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La classe politique togolaise à l'école des réformes

Togo - Opinions
Depuis quelques temps, l’opposition n’a plus de discours autre que les réformes, cette revendication entre temps mise en berne suite aux élections d’avril 2015.

Aujourd’hui, cette antienne qu’on a que trop entendue dans notre pays, est ainsi ressuscitée et répétée à longueur de journée par des hommes et des femmes qui, malheureusement, en ont une vision très étroite.
C’est quoi la réforme, qu’est-ce qu’on veut réformer et dans quel but, quel est l’avis de la population sur cette notion, qu’attend-elle de ces réformes ?
Autant d’interrogations aux allures banales mais indispensables pour ne pas passer à côté des objectifs globaux de développement de notre Nation.
Les réponses à ces questions sont donc essentielles et constituent un préalable avant de lancer la machine, si l’on ne veut pas enregistrer un nouvel échec comme ce fut le cas par le passé.

Mais jusqu’à présent on note que la classe politique qui s’est appropriée la question, va de précipitation en précipitation et semble avoir une notion très réductrice de ce sujet pourtant très sensible des réformes.
En effet, la réponse des politiciens qui revendiquent ces réformes se résume à la limitation des mandats. « Dix ans au pouvoir, ça suffit. Faure n’a qu’à réformer la constitution et qu’il quitte le pouvoir », entend-on souvent les opposants ressasser sur les radios privées de Lomé et de l’intérieur du pays.

A comprendre que les réformes chez ces politiciens, c’est tout ce qui peut leur permettre d’arriver vite au pouvoir.
Par le matraquage médiatique, ils sont donc parvenus à injecter dans la conscience populaire que les réformes à faire dans ce pays sont des réformes politiques liées presque exclusivement à la limitation du nombre de mandats présidentiels.

Depuis donc plus de cinq ans, ils en ont fait leur cheval de bataille et leur combat s’est limité presque exclusivement à la recherche de la limitation de mandats. Ce qui, selon leur calcul, leur garantirait à coup sûr l’accession au pouvoir. Un manque de vision politique ! De la naïveté à l’état brut !
La vie d’une Nation ne se résume pas seulement aux questions liées aux réformes constitutionnelles et institutionnelles quoi que celles-ci soient nécessaires pour adapter les textes et lois aux réalités temporelles. Mais cette question ne doit en aucun cas occulter d’autres sujets essentiels qui portent sur le devenir de la Nation. La vie d’un pays ne se limite pas aux questions électorales. Les élections marquent certes les moments forts de la vie d’un Etat mais ces moments passés, la République poursuit son cours et les citoyens n’aspirent dès lors qu’à tout ce qui peut améliorer leurs conditions et soulager leur quotidien.

Sur la terre de nos aïeux, la donne semble être autre. Aucune journée ne passe sans qu’aucun leader politique ne monte au créneau pour vous parler politique avec son cortège d’élections et de réformes comme s’il n’y avait dans ce pays que ça à faire.

Tout se passe comme si les togolais n’avaient que ça comme soucis, comme si ces réformes-là traceraient nos routes, mettraient en valeur nos terres et règleraient nos factures d’eau et d’électricité à la fin du mois.
Les réformes sont certes une nécessité dans tous les pays, on ne cesserait jamais de le dire. Et dans notre cas, nous avons vu des réformes se faire sur le plan économique et nous en attendons davantage, nous avons vu des réformes se faire dans le domaine scolaire et autres mais on attend toujours d’autres réformes surtout au niveau de la justice et du foncier.
C’est là des chantiers où les réformes doivent s’opérer le plus vite car chaque jour, ce sont des vies des togolais et togolaises qui sont en danger. Chaque fois, ce sont des conflits sanglants entre populations à cause de la terre. Au tribunal, ces litiges fonciers accablent les magistrats qui en profitent pour semer encore du bordel dans le domaine. Et c’est toujours le citoyen, le plus pauvre qui souffre.

Dans le domaine de la santé, c’est plus que des réformes qu’il faut à ce niveau. Sur le plan de l’éducation et de l’emploi, les togolais attendent également des réformes en profondeur pour adapter les formations aux besoins du marché et du terrain, trop de jeunes sortant de l’université avec des diplômes qui les condamnent au chômage de longue durée.
Bref, nous pensons que nous avons besoin au Togo d’une classe politique plus « sociale » et plus humaniste.

Notre opposition se perd trop dans des discours vaseux et contradictoires et cache mal son égoïsme à force d’enjamber les intérêts communs des togolais pour proposer au peuple des schémas qui ont pour seule clé de succès, l’alternance à travers des élections après réformes.
Il faut que l’opposition sorte de ce rêve pour commencer par s’intéresser à la politique de terrain, en s’attaquant aux sujets plus réels, qui concernent et intéressent le quotidien du togolais.

Il faut donc diversifier le discours politique : l’offre du politique togolais doit toucher les réalités sensibles. L’opposition a un grand rôle à jouer ; elle ferait œuvre utile si elle s’arrogeait systématiquement le devoir d’interpeller souvent la majorité sur des affaires qui intéressent tout l’ensemble des togolais.

Nous sommes en début de saison des cultures et aucun leader politique ne se soucie de la politique agricole du gouvernement, de la politique de gestion des intrants du pays. Et pourtant, le Togo est un pays essentiellement agricole.

Il faut vraiment cesser de faire de la politique juste pour le plaisir de la faire. Il faut faire la politique en se rappelant qu’on le fait dans le but de faire avancer le peuple.

C’est de l’ignorance que de parler seulement des réformes politiques alors qu’à côté, il y a des sujets préoccupants qui ne donnent pas de répit aux togolais.

Le Togo a besoin d’avancer et de se développer. La décentralisation dont il est souvent question est une bonne initiative. Mais avant de la lancer, il faudrait faire un travail de communication et d’éducation à l’endroit de la classe politique d’abord et ensuite à l’endroit de la population.
Des discussions sur ce sujet, il ressort que beaucoup n’ont pas la vraie information. Leurs discours sont très creux sur ce sujet alors que la décentralisation, tout comme les réformes, est une notion fondamentale pour notre Nation, un vaste chantier que ne cerne pas encore une grande majorité de la classe politique de notre pays. En témoignent les explications approximatives pour ne pas dire dévoyées, que certains responsables de l’opposition servent aux populations lors de meetings dits de sensibilisation et de mobilisation. Comment quelqu’un qui maîtrise mal les contours de la notion de réformes et de décentralisation peut-il prétendre aller sensibiliser les populations sur ces deux notions ?

Comme l’a souligné le Chef de l’Etat, il faudrait donner la parole aux universitaires, aux spécialistes de la question pour éclairer l’opinion sur l’importance des réformes dans le pays, comment procéder pour avoir de bons textes, quand le faire et pour quel objectif.

Notre pays doit sortir des sentiers battus pour proposer un véritable travail cohérent qui prenne en compte les objectifs de développement.
Oui, les réformes mais il faudrait des réformes réelles et objectives qui apportent un plus aux togolais, des réformes qui garantissent à nos générations à venir un Togo prospère et uni. Et pour le faire, il faudrait lancer un large débat qui dépasse le cadre étroit de la limitation des mandats.

Pour y parvenir, il faudrait que chaque acteur politique accepte d’aller à l’école des réformes.

La Nation togolaise a besoin des hommes et des femmes qui portent sur eux des ambitions nationales et non des ambitions personnelles.