels à manifester qui, malheureusement, s’inscrivent seulement dans la lutte pour la conquête du pouvoir. Le fauteuil présidentiel, c’est le seul sujet qui peut secouer quelques citoyens.

Pour le reste, rien à faire. Bien que chacun se morfonde dans son coin, on s’en contente. Les esprits biens avertis diront que le peuple a peur de l’armée qui sera mobilisée pour réprimer. Et on préfère mourir inutilement en détail que de mourir légitimement et dignement en réclamant ce qui nous est dû.

Voilà qui réjouit Faure Gnassingbé et son régime qui refusent tacitement de déclarer leurs biens, préférant en découdre avec le sort économique et social d’un peuple à la générosité illimitée.

Dirigeants cupides sans scrupule, pour qui les mots justice et démission sont sans valeur, et un peuple tout patient et fier du sort à lui infligé. Un mariage parfait pour la gloire et la longévité d’un système pervers, anti-démocratique.

Dans Euphorisme, Julien Torma écrivait à ce propos : “Il n'y a que deux attitudes : se résigner ou se révolter. Toutes deux exigent la même liberté et la même lucidité. Malheureusement, nos révoltés sont encore et toujours beaucoup trop résignés, et nos résignés beaucoup trop révoltés.”

Ici, c'est à croire que le Togolais ne connais pas de ras-le-bol. "L'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte, ne mérite pas que l'on s'apitoie sur son sort...", avait affirmé Thomas Isidore Sankara.

A.L