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Route Lomé-Vogan-Anfoin : Ninsao Gnofam pris en flagrant délit de mensonge à l’Assemblée nationale

Togo - Politique
Par quelle alchimie le gouvernement finance-t-il l’équipement d’une entreprise privée ? L’exercice aura été très périlleux. Il voulait depuis des mois s’y soustraire, mais face à la pression de l’opinion et à l’ampleur du scandale, il a dû s’y conformer au point d’être pris en flagrant délit de mensonge devant l’Assemblée nationale. Le ministre des Infrastructures Ninsao Gnofam connu pour son arrogance s’est retrouvé dans ses petits souliers le jeudi dernier devant les députés qui ont souhaité en savoir plus sur l’abandon du chantier de la route Lomé-Vogan-Anfoin. Destabilisé par les journaux avant même son arrivée dans l’hémicycle, il s’est mélangé les pinceaux, répandu en mensonges et contre-vérités, confortant plus d’un de l’existence d’un détournement sans précédent de fonds destinés à la réalisation de cet axe de route objet du scandale.
« A l’issue de l’évaluation des offres, Lomé-Vogan-Anfoin, CECO groupement d’entreprise avec une entreprise sénégalaise CDE, le niveau des travaux est à 36 ,15%. Il faut d’abord dire qu’il y a eu des difficultés techniques qui sont, entre autres, la non effectivité du déplacement des réseaux des services concédés, l’eau, l’électricité, le téléphone. Donc, pour le reste, certes d’une manière générale, les travaux sont au ralenti. Monsieur le Président, Honorables députés à l’Assemblée nationale, comme je l’ai dit, le niveau actuel des travaux de cette route occupe tout autant le gouvernement que vous les représentants du peuple.

Les raisons ci-dessus ne suffisent pas évidemment à elles seules pour justifier l’arrêt quasi total des travaux. Donc c’est pourquoi le gouvernement s’attèle à trouver des solutions urgentes pour permettre la reprise dans les meilleurs délais des travaux qui devront être achevés au plus tard à la fin de cette année. Le gouvernement a pris des dispositions pour que ce chantier soit réalisé jusqu’à son terme et conformément au cahier de charges prescrit.

Le coût du projet, c’est 37 milliards, 26 milliards ont été débloqués, donc ça veut qu’il reste 11 milliards à débloquer; donc les dispositions sont prises pour permettre à l’entreprise de reprendre rapidement les travaux », a déclaré tout confus le sieur Gnofam devant les députés, avant d’ajouter un mensonge gros comme un nez au visage ceci : « Des 26 milliards débloqués, l’entreprise a utilisé une partie des fonds pour s’équiper ». Incroyable qu’un ministre de la République puisse bâtir sa ligne de défense sur un tel mensonge.

L’Etat est-il finalement devenu le pourvoyeur de fonds pour l’équipement d’une entreprise privée ? Avant d’octroyer un marché à une entreprise, l’équipement, les moyens financiers disponibles, les chantiers déjà réalisés sont, entre autres, les critères requis. Quel est alors le dossier technique présenté par CECO BTP qui lui a permis d’obtenir le bitumage de la route Lomé-Vogan-Anfoin ? Il est de notoriété publique que CECO BTP est l’une des entreprises les plus suréquipées du Togo. Un tour des différents parcs à Lomé, Togblékopé, Sotouboua suffit pour s’en convaincre. Pire, selon un économiste, « le sieur Ninsao Gnofam est un banquier de profession. Il sait mieux que quiconque que les avances sur les marchés sont payées contre une caution bancaire d’avance de démarrage encore appelée caution de restitution. Les décomptes suivants sont payés en fonction de l’état d’avancement des travaux.

Si l’entreprise encaisse les avances et ne peut plus exécuter les travaux, on bloque la caution et la banque paye. On ne peut pas payer si elle ne justifie pas les travaux réalisés. Si l’entreprise a utilisé les avances pour s’équiper, elle ne peut pas justifier les décomptes et ne peut encaisser jusqu’à 26 milliards sur les 37, surtout que de l’avis du ministre, le taux de réalisation des travaux tourne autour de 36% ». La réalité est que le taux de réalisation des travaux ne tourne qu’autour de 15 %, selon des proches du chantier, et même tout est à reprendre au vu des dégâts causés par des pluies suite à l’abandon du chantier. Cette sortie scandaleuse du ministre Ninsao Gnofam à l’Assemblée nationale, loin de convaincre l’opinion, ne fait que relancer le débat sur la destination des 26 milliards débloqués. Il est aujourd’hui évident qu’il en sait plus sur la destination de ces fonds, même si dans ses manœuvres de diversion, il tente de filer la patate chaude au Directeur Général de CECO BTP qui, lui aussi, doit rompre le silence parce qu’il est inadmissible que l’Etat qui dispose des services de Travaux Publics ( TP) débloque des milliards qui servent à équiper une entreprise privée.

Cette affaire doit être tirée au clair quoi qu’il arrive, surtout que le ministre s’est permis de déclarer qu’il ne pouvait pas sanctionner l’entreprise. Les détournements au Togo ont atteint un pic jamais vu et leurs auteurs sont assurés d’une impunité totale que leur accorde le Prince dont la complaisance découle d’une complicité avérée avec les filous de la République. Pendant que la route Lomé-Vogan-Anfoin est à l’abandon, le sieur Ninsao Gnofam a trouvé des moyens pour équiper son parc automobile au point d’acheter une parcelle de terrain pour garer juste ses voitures. Tous les Togolais doivent cette fois-ci se mobiliser pour exiger la vérité dans ce énième scandale ainsi que la poursuite des auteurs devant les tribunaux.

Mensah K. (L’ALTERNATIVE)