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ENA/Le partage d’un «butin» pourrit l’ambiance : Le DG et le personnel à couteaux tirés

Togo - Societe
La tension monte à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Lomé. En cause, la gestion opaque de Dzifa Kokou Adjeoda, Directeur général de cette école.Trop c’est trop, le personnel en a marre. Tout est parti d’une gestion financière et administrative de deux projets. Il s’agit du projet de formation des agents de l’Office togolais des recettes (Otr) à l’ENA pour une durée de 12 mois et celui de formation des agents de la statistique également pour une durée de 12 mois. En effet, l’Otr a envoyé 63 de ses agents à former parmi lesquelles des douaniers et des inspecteurs d’impôt (63 agents des impôts et 30 pour la douane)et a versé à l’école 56 millions F CFA à raison de 900 000 F CFA par agent comme frais de scolarité (frais de soutenance, heures des professeurs, encadrement, correction, non compris).
Le coût du projet statistique est évalué à 20 millions de F CFA pour un effectif de 49 agents. Soutenu dans ses magouilles par Nayondjoa Konlani, Directeur du Cycle III qui se trouve être à la tête du Centre de formation administrative et continue (Cfac), l’ex-ministre de la Fonction publique se taille la part du lion dans la « répartition du butin ».Ce qui fâche, c’est que sur un effectif d’une quarantaine d’employés seule une minorité acquise à sa cause a magnanimement profité de l’aubaine.

Sur le projet de l’Otr, au titre d’allocations des indemnités et primes, le DG lui-même gagne par trimestre 4 millions en plus d’une prime d’encadrement de 70. 000 par mois. Le Directeur du CFAC, Nayondjoa Konlani, son bras droit, empoche 3 millions. Le Secrétaire Général de l’ENA, celui du CFAC et un agent comptable faisant partie de la clique du DG, touchent respectivement 1.020 000, 550 000 et 1.800 000 FCFA. Cinq (05) autres personnes qui ferment la liste doivent se contenter chacune d’une bagatelle de 200.000. Sur le projet Statistique, la prime du DG est de 400 000 par mois et celle du Directeur du CFAC est de 360 000. Et il fait émarger au même moment pour une somme de 30.000 F le Directeur du Cycle 2 et le Directeur de la Bibliothèque. L’ensemble du personnel d’appui est écarté du dividende des deux projets.

« Il y a plusieurs choses qui se passent à l’ENA. Depuis un certain temps, nous avons eu certains projets concernant l’OTR et puis les statisticiens. Le projet arrivé, voilà que M. Nayondjoa Konlani et le DG de l’ENA, M. Djifa Kokou Adjéoda, ont accaparé le projet qui est destiné à former les statisticiens et les agents de l’OTR. Le DG et M. Konlani ont pris l’argent comme si c’est pour eux-mêmes et choisir certaines personnes, au moins les 1/3 du personnel, leur font des primes comme ils veulent. Le reste du personnel est oublié », a confié à L’Alternative, Ganiou Atcha, le porte-parole du personnel.

Plusieurs sources proches du personnel ont indiqué que le Directeur de l’ENA n’a pas voulu communiquer autour de ce projet et que c’est par leurs propres investigations qu’ils sont entrés en possession d’un certain nombre d’informations relatives à la gestion financière et administrative de ces deux projets. «C’est après qu’on a appris que l’argent est arrivé et qu’on a versé 70% de la somme. Nous avons réclamé notre part, le DG dit de laisser et qu’il va gérer l’affaire et qu’il y a un reliquat qu’il va nous distribuer. La base a dit non, qu’on ne peut pas espérer et a voulu savoir à combien s’élève le reliquat ; il refuse de nous donner le montant. Frustrés par l’attitude du DG, entre-temps, on voulait carrément bloquer la porte de l’ENA, mais le Directeur de la Bibliothèque et celui du Cycle 2 nous en ont dissuadés», a précisé Ganiou Atcha.

