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Santé / Fistule Obstétricale : « Faire disparaitre cette affection en l’espace d’une génération »

Togo - Sante
Affection très handicapante, la fistule obstétricale touche presque exclusivement les femmes et les filles les plus vulnérables. Elle résulte d’une perforation de la paroi vaginale qui communique alors avec la vessie ou le rectum à la suite d’un travail d’accouchement long et difficile. La fistule se manifeste par une perte d’urine et parfois de matière fécale, par le vagin engendrant une souffrance physique, morale, psychologique et sociale.
Il s’agit d’une maladie qui frappe près de deux millions de femmes dans les pays en développement et quelques 50 000 à 100 000 nouveaux cas apparaissent chaque année. Selon l’OMS, la prévalence de la fistule obstétricale en Afrique de l’Ouest est de 3 à 4 pour 1000 accouchements. Au Togo, la prévalence de cette maladie est estimée à 0,03%, selon la 4ème enquête MICS réalisée en 2010.

Selon le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), Dr. Babatunde Osotimehin, la fistule obstétricale frappe les femmes qui n’ont pas accès aux soins de santé maternelle de haute qualité, délivrés en temps utile et capables de sauver leur vie, dont elles ont si désespérément besoin. « La pauvreté, la malnutrition, les services de santé déficients, les mariages et grossesses précoces et la discrimination basée sur le genre sont les causes multiples à la base de la fistule obstétricale», a-t-il déclaré le 23 Mai 2016 à l’occasion de la journée internationale de l’élimination de la fistule obstétricale.

En ce qui concerne, les effets de cette affection, il faut noter qu’elle engendre une souffrance physique, morale, psychologique et sociale. Sans soins, des complications (infections, insuffisance rénale) peuvent survenir. Les femmes peuvent également souffrir d’une paralysie partielle des membres inférieurs en raison de l’atteinte compressive des nerfs moteurs des membres inférieurs.

Dans bien de cas, la malade est souvent abandonnée par son mari et sa propre famille, voire bannie de sa communauté. « C’est très difficile de vivre avec cette maladie. Victime de la fistule, il y a de cela quelques années, j’ai subi toute sorte d’humiliation», a déclaré la dame Ayélé, actuellement guérit.

Le Togo en guerre contre la maladie
Le Togo à l’instar d’autres pays œuvre pour l’élimination de la fistule obstétricale. La lutte contre cette maladie, a permis l’élaboration de la loi sur la santé de la reproduction votée en 2007 et la mise en place du réseau Coalition pour la Santé Maternelle et la Lutte contre les Fistules Obstétricales (COSMALFO), qui dispose d’un plan d’action.

L’UNFPA Togo a appuyé l’élaboration du plan stratégique de lutte qui court de 2013 à 2017 dont l’objectif principal est de réduire de 50% la prévalence et les conséquences de la fistule entre 2013 et 2017. « Notre lutte porte sur les trois axes retenus par le plan stratégique de lutte contre les fistules obstétricales à savoir la prévention, le traitement et la réinsertion socio-économique pour ces femmes qui ont trop souffert d’oppression. Lutter contre la fistule obstétricale à travers ces actions contribue à préserver la santé et le potentiel productif de la femme », avait affirmé Dr Atcha Oubou.
Au Togo, plusieurs campagnes ont été menées et favorisé l’intervention chirurgicale de patientes. La dernière en date est celle organisée par le ministère de la santé, l’année dernière avec l’appui des partenaires techniques et financiers. L’objectif était d’opérer une centaine de femmes victimes. Cette campagne, débutée le 1er juin 2015 au CHR Sokodé s’était achevée le 31 décembre 2015.

Au demeurant, les mesures prises doivent être renforcées tant au Togo que partout ailleurs dans le monde pour éliminer totalement la maladie, au regard de ses effets dévastateurs.

C’est à juste titre que le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à l’occasion de la Journée internationale 2016 pour l’élimination de la fistule obstétricale, a appelé « à faire disparaître cette affection en l’espace d’une génération ». « En associant l’élan créé par les objectifs de développement durable à une ferme volonté politique, à un redoublement des investissements et des initiatives et à l’action de défenseurs ardents et résolus, nous parviendrons à atteindre cet objectif historique et transformateur », a dit M. Ban dans son message.

Quand l’UNFPA fait de la lutte contre les fistules une priorité
Pour l’institution onusienne, éliminer les fistules demeure l’une des plus hautes priorités. « Nous ne pouvons abandonner avant que chaque femme et chaque fille obtienne les soins préventifs qui lui sont nécessaires. Nous ne pouvons abandonner avant que chaque femme et chaque fille atteinte d’une fistule ait reçu un traitement. Nous ne pouvons abandonner avant que chaque rescapée de la fistule bénéficie de la réinsertion sociale et des services d’appui qui lui sont nécessaires pour rebâtir sa vie, reconquérir sa dignité, restaurer ses espoirs et ses rêves pour l’avenir » a déclaré Dr. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).

Selon Koffi Vidzrakou de l’UNFPA Togo, « l’aide de tous sera d’un appoint certain pour parachever l’œuvre. Il en appelle donc à un partenariat international autour des trois piliers de la lutte que sont la prévention, la réparation mais aussi la réinsertion économique des femmes guéries de fistule.

Par ailleurs, pour une génération sans fistule, il est unanimement admis qu’il faut promouvoir la lutte contre les grossesses précoces, encourager la fréquentation des structures de santé pendant la grossesse et l’accouchement, assurer l’utilisation de services de planification familiale et la gestion efficace des urgences obstétricales.
Hélène Doubidji