Interrogé, Directeur de la Bibliothèque, Yao Ebeh a voulu se confier à nous. « Pour des projets comme ça c’est un groupuscule qui prend et qui bouffe alors que nous sommes appelés à faire le même travail. Ce n’est pas 1, 2 et 3 personnes qui forment à l’ENA. C’est l’ensemble, y compris les professeurs, le personnel administratif. Le DG a toujours géré de manière opaque l’ENA comme si c’est sa propriété privée. Il a dénommé la formation de ces agents de l’OTR comme projet alors que la mission principale de l’ENA, c’est de former ; et la formation, c’est notre job. A un moment donné, nous avons acquis l’expertise dans la formation, ce qui amène à former les cadres de la sous-région, les cadres de notre administration et nous sommes ouverts à toute administration qui nous sollicite, privée comme publique, pour former ses agents. C’est dans ce cadre que l’OTR a sollicité l’ENA pour la formation de ses cadres en impôts, en fiscalité et en douane et l’OTR a payé tous les frais qui rentrent dans le cadre de cette formation. Alors le DG a pris sur lui de gérer ces fonds comme il veut et n’a même pas informé le ministère de la Fonction publique qui se trouve être le ministère de tutelle qui gère les affaires quotidiennes de l’ENA. Lorsque le personnel d’appui se soulevait, on lui a posé la question de savoir si le ministère est au courant, il a dit oui. Alors que quand nous avons mené les enquêtes, nous avons fini par comprendre que le ministère n’est même pas informé de ce qu’il est en train de faire. Sur quelle base il a trié les répartitions? Personne ne le sait jusqu’à ce que les investigations nous aient prouvé ce qui s’est passé. Tout le personnel d’appui, y compris le personnel d’encadrement est allé le voir pour en savoir davantage; mais il n’a pas voulu vraiment éclairer les choses et l’affaire est allée jusqu’au niveau du Directeur de cabinet. Ce dernier a voulu aller à l’apaisement et a demandé qu’une diligence soit faite pour qu’il revoie la clé de répartition. Mais il s’obstine toujours, il ne veut rien comprendre. Il est réticent. Une requête a été introduite au ministre pour que ce dernier puisse vraiment aider à trouver des solutions idoines dans ce sens afin que l’ENA qui doit montrer l’exemple, qui forme les élites de notre l’administration et de certains pays de la sous-région ne montre pas une mauvaise face aux yeux du monde », a-t-il pesté.

Actuellement, les esprits sont surchauffés et la tension est vive à l’ENA. Hier, une rencontre a eu lieu avec le ministre de la Fonction publique pour trouver des solutions idoines à la crise qui risque de gagner le corps enseignant et porter atteinte à la formation. Faut-il le rappeler, l’ENA a un budget autonome. C’est une institution, un établissement public à budget autonome qu’elle gère comme elle l’entend. Il n’y a pas longtemps, nous avons eu écho de ces trois personnes qui font l’affaire dans cette école. Le Directeur depuis longtemps, a refusé de rendre compte de la gestion des activités génératrices de revenus de l’ENA. « Nous générons beaucoup d’activités. Nous formons beaucoup de cadres de la sous-région. Les frais de scolarité varient selon les cycles. Pour le cycle 3, ils paient 640 mille frs, pour le Cycle 2 (540 mille frs). Il y a beaucoup de choses que nous faisons au niveau de la bibliothèque. Les cartes de lecteurs sont payables, les logements génèrent de l’argent. Où va tout cet argent pour assurer le fonctionnement de l’ENA ? Comment ça se passe ?», s’est interrogé M. Ebeh.

La gestion du Directeur général Kokou Dzifa Adjoda, à la tête de cette institution depuis 2008, poste qu’il cumulait lorsqu’il était nommé ministre, est décriée par le personnel. La qualité de la formation évolue au rabais avec un niveau faible des élèves. Le recrutement fantaisiste des élèves d’autres nationalités, l’organisation des examens, la tricherie indignent plus d’un. Mal payés, les professeurs se laissent corrompre par les élèves pour donner des notes fantaisistes. « Les professeurs sont à 3125 par heure à l’ENA qui forme l’élite de l’administration. Cela date de depuis 1979 alors que dans les instituts d’enseignement, on est à 5000 et 6000 voire 9000 frs aujourd’hui) Le DG sait tout, mais il ne se gêne pas à trouver une solution à ces problèmes. Pourtant, l’ENA a les moyens », s’est plaint une source.

PCK (L’ALTERNATIVE)